
Italie. Comme le cochon, il aime à fe vautrer
dans la fange ; il recherche les lieux humides & marécageux,
& il ne quitte guère le bord des rivières.
On trouve des rhinocéros en Afie & en Afrique,
mais dans chacune de ces parties, du monde
l'epèce eft différente; faute d’ un nombre de détails
fuffilans, nous fommes encore obligés de les
réunir ici toutes les deux, fous le rapport anatomique,
comme nous l’avons fait pour {’éléphant.
Il paroît même qu’à ces deux efpèces primitivement
connues, il faut joindre actuellement
le rhinocéros de Sumatra, rhinocéros fumatrenfis,
Cuvier ( : ) , & le rhi nocéros a ne[ épaté , rhinocéros
Jimus ( l) .
Le Bengale, Siam, Laos, le Mogol, Sumatra,
Java, Ceylan, l ’Abyffinie, l’Ethiopie, le pays
des Anzicos, les environs du Cap de Bonne-Efpé-
rance, font les lieux particulièrement habités par
les rhinocéros, lefquels font bien moins répandus
que les éléphans.
Le rhinocéros des Indes a été figuré par Per-
fon s ,en 1739; par Edwards (3) , en 1758; par
Wandelear, avec les planches anatomiques d’Al-
binusi peint & modelé en argile par Camper,
en 1748.1
Linnaéus, d’après l’autorité de Bontîus, parle
de la faculté du rhinocéros de tuer en léchant,
c’eft-à-dire , d’enlever la peau & la chair ju(qu’aux
o s , avec de prétendues papilles épineufes de fa
langue. La bouche de cet animal eft fi peu faite,
pourie combat, & fa langue fi peu propre à lécher,
que rien ne paroît plus ridicule que cette
affertion. ( Sparmann, Camper. )
, Ce qui a contribué à rendre obfcure l’hiftoire
de ces animaux, c'eft qu’ ils ont été rares dans tous
les temps 5 Ariftote n’en a point parlé du tour. Le
premier que vit l’Europe parut aux jeux de Pompée
, & depuis cette époque il n’y en a eu qu’un
fort petit nombre qui aient été amenés dans nos
contrées.
Le rhinocéros des Indes a deux fortes dents in-
cifives à chaque mâchoire, deux autres petites
entre les inférieures, & deux plus petites encore-
en dehors des fupérieures. Il n’a qu’une corne,
& fa peau eft remarquable par des plis profonds
qu’elle forme en arrière ôc en travers des épaules,
en avant & en travers des cuifiés.
Le rhinocéros de Sumatra a les dents difpofées
de même, mais il n’a point de plis à la peau, &
il eft armé de deux cornes.
Le rhinocéros d’Afrique a deux cornes aufti 5 il
manque de dents incifives & de plis à la peau.
Un rhinocéros femelle d’environ onze ans,
que l’on a vu à Paris, dans le courant du dernier
fiècle, & qui a fervi de modèle à la defcription
(ï) Bell., P h iio f. TranfaSl., 1792.
(2) Bulletin desjciences par la Société philomatique, 1817.
(3) Glainures, , tab. 24, i j 58.
faite par Daubenton, offj oit les principales proportions
fuivantes :
Longueur du corps entier, depuis le bout du mufeau
jufqu’ à l’anus, & en ligne droite, iop.o p.
Hauteur du train de devant.................... 5 o
Circonférence du mufeau , prife au-deffous
des y eu x ..................... ............ . .» 3 8
------de la tê te , entre les yeux & les
oreilles. ............................. ..................... 4 4
Longueur des oieilles........... .................... 1 o
Circonférence du corps à l’endroit le
plus gros.................... ... 1 0 6
Longueur de la queue.............................. 2 o
F O N C T I O N P R E M I È R E .
L o C O M O T 1 ON.
S e c t i o n p r e m i è r e .
Squelettologie.
3> Les os de la. tête en général, 6* ceux du crâne
.en particulier. On eft frappé, en examinant la tête
du rhinocéros, de la figure bizarre de fon crâne,
qui forme une pyramide quadrangulaire dont l’axe
eft oblique en arrière, & dont le fommet,. eft une
ligne tranfverfale. La face antérieure eft la plus
longue j elle continue le front en montant obliquement
en arrière : la poftérieure eft la plus courte &
exadteinent verticale , elle eft formée par l’occipital;
le s deux latérales font conftituées par les
folles temporales très-prolongées & très-rétré-
cies en haut. En fomme, la face fupérieure de
tout le crâne repréfente une forte de rhomboïde
que Ja pointe du nez achève de former. La région
inter-oculaire eft concave dans le (ans longitudinal
& plane dans le tranfverfal; celle des os du
nez eft convexe en roue fens.
D’après la figure donnée par M. William Bell
du crâne du rhinocéros de Sumatra, on voit que,
dans cette efp.èce, l’ arcade zygomatique eft horizontale
à peu près j que les os incififs font courbés
& convexes en deflus; que les os du nez décrivent
une courbe régulière, Ens tubérdfité à leur
face fupérieure : il n’y a aucune apophyle au bord
inférieur de la narine.
Dansle rhinocéros des Indes,lefommet delà pyramide
et ânienneeft beaucoup plus élevéî^ar^ade
zygomatique monte fingulièremènt en araire ; la
crête occipitale eft beaucoup plus Caillante; les os
incififs ont une direction reétiligoe, & portent
une apophÿfë au niveau du bord inférieur des narines
; les os du nez font bolfus, furrnontés d’ une
protubérance; le front eft plus concave.
Dans le rhinocéros d’Afrique, la pyramide crânienne
a un axe plus oblique en arrière que dans
les deux autres elpèces, & furtout que dans celle
des Indes, où il eft prefque vertical. Le front eft
horizontal, droit, & fans comparaifon plus alon- j
gé; farcade zygomatique eft prefque horizontale j !
les os inter-maxillaires font très-petits : il. n’y a ;
point d’apophyfe au bord inférieur des narines.
Dans un rhinocéros d’Afie, dont le fquelette j
eft confervé dans les galeries d’anatomie corn- .
parée du Muféum d’hiftoire naturelle de Paris, j
les dimenfions de la tête font les fuivantes, en
mètres, d’après M. Cuvier : ' { j
Longueur de la tête depuis le bord du trou occi- ;
pitai jufqu’au bord des os incififs., . . . . 0,6.
Diftance entre la partie la plus l'aillante
des apophyfes zygomatiques.. . . . . . . 0,43.
Hauteur de l’occiput à compter du bord
inférieur de l’occipital.......................... 0,26.
Largeur entre les apophyfes placées
derrière les trous des o r e i lle s ...... . 0,31.
----- les apophyfes orbitaires.. . . . . . . . . 0,23.
Profondeur de l’échancrure nafale.. . . . . o, iy.
Sa h au teu r ....1. ......... ................. ...............o 09f.
Dans le rhinocéros , les futures fronto-pariétale
& lambdoïde font parfaitement tranfverfales; la
future temporo-pariétale eft parallèle à la direction
de la face antérieure de la pyramide.
La moitié poftérieure de l’arcade zygomatique
appartient au temporal; t«uit le refte, à l’os jugal.
La forme de cette arcade eft celle d’un S italique.
Son bord inférieur eft très - Taillant & connexe.
Le fupéricur eft doublement échancré, d’une part
par l’orbite, & de l ’autre par la foffe temporale.
Il n’y a point d’apophyle ni du frontal, ni du
jugal pour joindre i ’ arca le zygomatique au front
& fermer l’ orbite en arrière.
Entre les os du nez & les os incififs & la partie
des os maxillaires fupérieurs qui porte ceux-ci,
exifte une grande échancrure qui caraétérife, au
premier coup d’oeil, la tête de ces animaux. Audi
le contour de l’ouverture antérieure des narines
eft formé par trois, paires d’o s , les os propres
du nez, les os maxillaires fupérieurs , & les os inter
maxillaires, tandis qu’ à l’exception du tapir,
il n’y a que les deux premières paires qui aient cet
ufage dans les autres quadrupèdes.
L’échancrure poftérieure du palais eft très-profonde
dans le rhinocéros d’Afie 3 elle s’avance
jufque vis-à-vis la cinquième molaire.
La furure palato-maxillaire répond à l’ intervalle
des quatrième & cinquième dents molaires.
L’ os de l’oreille, quoique fort diftinâ, eft c e pendant
foudé par la bafe au pourtour du conduit
auditif de l'os temporal.
La cavité du crâne a une fort petite capacité,
en proportion de la tête & de la grandeur de l’animal.
Sur un individu bicorne que Camper a eu
à fa difpofition, elle n’avoit que huit pouces de
longueur fur fix pouces de hauteur. Dans les têtes
foffiles de rhinocéros décrites par Pallas, la capacité
du crâne étoit moindre que dans l'homme,
quoiqu’ elles fuflent plus longues de près d’un
demi-pied.
Les foffes antérieures & moyennes de la bafe
du crâne ne font point diftinguées les unes des
autres. Les poftérieures (ont plus^ profondes &
féparées des moyennes par une arête Taillante
aiguë, détaché^ des rochers & fituée en ^vant
d’eux. L’ endroit qui répond à la foffe fus-fphé-
noidale eft très-enfoncé, au lieu d’être releve
comme dans l’homme. La crête qui porte les apophyfes
clinoïdes poftérieures n’eft point fixee,
comme dans les autres animaux, à la bafe du
crâne, mais elle s’étend comme un pont, de l’une
des foffes moyennes latérales à l’autre , & au-
deffous de ce pont exifte une communication entre
la foffe fus-fphénoïdale & la foffe bafilaire de
loccipitaî. '
Les trous optiques font diftinêls ; ils fe portent
prefque directement en avant, & forment, dans
l’épaiffeur des o s , un canal de trois à quatre
pouces de longueur. .
La fente fphénoïdale , outre fes ufages ordinaires
, tient lieu du trou rond^elle forme un canal
arrondi dont l’ouverture intérieure efl fituée dans
la foffe fphénoïdale. Son ouverture'extérieure eft
recouverte par une lame ofleufe dans la folle
temporo-orbitaire.
Le trou rond e ft, d’après cela, confondu avec
la fente fphénoïdale. .
Les trous déchirés antérieur & pofterieur
font confondus en une large fente qui entoure le
rocher.
Le trou condylien antérieur eft très-grand. Il y
en a quelquefois deux du même c ô té , lefquels
fe réunifient en un feul.
Le conduit auditif interne eft petit, ovale,
placé au milieu du rocher; fon grand diamètre
eft antéro-poftérieur.
y. Le frontal. Il eft double, c ’eft-à-dire ^partagé
par une future longitudinale. Il n’a point d’arcades
orbitaires proprement dites; il eft fimpiement rétréci
& à peu près cylindrique entre les orbites ;
il s’élargit en arrière. Sa future propre s’oblitère
de bonne heure.
Il n’y a point de fin usfrontaux. ( Cuvier.)
6. Les pariétaux. Us font conftamment diftir.CIs
l’un de l’autre; ils commencent un peu en avant du
fommet de U pyramide crânienne, & finiffenc au
milieu de l'efpace qui fépare ce fommet des apophyfes
orbitaires.
7. L'occipital. Il monte obliquement d'arrière
en avant, difpofition propre au rhinocéros ; car
dans le cochon, qui a une pyramide crânienne
prefque femblable. à la fienne, il eft incliné en
arrière. Le contour de cet os eft une demi-ellipfe
qui s’élargit vers la bafe, pour produire une lame
Taillante'derrière le conduit auditif & la bafe de
l’apophyfe zygomatique.
La ligne de la bafe préfente à fon milieu les
condyles, & latéralement les apophyfes maftoïdes
pointues 3c crochues.