
rés, & confervant toujours la même ardeur. Et
cependant l’union de ces oifeauxeft très-fécondé;
d’une feule fo is , un coq peut féconder tous les
oeufs qu’ une poule pondra pendant vingt jours &
même davantage.
Chez les oifeaux chanteurs, le coït eft toujours
précédé de vives agaceries, de tendres careiîes;
il en eft de même des efpèces monogames ; mais
les polygames femblent ignorer cette délicateffe
de l’amour, & fe borner aux feules fenfations
phyfiques.
I2j4 . La ponte. Nous avons déjà dit que les
oifeaux étoient ovipares , 8c nous avons expliqué
ce que ce terme fignifioit. On donne le nom de
ponte à la fortie des oeufs du corps de la femelle, '
fortie qui a lieu pour beaucoup d’efpèces à une
époque déterminée de l’année. Quelques - unes
pondent deux & même trois fois dans un é t é ,
mais, chez elles, le nombre des oeufs eft moins
grand.
Chaque femelle ne donne ordinairement qu’ un
oe u f par jour, 8c quand elle doit en pondre peu ,
il y a communément un jour d’ intervalle.
Le nombre des oeufs d’ une ponte varie beaucoup
fuivant les efpèces d’oifeaux & dans certaines
circonftances données.
La plupart des plongeons, les manchots, le
dronte , par exemple, ne mettent bas qu’ un oeuf
à chaque faifon.
Les pigeons & les tourterelles n*en font que
deux.
Les grands oifeaux de proie n’en pondent que
trois ou quatre. Il en eft de même du hibou, de
la chouette, de l’effraie. La chevêche n’en donne
que deux.
Les linottes & beaucoup de paffereaux en don-,
nent cinq à fix. Le bec-croifé a , par an, deux
pontes*de quatre ou cinq oeufs chacune.
On en compte de douze à dix-huit dans le nid
des petites méfanges. Les gelinottes en pondent
autant dans les prairies des hautes montagnes.
Enfin, les poules, les perdrix., les cailles, le
paon, le dindon, le faifan en produifent de dix-
nuit à vingt-quatre., & l’ on a vu des poules d’Inde
en donner deux cents dans une feule année.
Mais, de tous les oifeaux, l’autruche paroît un
des plus féconds. Un paflage d’Ariftote ( j) fem-
bleroit indiquer qu’elle pond au moins vingt-cinq
oe u fs , & félon les hiftoriens modernes & les
voyageurs les plus inftruits, elle fait piulïeurs
couvées de douze ou quinze oeufs chacune.
L e nombre des oeufs eft d’ autant plus abondant
.dans une même ponte, que les oifeaux font mieux
nourris & plus tranquilles. La difette 8c les inquiétudes
diminuent, chez eu x , d’ une manière
très-marquée les puifîances 8c les effets de la génération.
Une bonne poule, avons-nous d it, à
qui l’on donne une fuffîfante quantité d’alimens,
peut, dans une feule faifon, produire cent oeufs
environ. Mais, à l’état fauvage,elle n’ en pond
qu’autant que les perdrix & les cailles, c ’elt-à-
dire, vingt-quatre au plus. Et en effet, quoique,
de tous les oifeaux, les gallinacés foient les plus
féconds, leur produit fe réduit à dix-huit bu vingt
oeufs, & leurs amours à une feule faifon lorf-
qu’ils font dans l’état de nature.
Au refte, tous les individus d’une même efpèce
pondent, pour couver, un nombre d’oeufs à peu
près déterminé. Si on les ôte à mefure qu’ ils les
dépofent, ils en mettent bas une plus grande
quantité ( i) .
Parfois, la ponte a lieu fans l’intervention du
mâle.. Elle eft follicitée par l’excès des defirs
amoureux de la femelle, defirs qui peuvent devenir
mortels s’ils ne font pas remplis, comme on
le voit fouvent chez les ferins des Canaries (2).
Non-feulement les poules, mais encore les perruches,
les merles, les licornes (3), font fujets à
pondre de ces oeufs ftériles, que les Anciens ap-
peloient ova fubventanea , hypenemia- ou \epky-
rina3 parce que c’.étoit, diloient-ils, au printemps,
lorfque le zéphyre fouffle, qu’il s’en for-
moit un plus grand nombre.
n y y . L ’incubation. Les oeufs fécondés des oifeaux
ont befoin d’éprouver une chaleur de trente-
huit degrés du thermomètre centigrade, pour que
le germe qu’ils contiennent puiffe fe développer.
C ’ eft à l’application de la chaleur néceflaire
pour opérer ce développement que l’on donne
généralement le fiom 8'incubation-.
L’incubation eft donc l’a&ion de couver des
oeufs ou de les échauffer, afin de faire éclore les
embryons qu’ ils contiennent. Elle eft , chez les
oifeaux, ce qu’eft la geftation chez les mammifères.
Lorfqu’elle eft exercée fur un oe uf qui n’a point
été fécondé antécédemment, elle le fait putréfier,
au lieu de favorifer la naiffance d’un animal.
L’ incubation eft de deux efpèces, fuivant que
la chaleur qui agit fur les oeufs érpane des parens
& furtout de la mère, ou fuivant qu’elle leur eft
fournie par l’atmofphèie ou par les corps envi-,
ronnans.
On affure que les oifeaux qui vivent dans un
climat où le fable refte conftamment élevé à une
température à peu près égale à celle que nous
venons d’indiquer, y dépofent leurs oeufs , qu’ils
ne couvent point, 8c que ceux-ci éclofent fpon-
tanément à une époque déterminée : c ’eft au
moins ce que l’on raconte de l’autruche 8c d’un
très-petit nombre d’autres efpèces des pays
chauds.
(1) Ray, Sapient. D e i , pag. 137. (2) Harvieux, Traité du ferin des Canaries , pag. l 3o. (3 ) Ariftore, D e générât., anim. — Harvey, L. c.
Mais U ) L. c, f lib, IX , çap. 2J.
Mais le plus grand nombre des oifeaux. couvent,
c’eft-à-dire, fe couchent fur leurs oeufs
pendant un temps déterminé, temps durant lequel
ils éprouvent une forte de fièvre produite
par l’amour maternel & le jeûne auquel ils fe livrent,
en forte que leur température s’élève quel
quefois jufqu’à quarante-quatre degrés.
Pendant toute la - durée de l’incubation, &
même avant de fe livrer à cet aéte, tous les oifeaux
qui couvent montrent bien toute leur ten-
dreffe pour leurs oeufs. Ils Javent alors conftruire
une demeure dans laquelle ils les mettent à l’abri,
8c qui eft parfaitement difpofée pour leur permettre
de recevoir l’influence d’une chaleur vivifiante.
Ç ’tft à cette demeure qu’on donne le nom
de nicLf ■
Le coucou fait ici une exception remarquable. ;
On fait qu’il ne couve point fes oeufs lui-même ;
il va les dépofer dans le nid d’une efpèce étrangère,
comme dans celui de la fauvette ou du rofi
fignol, qui, fans le favoir, donnent la naillance à
un ingrat.
C ’eft, au refte, dans la conftru&ion des nids
que la nature fait briller toute l’indultrie qu’elle
a généreufement départie aux oifeaux. Qu’ y a-t-il
de plus admirable que l’inftinél qui dirige ces animaux
dans la conftru&ion du berceau de leurs en-
fan:-.? Comment ont-ils appris à le conftruire avec
tant m m §1 d’élégance? Pourquoi chaque efpèce
a-t-elle une manière confiante de le former ?
C ’eft un fait que tous les ornithologiftes, depuis
IL Ion ( t) & Willughby (2 ), jüfqu’à Daudin (3),
n’ont point manqué de fignaler, njais dont nous
ne faurions donner l'explication.
Chaque efpèce ayant fon inftinéfc propre & fon
indutlrie particulière, fait fon nid à fa manière,
& quelques oifeaux, fous ce rapport, font plus
adroits que les autres, fans que leur conformation
offre rien qui puiffe en rendre raifon. Tels
font en particulier les caciques, les loriots, les
troupialcs, & c. ; mais toujours le plus grand art,
les rufes les plus fines concourent à dérober aux
yeux de l’ennemi le tendre lit où doit repofer la
petite famille qui fera la joie du couple foigneux
& empreffé.
Les palmipèdes placent leur nid foie à terre,
foit entre des joncs, mais toujours à la proximité
des eaux.
Le échafliers le dépofent près des lieux marécageux
8c le cachent à terre entre dçs herbes
touffues.
Les gallinacés le conftruifent dans les champs
& fur les collines. Mais comme ces oifeaux font
polygames, & que les mâles abandonnent aux femelles
les foins de la maternité, ils ne font pref-
(1) Hiftoirc naturelle des Oifeaux, li V. L,
(2) Qrnithol. , li b. I.
■(3) L . c . , com'. I , pag. 1.46.
Syfl. Anat. Tom. 111.
qu’aucun nid & fe contentent de quelques amas
de feuilles, de paille, &c. Nous avons même
déjà dit. que l’àutruche confie fur le fable nu fes
oeufs aux rayons du foleil, Le cafoar eft dans le
même cas.
C ’eft ici le lieu d’entrer dans quelques détails
au fujet de ces oifeaux 8c de plufieurs autres , en
commençant par ceux de l’ordre des gallinacés ,
dont le nid elt nul ou fait fans art.
Les autruches paffent pour être fort lafeives 8c
pour s’accoupler fouvent. Elles s’affortiffent par
paires, contre l’ufage des oifeaux pefans, &
comme l’a avancé Thévenot ( 0 , malgré l’affer-
tion contraire de Thunberg (2 ) , q ui, au refte,
n’a fait que rapporter l’opinion commune dans la
partie de l’Afrique qu’ il parcouroit. Le temps de
leur ponte dépend du climat qu’ elles habitent,
8c correfpond toujours aux environs du folftice
d’é té , c ’eft-à-dire, au commencement de juillet,
dans l’Afrique feptenttionale (3),. & fur la fin de
décembre, dans l’Afrique méridionale (4). La
température du climat influe aulli beaucoup fur
leur manière de couver : dans la zone torride,
. par exemple, elles fe contentent de dépofer leurs
oeufs fur un amas de fable qu’elles ont formé
groflîèrement avec leurs pieds, 8c où la feu1«
chaleur du foleil les fait éclore ; à peine les cou-
vent-el'es pendant la nuit, 8c cela même n’eft pas
toujours néceflaire, puifqu’on en a vu éclore qui
n’ avoient point été couvés par la mère, ni même
expofés aux rayons du foleil (y).
Mais quoique les autruches ne couvent point
ou prefque point leurs oeufs , il s’en faut de beaucoup
qu’elles les abandonnent : elles veiilcnt, au
contraire, aflïdumert à leur confervation & ne
les perdent guère de vue, le mâle 8e la femelle,
fuivant Sparrmann ( 6 ) , Thunberg ( 7 ) 8c Levail-
lant (8), partageant même alternativement les foins
de l'incubation.
Le folitaire {didus folitarius, Linn.), ôifeau
bien peu connu, mais pefant comme l'autruche
& le cafoar, cherche, dit-on, les lieux écartés
pour faire fa poi te ; il conftruit fon nid de feuilles
de palmiers amoncelées à la hauteur d’un pied 8c
dtmi, & le mâle partage avec la femelle la fonction
de couver l’oeuf unique que celle-ci y a
dépofé.
L’outarde {otis tarda, Linn. ) & la ca'nepe-
(1) Voyage, tom. I , pag. 3 13.
(2) Voyages, traduft. ( franç., tom. I I , pag. 10. 3) Albert, De animal. , lib. XXIII.
((4) Voyage de D amp ter autour du Monde, tom. II, p. 2 5 1. 5) Voyage de lybie, au royaume de Sénégal, le long du
NRiogcehre, f&orct. ,C fhaaitl o8uc ncooims,p ofc par Claude Jannequin, Geur de Paris, 1643 , pag. 161 8c 162.
- (6) Voyage au Cap de Bonne-Efpérance , traduft. franç.,
coni. II , pag. 33o.
W(8) SLe-cCo-n d Voyage dans l'i.n te.r.ieur de l’Afrique, come I I ,
pag. 2o3.
O 000