
862. -L'aqueduc du vefiibule. Il ne forme qu'une
fente étroite du côté du crâne.
S e c t i o n n e u v i è m e .
867. Vodorat en général, i! efi exquis, & l'éléphant
aime avec paffi >n les parfums de toute ef-
pèce, & fut tout les li ur$ odorantes, il les choific,
tk les cueille, une à une, & après. en avoir la-
vouré l'odeur, il les porre à fa bouche & fembie
les goûter. ( Buffb/i. ) La Heur <fes orangers eit un
de fes mets les pius délicieux. ( Bofman.)
L'ufage que l'animal fait de fa trompe pour pomper
fa boiifon , doit empêcher ia membraue interne
de celle-ci de pofleder le tiflu délicat eif. n-
tiel à l ’exercice de ce fens, parce qu’alors elle
auroit été affeétee doul ureulement par les liquid
e s , comme l’eit notre membrane pituitaire, lorf-
que notre boiifon entre dans le nez. Le fens de l'odorat
eit donc reftreint, dans l’elephant, à la partie
fiés narines renfermée dans les o> delà têce.
868. Le nef en général y fes cartilages. Il offre une
conformation extraordinaire & bien differente de
cellé que nous préfentent tous les autres mammifères
j feulil mériteroit d'occuper les anatomif-
te s , quand même l’éléphant ne renfermeroit point
une foule d autres particularités curieufes. Il le
prolonge d’une manière étonnante, & porte le
nom de trompe (probojcis) , triple organe de
taétion , d'olfa&ion & de préhenfîon.
La tête de l’éléphant, lourde & extrêmement
élevée au-deflus du fo l, fupportée d'ailleurs par
un cou très-court, avoit befoin d’ un inftrament
propre à failïr les objets à la furface de la cerre,
qui fer vit de main pour les porter à la bouche, &
qui remplît l’office d’une pompe pour afpirer les
boiflons. Nous vôyons tout ce:a à la fois exiiter
dans la trompe, prolongement de la lèvre fupé-
rieure & du nez en même temps, qui parvient juf-
qu’à terre, & qu’Ariitote appeloic irçoGoto fcjxTtjç,
nef deftiné a paître.
L’animal peut la remuer, la fléchir, la raccourc
i r , I’alonger à fon gré, & la recourber , la tourner
dans tous les fens. Avec e lle , il fait tout
ce que nous faifons avec les doigts; il ramaff? à
terre les plus petites pièces de monnaie ; il cueille
les herbes & les fleurs en les choifi flanc une à
une j il dénoue les cordes, ouvre & ferme les
portes en tournant les clefs & pouffant les ver-
roux (Bujfon) ; il apprend à tracer des caractères
réguliers avec un inftrument auffi petit qu’ une
plume. ( Pline.) L’ éléphant a donc le nez dans
la main, & il eft le maître de joindre la puif-
fance de fes poumons à l'aétion de fes doigts.
( Buffon. )
La delicatefle du toucher, la finefle de l’odorat
, la facilité du mouvement & la puiflance
de fuecion fe trouvent donc à l'extrémité du nez
de l ’éléphant. E>- tous les inûrumens dont la nature
a fi libéralement muni fes production; chéries
, la trompe eft peut-être le plus complet &
le plus admirable. ( Idem. ) Elle feft auffi le principal
agent qu'il emploie pour fes befoins & pour
fa défenfe 5 elle eit plus forte que la patte du
lion ou du tigre, & auffi adroite que la main du
finge. ( Daubenton. )
Suivant Daubenton, la trompe d’ un éléphant
de treize pieds & demi de hauteur a environ
huit pieds de longueur au dehors de la bouche,
cinq pieds & demi de circonférence près de cette
ouverture, & dix-huit pouces près de l'extrémité.
L'individu examiné par les membrés de l'Académie
royale des fciences, avoit après fa mort
une trompe de cinq pieds trois pouces de longueur
, & pendant fa vieil pouvoit l’alonger beaucoup
plus. (Perrault. j
Cette trompe eft un cône tres-alorigé, plus
large à fa racine, & dont l’intérieur eit creufé
d’un double tuyau , revêtu d’une membrane mu-'
cofo-fibreufe très-forte , & percée de beaucoup
de petits trous qui font- les orifices d’autant de
cryptes muqueufes, & qui laiflènt couler Une
humeur abondante. Cette membrane eft légère-*
ment, mais régulièrement fillonnée de rides fines
& ferrées, formant «les lofanges } fa couleur eft
d’ un jaune-verdâtre } on y remarque quelques
rameaux veineux peu ferrés, & , en général, fa
texture reflemble fi peu à celle de la membrane
pituitaire, qu’elle ne paroît point être une prolongation
du fiége de l’odorat. ( Cuvier. )
Ces tuyaux remontent jufqu’âux narines ofleu-
fes } mais un peu avant d’y arriver , ils fe recourbent
deux fois, & leur communication avec elles
eft fermée, fuivant plufi^urs auteurs, par une
valvule cartilagineufe & elaftique , que l’animal
peut ouvrir à volonté , & qui retombe par fon
propre reflort, quand les mufcles ceflent d’agir.
( Perrault & Daubenton. )
Les tégumens, qui recouvrent la partie fupé-
rieure de la trompe, font un prolongement des
tégumens communs, & font garnis de poils clairfe-
més. Les bords préfentent deux rangées de tubercules,
féparés les uns des autres par des plis allez
profonds. Le côté fupérieur eft convexe & cannelé
, mais l’ inférieur eft aplati & offre deux rangs
longitudinaux de petites éminences.
Son extrémité p.éfente une concavité au fond
de laquelle font les orifices des narines, & dont le
contour eft très-faiilant. La partie inférieure de
ce contour a plus d epaifleur que les parties latérales
, & la partie fupérieure eft alongée en forme
de doigt, d’environ cinq pouces de longueur.
.Galien (r) paroît être le premier anatomifte
qui fe foit occupé de la ftruéture de la trompe de
l’éléphant, mais il annonce que fes tuyaux communiquent
et», partie avec le cerveau, en. partie
avec la bouche. Seba (2) n’admet: qu’une feule
C'i)'Z>e Ufu partium , lib. XVII.
W Thef > I ? PaS- wjf*
ouverture
ouverture.à cet organe. Perrault & Daubenton,
qui l ’a fuivi, n’ont pu nous donner une idée
bien claire de fon organifation. Pennant (1) l’ a
confîdérée comme un aflémblage d’anneaux cartilagineux
, ce qui eft une grande erreur. Blair (1)
& Camper (3) ont été plus heureux}, mais c’ eft
feulement depuis un fort petit nombre d'années
que nous en avons une delcripiion exaéte. Nous
la devons à M. Cuvier.
Nous avons dit que lè milieu de la trompe eft
percé de deux longs canaux qui font les prolongations
des narines} ils ne font féparés l’ un de l’autre
que par une fubftance graifleufe, d’environ fix lignes
d'épaifleur.lls vont, parallèlement à l’axe de
la trompe, depuis le bout de cet organe, jufque
vis-à-vis la partie moyenne des os inter-maxillaires,
c’eft-à-dire, de ceux danslefquels les défen-
fes font implantées. Dans toute cette longueur,
les canaux font plus voifins de ia partie antérieure
de la trompe que de la poftérieure, & ils confer-
vent à peu près partout le même diamètre} mais,
arrivés à l’endroit indiqué , ils fe recourbent fubi-
tement pour fe rapprocher de la furface antérieure
de ces os inter-maxillaires, & décrire une
courbe demi-circulaire dont la convexité eft dirigée
en avant. Ils font fi étroits dans cet endroit,
que, à moins d’une aétion mufculaire de la part de
l’animal pour les dilater, les liquides qu’il afpire
ne montent point au-delà : il n’y a, dit M. Cuvier,
point d’autres valvules quece rétréciflèmentmême,
& les cartilages du nez, auxquels Perrault a attribué
la fonction d’arrêter l’afeenfion des liquides,
n’y contribuent point du tout.
Au-deflus de cette courbure, le canal de chaque
narine fe dilate pour fe rétrécir une fécondé
fois : cette dilatation a lieu au-devant de la partie
fupérieure de l’os inter-maxillaire., & le rétrécif-
fementà l'endroit où le canal fe courbe en arrière
pour déboucher vers les fofles nafales. Cette fécondé
courbure eft protégée en avant par le cartilage
du nez.
Le cartilage du nez a la forme d’ un bouclier
ovale & très-convexé dans certains individus, fans
que ce caradtère appartienne à un fexe plutôt
qu’à l’autre.
870. Les mufcles du nef & de la trompe. Les mufcles
de la trompe n’ont d autre deftination que de
faire prendre au double canal dont nous venons
de parler, toutes les inflexions que l’animal juge à
propos de lui donner. Quoique ces mufcles foient
extraordinairement nombreux , ils peuvent cependant
être réduits à deux ordres principaux}
fa voit, ceux qui forment le corps ou la partie intérieure
de l’organe , & ceux qui l’enveloppent. Ces
derniers font tous plus ou moins longitudinaux,
(1) H if l. o f Quadrup. , pag. i 5o.
(-2) M a n . o f the Roya l Soc. abr., & c ., vol. V, pag. 291.
(3) Defcript. ahat. d’ un Eléphant mâle.
Syfl. ‘Anal. Tom. 111.
1 c ’eft-à-dire, qu’ ils partent du pourtour de la bafe,
& fe prolongent plus ou moins directement jufque
vers la pointe : les autres font tous tranfverfaux &
coupent l’axe dans diverfes directions.
Les mufcles longitudinaux doivent fe divifer en
antérieurs, en poftérieurs & en latéraux. Les premiers
ont leur attache fixe à la face antérieure de
l’os fronto-pariétal, au-de {fus des cartilages & des
os propres du nez, par une grande ligne demi-
circulaire qui defeend de chaque côté jufqu’ au
devant des orbites} ils forment une multitude innombrable
defaifeeaux qui defeendenttous parallèlement
les uns aux autres, & qui fe rétrécifient
alternativement, offrant des incerfeétions tendi-
neufes, diftantes d’un ou deux pouces feulement.
Les féconds naiflent de la face poftérieure & du
bord inférieur des os inter-maxillaires : ils forment
deux couches divifées l'une & l'autre en.
une multitude de petits faifeeaux dont la direction
eft obliqué} dans la couche externe, ces faifeeaux
font dirigés de haut en bas & de dedans en
dehors} dans la couche interne, ils ont une direction
contraire. Les faifeeaux des deux côtés confti-
tuent, par leur rencontre , une ligne moyenne qui
règne tout le long du milieu du deflous de la
trompe.
Les mufcles latéraux, enfin , forment deux
paires, dont l’une eft en quelque forte une continuation
de l’orbiculaire des lèvres, ou l’analogue
du mufcle myrthiforme} elle vient de la com-
miflure des lèvres & defeend entre les mufcles
antérieurs & les poftérieurs jufque vers le milieu
de la trompe : elle fe divife en beaucoup de
languettes qui s’infèrent obliquement entre les
faifeeaux latéraux des mufcles inférieurs.
Le deuxième mufcle latéral eft l’analogue du
releveur de la lèvre fupérieure; il a fon attache
au bord antérieur de L'orbite, & va , en s’élargif-
fant, s’épanouir fur la racine du précédent.
Blair avoit induit les • anatomiftes dans une
graveerreur, qui n’a point échappé à la fagacité
de Camper. Il a cru que les mufcles de la partie
antérieure de la trompe prenoiènt leur origine à
la face poftérieure de l’occiput, près d e j’ infer-
tion du gros ligament cervical, & qu’ils pàffoient
par-deflus le fommet du crâne, pour former des
éreéleurs, tandis que les fléchiueurs, commençant
vau fternum, paffoient au-deflous des os ju-
gaux, pour conftituer des abaifleurs.
Nous n’avons pas befoin d’expliquer longuement
l’effet de ces différens mufcles longitudinaux}
il eft clair qu’en agiflant tous enfemble, ils
doivent raccourcir la totalité de la trompe, &
que, lorfque ceux d’ un côté feulement a giflent,
ils doivent la fléchir de ce côté,-là} maison voit
encore que leurs divifions& les incerfeétions ten-,
dineufes des antérieurs doivent fervir à raccourcir
ou à fléchir, au gré de l’animal, certaines portions
de la trompe feulement, tandis que les
autres relieront aiongées, ou bien fe fléchiront
B b