
1535. U état des mufcles dans la vieilleffe. La chair
des vieux ours marins eft noire & de très-mauvais
goût , quoique dépouillée de fa graiffe.
{Forfier (I).)
ESPÈCE QUATRIÈME.
L e lion m a r in , Phoca jubata , Gtnelin.
L e lion m a r in , Buffon, Hift. nat., Suppl.
V I I , X L V 111.
G É N É R A L I T É S . .
C ette efpèce eft une des plus grandes du genre
des phoques, car fa longueur eft de quinze à
vingt pieds & même plus, & fon poids s'élève à
quinze ou feize cents livres. Le lion marin eft
fans comparaifon plus puiffant & plus gros que
Tours marin, avec lequel quelques voyageurs
femblent l’avoir confondu. Cette erreur n’eft pas,
au refte, la feule à laquelle il ait donné lie u ; le
rédaéfceur du voyage d’Anfon, a en effet mal-à-
propos appliqué fon nom à une figure qui repréfente
le phoque à mufeau ridé.
Les lions marins habitent les deux hémif-
phères, & parodient propres à vivre fous des latitudes
très-différentes. Forfter a aperçu des troupes
de ces animaux fur les côtes des Iles magellani-
ques, & dans quelques endroits de Thémifphère
auftral ; d’autres voyageurs les ont reconnus dans
les mers du Nord, fur les îles Kuriles & au Kamtf-
chatka. Steiler a , pour ainfi dire, vécu au milieu
d’eux pendant plufieurs mois1 dans l’ile de Bering
(1).
Ils fe tiennent & vont en grandes familles,
moins nombreufes cependant que celles des ours
marins, avec lèfquels on les voit réunis quelquefois
fur le même rivage. Chaque famille eft ordinairement
compofée d ’un mâle adulte , de deux ,
tro is , quatre’ (S n lle r ), & même de dix à douze
.femelles(Forfter), & de quinze à vingt jeunes des
deux fexes.
Quoique les lions marins foient d’un naturel
brut & fauvage, il paroît cependant qu’à la longue,
ils fe familiarifent avec l’homme. Stell-r dit
qu’ en les traitant bien, on pourroit les appri-
voifer.
Les mâles fe givrent fouvent entr’ eux des combats
longs & fanglans, foit pour défendre leurs
femelles contre un rival qui vient s’en faifir & les
enlever, foit pour conferver le domicile qu’ ils fe
font choifi fur une groife pierre. {Steiler, Forft. )
Les femelles ne fe battent jamais entr’eiles ni
avec les maies. Elles, femblent être dans une dé-
(1) Second. Voyage de Cook , tome IV, page 6t.
(a) Novi Comment. Acdd. Peirop. , c o m ”. II, a i m . l^5i.
pendance abfolue du chef de la famille. Plus minces
&c plus petites que les mâles, elles n’ont communément
que fept à huit pieds de longueur. Le
corps des uns & des autres, au refte, a prefque
partout une égale épaiffeur, & fe préfente aux
yeux comme un gros cylindre, plutôt fait pour
rouler que pour marcher fur la terre. ( Buffon.)
La tête paroît petite en proportion d’ùn corps
auffi volumineux; le mufeau eft alîez femblable à
celui d’un gros dogue} il eft un peu relevé &
comme tronqué à fon extrémité.
F O N C T I O N P R E M I È R E ,
L a 'l o c o m o t i o n , .
S e c t i o n P R é m i g r é .
Squelettologie.
21. Les dents incifives. Elles font au nombre de
fix en haut & de quatre en bas, comme dans Tours
marin.
Les fupérieures font terminées par deux pointes
arrondiès; les inférieures n’en préfentent qu'une
feule. ( Bpffon.)
i l . Les dents canines. On en compte deux a
chaque mâchoire. Elles font bien plus longues' que
les incifives, coniques, un peu recourbées à leur
extrémité, & munies d’une cannelure fur leur face
interne.
23 & 24. Les dents molaires. Comme les incifives
& les canines., tlL s font trois fois-plus longues
que celles de i’o.urs marin*
Il y en a fix de chaque côté dans la mâchoire
fupérieure, cinq feulement de chaque côté
auffi dans l’inférieure.
Elles ont à peu près la même figure que les
canines, feulement elles font plus courtes} or.
obferve à leur ba£è une tubérofiyé arrondie très-
prononcée.
F O N C T I O N P R EM I È R E .
S e c t i o n s e c o n d e .
Myologie,
141. Les mufcles en général. Leur parti*charnue
eft prefque noire & d’ une faveur défagréable,
furtout chrz les mâles. Steiler afture cependant
que la chair des nageoires poflérieures eft fort
bonne à manger. La plupart des voyageurs s’accordent
en cela, que celle des jeunes eft blanchâtre,
fade & défagréable au goût.
22y. Phénomènes de la contraction mufculatre.
Les lions marins font indolens 8c fort lourds; ils
marchent de la même manière que les ours marins,
c’ eft-à-dire, en fe traînant fur la terre à
l’aide de leurs pieds de devant; niais c’tft encore
plus pefamment & de plus mauvaife g ace , au
rapport des voyageurs,•Quelques-uns font fi lourds,
ce font probablement les vieux, qu’ils ne ,
quittent point la pierre qu’ils ont choifie pour i
leur fiége, & fur laquelle ils paflent le jour
entier à ronfler & à dormir. En général, cependant
, les adultes & les jeunes nagent avec beaucoup
de vitefle & de légèreté.
Lorfque les petirs font fatigués de nagér, ils fe
mettent fur le dos de la mère > mais le père ne les
y fouffre pas long-temps, & les en fait tomber
comme pour les forcer de s’exercer. (Buffon.)
F O N C T I O N T R O I S I È M E .
L es s ens a ti on s e t l a c t io n ne rv eus e .
y y 6. La fenfibilité en général. Les lions marins
parôifient en général peu fenfibles. Les vieux
dorment beaucoup } les jeunes ont beaucoup
moins, de vivacité que les jeunes ours marins; on
les trouve fouvent endormis fur le rivage; mais
leur fommeil eft fi peu profond, qu’au moindre
bruit, ils s'éveillent & fuient du côté de la mer.
S e CTICXN S E P T I E ME .
y8y. Les yeux en général. Ils font grands &
proéminens; ils paroifient ardens & échauffés, &
lés vaiffeàux fanguins de la conjonctive font fort
apparens.
786. Les fourcils. Ils font compofés de crins
noirs affez forts. ( Buffon. )
799- La caroncule lacrymale & la membrane nyc-
titante. Celle-ci eft fort apparente, & peut, au
befoin, recouvrir l’oeil en entier. (Idem.)
Les caroncules lacrymales font volumineufes &
d’un rouge vif.
821. U iris. Il eft vert.
S e c t i o n h u i t i è m e . -
833 Voreille externe en général ; fia forme, &c.
Les oreilles externes des lions marins font coniques
& longues feulement de fix à fept lignes. La
partie intérieure en eft'liffe, & leur furface extérieure
eft couverte de poils.
83;. Son cartilage. Il eft ferme, roide & un
peu replié vers l’extrémité.
S e c t i o n ' o n z i è m e .
876. Le toucher en général. Au lieu de pieds de
devant, le lion marin a des nageoires qui fortent
de chaque côté de la poitrine; elles font liftes &
de couleur noirâtre, fans apparence-de doigts,
quoiqu’elles en renferment cinq dans leur épaiffeur,
avec des phalanges & leurs articulations.
La forme de ces nageoires eft celle d’ un triangle
alongé & tronqué vers la pointe.
Syft> Anat, Tome III.
Elles font abfojument dénuées de poils & comme
crénelées fur leur face intérieure.
Les nageoires poftérieures font, comme les antérieures,
couvertes d’une peau noirâtre, lifte &
fans aucun poil; mais elles font terminées par une
membrane mince, comprimée, 8c s’étendant au-
delà de leur extrémité.
883. Les diverfes fortes de poils. Le lion marin
fe diftingue des autres amphibies par un caractère
qui lui a fait affigner fon nom, & qui lui donne
en effet quelque reffemblance extérieure avec le
lion des déferts de l’Afrique. C ’ eft une crinière
de poils épais, ondoyans, longs de deux à trois
pouces, 8c de couleur jaune foncé qui s’étend fur
le front, les joues, le cou & la poitrine. Cette
crinière fe hériffe lorfqu’il eft irrité, & lui donne
un air menaçant.
La femelle n’a pas le moindre veftige de cette
crinière.
Le poil du refte du corps eft cou r t, lifte, lui—
fant & d’un jaune affez clair, plus foncé & plus
fauve cependant chez le mâle que dans la femelle.
Il n’y a point de feutre lanugineux au-deffous
des longs poils, comme dans Tours marin.
Au' refte,. la teinte de ces poils varie félon
l’âge; chez les vieux mâles , ils font fauves comme
dans les femelles, & même quelquefois blancs
fur le cou & fur la tête ; les jeunes ont ordinairement
le pelage d’un fauve foncé, comme les adultes;
mais il y en a qui font d’un brun prefque
noir, & d’autres qui font d’ un fauve pâle, comme
les vieux & les'femelles.
884. Les ongles. Chaque nageoire antérieure
n’en offre qu’ un, encore le diftingue-t-on à peine.
Il a la forme d’un tubercule arrondi, & eft fitué
au tiers de la longueur de la nageoire, en la me-
furant depuis l’extrémité. (Buffon.)
Au-deffus dp, chacun des doigts de la nageoire
poftétieure, on obferve un petit ongle, dont l’ animal
ne fe fert que pour fe gratter. ( Idem. )
F O N C T I O N Q U A T R I È M E .
L a RE SP I R a 't I O N.
886. La refipiration en général. Les lions marins
peuvent demeurer fort long-temps fous l’eau fans
Venir refpirer à la furface- (Steiler.)
942. La voix , fies nuances, fies particularités. La
voix des lions marins eft différente félon l’âge &
le fexe, & il eft aifé de diftinguer, même de loin ,
le cri des mâles adultes de celui des jeunes & des
femelles; les mâles ont un mugiffement femblable
à celui du taureau , ou un rugifiement analogue
à celui du lion (1), & lorfqu’ils font irrités,
(1) Forfter, Mémoire fur les Phoques,
comte de Buffon.
communiqué au
F f f