filamenteufe & vafculaire, qui le mv erfe de toutes
parts & le retient dans des efpèces de véfi-
cules parfaitement diaphanes, abfolument comme
la membrane hyaloïde conferve dans Tes cellules
Thumeur vitrée de l’oeil.
Remarquons auffi, en paffant, que le degré de
vifcofité & de tranfparence de l’ albumen des
oeufs varie fuivant les efpèces d’oifeaux.où l’on
examine cette humeur.
Suivant M. John, favant chimifte anglais, le
blanc d’oeùf contient beaucoup d’eau & d’albumine
, un peu de gélatine, de la foude, du fui fa te
de foude, du phofphate de chaux, 8e peut être
de l’oxyde de fer. Fourcroy y a trouvé du foufre
& du muriate de foude.
Sa faveur eft fade; fon odeur à peu près nulle.
Expofé au feu, il s’épaifîit, devient blanc,
opaque & folide.
Par l’aétion d’une chaleur douce & long-temps
continuée, il fe deffèche en une matière jaune,
tranfparènte, caffante & fucciniformè/
En raifon de îa foude qu’il contient à l ’état libre,
le blanc d’oe uf le plus frais verdit les couleurs
bleues végétales.
Il fe diffout facilement dans l ’eau.
Les acides le coagulent ; les alcalis le rediffol-
vent en partie ; les diffolutions métalliques & l’eau
de chaux le troublent & le précipitent.
Au centre de l’albumen , eft un corps de forme
fphérique & d’une confiftance mollè, & qu’en
raifon de fa couleur, on a nommé le jaune de
l ’suf.
Ce corps n’occupe point le milieu de l’organe ;
on le trouve communément plus près de la groffe
extrémité que de la pointe , &- toujours plus
avancé vers un côté que vers l’autre.
Le jaune de l’oe u f, d’une teinté plus ou moins
foncée fuivant les éfpèçes, toujours plus intenfe
chez les oifeaux aquatiques ( i ) , où il eft en même
temps plus abondant lui même, eft formé d’une
membrane particulière, qu’on appelle vïteLLine>
& d’une forte d’émulfion qui fe durcit & devient
friable par l’aélion du feu. Il n’eft point rare de
le trouver double dans un même & feul oeuf ( i ) .
La vitelline, dans un oe uf frais & qui n’a point
été fournis à l’incubation, eft une membrare tranf-
parenté, très-déliée & très-nvnce ; on n’y recon-
noît alors aucune organifation bien marquée, mais
on aperçoit, à fa Curface une forte de zone ou de
ceinture blanchâtre , plus opaque que le refte de
la capfule, plus difficile à rompre, & donnant in-
fertion, vers les deux bouts oppofés de l’oe u f, à
une des extrémités de chaque chalaze. '
On aperçoit obscurément, dans c-ette ceinture
blanchâtre, dés fibrilles qui fe portent en divers
- (i) Beloù, /. c.y liv. I , çh. g , pag. 3o.' — IVfarfigli, l. c., tom. IV.
(2) Buffon Hifi. des Animaux, tom. I l l , pag. 106. >
fens, mais principalement dans line direction parallèle
à celle de la ceinture elle-même.
Le jaune de l’oeuf elt partagé, par çette zone
circulaire.,, en deux hémifphères inégaux , favoir,
l'un plus confidérable , qui tend à occuper la région
la plus déclive; l’autre, plus volumineux,
qui fe tourne toujours en deffus. <
Outre la ceinture qui vient d’être décrite, on
remarque encore fur la vitelline, vers le milieu
.du petit hémifphère du jaune , une tache ronde,
blanchâtre également, & de la largeur d’ une lentille
à peu près. Cette tache, d’un afpeèt nuageux
, eft ce qu’ on nomme communément la cicatricule
ou le germe. On y diftingue différons cercles,
auffi faciles à voir dans les oeufs non fécondés
que dans ceux qui l’ont été.
La cicatricule.fe préfente toujours vis-à-vis du
trou que l’on fait à la coquille j de quelque manière
qu’on puiffeplacer l’oe u f, parce qu’elle eft
pofée fur la partie la .plus mince du jaune , traver-
fée par un filament autour duquel ce jaune tourne
comme fur un axe.
La plupart des zootomiftes qui fe font occupés
de ce point de la Science," & plus fpécialement
Malpighi ( t) , ont cru apercevoir, dans le centre
de la cicatricule du jaune d’oeuf fécondé, des
traces fenfibles du' petit embryon que la chaleur
de l’incubation doit faite éclore.' Charles Bonnet
a encore été plus loin; il prétend, & en cela il
eft d’accord'avec le grand Haller (1) , qiuon diftingue
auffi bien les ébauches de l’embryon dans
la cicatricule noh fécondée que dans celle qui, l’a
é t é ( î ) . ' ■
Les-chimiftes n’ ont point encore fournis a 1 ana-
lyfe la cicatricule de i'oeuf. Quant à là vitelline,
M. John penfe;qu’elle eft de nature albumineufe.
L’humèur du jaune , 'confidérée dans un oeuf
frais, a la confiftance du miel liquide.’ Ç*eft une
-forte de matière albumineufe',' folubie dans l’eau
froide, coagulable par la chaleur pàt les acides,
chargée d’ un principe colorant encore peu connu,
,& d’une certaine quantité d’ une huile douce, à
laquelle eft due la forme emulfi've que prend le
jaune d’oeuf lorfqu’on le bat avec dè l’eau.,-
M. John dit .que l ’humeur du jaune de l’oeuf
renferme de l’eau, une huile douce jaune, de la
gélatine, une très-grande quantité.d’une fubftance
.albumineufe modifiée, du. foufre, un atome d’acide
libre qui eft peut-être de l’acide phofphori-
què, & fort peu d'une, matière bru ne-rougeâtre ,
foluble dans l ’éther. & dans l’alcool, & qui 11'eft
pas de:la graille.
En verni de fa nature, le jaune d’oeuf fe combine
très-facilement avec les corps gras, & peut
fervir d’ intermède pour faire tenir en fufpenfion
(i) De formatione pulji in ovo. (2 ) Mémoire-fur la formation du coeur dans le poulet, &c.' (3) Contemplation de la nature, P. VII, ch. io.
dans l'eau toutes fortes de,matières graffes & hui-
leufes.
En examinant un oe u f du poids de 18 gros, dans
l’intention de connoïtre la proportion relative des
diverfes parties qui le continuent, feu Parmentier
a trouvé que la coquille en pefoit deux , le jaune
cinq, & le blanc onze (1). Hoffmann s’eftdonc
trompe quand, il a prétendu que ce dernier pefoit
trois fois autant que le jaune.
Le-jaune de l’oeuf ne flotte point au hafard dans
l ’intérieur de celui-ci; il eft comme fixé par deux
ligamens qui font en partie membraneux & en
partie albumineux.
Ces ligamens que l’on appelle chala\es ou glaires
} font deux petits corps blanchâtres & d'une
confiftance a fiez ferme , fnués aux deux pôles du
jaune , auquel ils font fortement adhérens.
ConfidéréeS; dans leur fituation naturelle, les
chalazes.répondent aux deux extrémités de l’oeuf,
l’une à fa pointe & l’autre à fa bafe,.Elles communiquent
enfcmble à l’aide àp 1$ zone blanchâtre
dont nous avons parlé , & qui divife le jaune en
deux hémifphères inégaux.
L’extrémité de chaque chalaze, oppofée à celle
par laquelle ces productions adhèrent au jaune,
eft attachée à la face interne de la membrane commune
des blancs par uri filament albumineux beaucoup
moins denfè & plus tranfparent que la cha-
laze élle-même, St auquel on a donné le nom de
colonne.
Ces colonnes fervent _à fufpendre & à fixer le
jaune de l’oeuf dans la pofition qu’ il doit occuper.
' La chalaze & la cp tonne qui répondent à la
pointe de l’oeuf font ordinairement plus volumineuses
que la chalaze & la colonne placées vers le
gros bout.
En examinant fuperficieliement les chalazes, il
fembleroît d’abord qu’elles font formées par un
chapelet de plufieurs grains gélatineux, réunis
par une fubftance intermédiaire de même nature ,
&: qui diminuant de groffeur à mefure qu’ ils font
fi tués p’us loin du jaune. Mais une obfervation
phi5 approfondie démontre qu’elles ne font réellement
qu’une production gélatineufe irrégulièrement
tournée en fpirale, comme le cordon ombilical
des foetus des mammifères à peu près.
• Les chalazes n’ orit point encore été le fujet
d’expériences chimiques, comme plufieurs des
autrts'parties condlituanres dé l'oeuf l’ont é té ,
a i n iî que nous l'avons déjà dit. .•
Les oe u fs , pendant leur formation, font fujets
à divers accidens qui donnent lieu à des efpèces
dé monftruofités. Nous avons déjà annoncé que
deux jaunes pou voient fe trouver renfermés dans
une même coquille. D’autres, au contraire, manquent
totalement de jaune.
Les oeufs hardes, dont nous avons parlé égale4
(1) Nouv. Did, d'hifi, nat., Paris, i8o3, com. XVI ,
pag. 64.’ '■
ment, & qui font dépourvus de coquille.calcaire ,
ne peuvent être couvés avec fuccè's, tant à caufe
de leur molleffe, que parce qu'ils prêtent trop à
l’évaporation.
Parfois auffi, les oeufs acquièrent dans l’ovi-
ducius une groffeur telle que l’oifeau ne peut les
rendre ou périt en les pondant. Ainfi, en 17 18 ,
Morand, le chirurgien des Invalides, a trouvé,
dans une poule, un de ces oeufs monftrueux qui
pefoit.douze onces .& l'on fait qu’e le poids ordinaire
d’un oeuf de poule ne s'élève pas au-deffus
de deux onces deux gros.
On voit auffi des oeufs qui contiennent, foit dans
leur blanc, foit dans leur jaune, des corps.étrangers.
On cite un oe uf de poule dans lequel on
trouva ainfi un crin de cheval.(i) ; un autre renfer
rnoit une pierre du volume & de la figure d’un
noyau.de cerife (2) ; il en eft, enfin, qui contiennent
un autre oeuf dans leur cavité, & nageant
dans leur albumen, comme Petit en a vu un
en 1742. „ .
Maintenant que nous avons fait connoïtre la
compofition de l’oe uf -avec quelque détail, examinons
le,s changemefts que l’incubation détermine
dans fon intérieur, & fuivons le développement
de la cicatricule dans fes diverfes périodes.
On a , avec raifon , loué Ariftote d’avoir, dans un
fièçle où une ob feu rite profonde voiloic la nature,
dirigé fes recherches de ce côté (3).
Un des premiers effets de l’incubation eft de
déterminer la formation d’un v id e , vers le gros
bout de l'oe u f, entre les deux feuillets membraneux
qui entourent les blancs. Nous avons déjà
fait connoïtre ce fait.
En même temps, le jaune de l’oeuf abandonne
le centre de l’albumen qu’ il occupoit, & la cha-
laze du gros bouc 'fe détache de la membrane de
la coque (q).
En quittant fi\ place naturelle, le jaune s’élève
vers la partie fupérieure de l’oe uf &' s'applique
fur la membrane de la coque , plaçant ainfi la cicatricule
de manière à ce que l’embryon qu’elle
renferme puiffe recevoir l’ influence de l’air nécef-
faire à fa vie & à fon développement.
Ce phénomène de chimie vitale eft bien remarquable
& fort évident. Si la coque eft enduite
d’une matière grade , qui en ferme les pores &
qui empêche l’évaporation d’une partie du liquide
contenu, tout en s’oppolant à la pénétration de
l’air extérieur, l’animal ne peut éclore.
Cependant, & deux ou trois jours au plus tard
après le premier moment de l'incubation, on observe
, à la vue Ample, à la circonférence de la
(i.) Journal de Trévoux , année 1712.
(2) Journal des Savons.
( 3 ) De Senac , Traité ducoeur, !iv. I I ch. t, pag. 262.
(4) Dutrochet, Recherchesjur les enveloppes du foetus. —-
Mémoires de la Société médicale d‘émulation , com. VIH ?
part. 1.