S e c t i o n c i'n q o i e m e .
1 1 y6. L'oeuf & le développement du germe en gé
néral. On peut définir l'oeuf une production couverte
d’ une enveloppe plus ou moins dure, propre
aux femelles dés oilcaux, des reptiles, des poif-"
fons, des infectes, & c . , 8c qui contient, lorsqu'elle
a été fécondée par le mâle , le germe de
l'embryon. .
Les oeufs des oifeaux, en particulier, font bien
dignes de fixer notre çuriofité par leurs formes
variées, leurs couleurs, leurs nuances, leur volume
, 8c c.
Ils exiftent tout formés déjà dans le. ventre de la
femelle avant qu’ elle ait été fécondée, & nous en
avons h preuve évidente dans le fait expofé plus
haut de ces poules, de ces perruches, 8cc., qui
pondent fouvent au printemps fans le concours
du mâle.
Mais, lorfqu’ une femelle d’oifeau a été couv
erte, il paroït fur l’ovaire, comme l’avoit déjà
obfervé le grand, naturaüfte de Stagire ( i ) , un
petit point blanc, qui ne tarde point à devenir
rouge 8c fanguin, qui augmente de volume &
acquiert une teinte d'un jaune roux. Lorfqu’ il a
acquis une certaine maturité, ce petit corps coloré
fe détache de Tovaire par fuite de la mar-
cefcence des vaifleaux qui lui forment un pédicu
le , 8c pafle dans la cavité de l'oviduétus. Il
parcourt celle-ci dans toute fon étendue, 8c là ,
par une force d'affinité vitale bien évidente, il
s'enveloppe de diverfes couches d’albumine, de
membranes, 8c d’ une coquille folide, en adoptant
une forme particulière fuivant la difpofition de
l'organe qui lui fert, pour ainfi dire, de moule.
De l’oviduétus, l'oeuf tntre dans le cloaque 8c
eft enfin expulfé au dehors pour être fournis à
l'incubation.
Le plus habituellement, les oeufs des oifeaux
ont la figure'd’une boule alongée, donc une des
extrémités eft plus groffe que l’autre, 8c ils s’é chappent
du cloaque par le bout pointu. Leur
forme cependant offre de nombreufes variétés fpé:
ci figues.
Dans les faucons de Linnæus, par exemple, ils
font fphéroïdes, 8c leur petite extrémité eft fort
peu marquée. Dans le pigargue, fpécialement, ils
font prefque globuleux.
Ceux des nyétériens font, en général, arrondis
suffi. ■ .
Dans les pies-grièches, qui tiennent le milieu,
pour ainfi dire, entre les rapaces 8c les paffereaux,
les oeufs commencent à s’alonger, mais leur petite
extrémité eft encore obtufe.
Dans la plupart des paffereaux, les oeufs font
plutôt courts qu’alongés, mais le petit bout eft
néanmoins affez diftinft ; ils font renflés au milieu.
(i) Ariftote , Hift. animal. , lib. V I, c. 2 , £c de Générât.
, lib. I II, C. u
T e ls font ceux des gros-becs, du bec-croifé, du
bouvreuil, du verdier, Scc..
Ceux des moineaux font affez obtus, quoi-
qu'alongés.
Dans les hirondelles, ils ont la même forme,
8c leur longueur eft double du diamètre du gros
bout.
Ceux des alouettes portent toujours un cercle
épais vers le gros bout.
Dans les méfanges, ils font arrondis, comme
chez les rapaces, à peu près.
N'oublions pas non plus de rappeler que, fou-
vent dans un même nid, chez les paffereaux, il eft
des oeufs plus alongés que les autres} c’eft ce
qu'on obferve furtout dans celui des corbeaux 8c
des pies. Beaucoup de gal.inacés préfentent un
phénomène analogue. Ariftote, qui connoiffoit
ce fait, a prétendu ( i ) que les oeufs alongés 8c
pointus renfermoient^des femelles, 8c que les
autres produjfoient des mâles, en quoi il a été
fuivi par Avicenne ( i) , Albert-le-Grand ($) 8c
Niphus (4). Mais Pline (5 ) , Columelle (6), Be~
Ion (7) 8c Crefcent (8) difen.t pofitivement le
contraire. Aujourd'hui, les efpritS fages abandonnant
ces vaines difeuffions, penfent que ni-
l’une ni l’autre de ces obfervations n’eft fondée
fur un nombre affez grand de recherches pofiti-
j ves pour être adoptée de préférence.
| Dans la plupart des grimpeurs, les oeufs font
f plus alongés que dans les paffereaux, excepté
cependant ceux des coucous qui font un peu ar-
| rondis.
Dans l.-s gallinacés, ils font généralement fort
obtus. Ceux des perdrix feules ont une forme
plus alongée, 8c lorfque ceux des poules ont une
femblable figure, ainfi que cela arrive quelque-
•fois, cette particularité tient à ce que, pendant
leur formation, ils ont été trop refferrés par l‘o-
viduétus.
Chez les échaffiers, les oeufs font rarement
fphéroïdes ; leur forme eft alongée 8c ils diminuent
affez rapidement depuis le gros bout. Ceux de la
foulque, en particulier, font très-longs.
Paimi les palmipèdes, il eft des efjèces qui
pondent des oeufs courts, arrondis, très-obtus,
8c d’autres qui en donnent de fort alongés. Le
petit plongeon, la mouette cendrée 8c la mouette
rieufe font dans ce dernier cas; le cygne, l’oie,
le canar'd fiffieur, la farcelle, le chipeau font dans
le premier.
Daudin (9) foupçonne que la couleur des oeufs
(m2) Amvice nna Operam, Ve nctiis, 10„■7 2 & 1m090 i, min-fkol.
(3) Lib. de Secret, mul., Antucrpia:, i538.
(4) y °y eT ^es Remarqucs fur le texte d'Ariftote. ((56}) ^LLiibb.. XV,I IcI. ,5 c2.. (7) 5. De la nature des oifeaux, liv. I , ch. 0, pag. 29.
(8) De Agricult., lib. IX , c. 86..
( 9 } Ornifhol. , c o m . 1 , p a g . i 5q .
des oifeaux dans l ’état fauvage paroït en quelque
forte indiquer celle du plumage des pouflïns qui
en doivent fortir. Cet auceur penfe que les oeufs
uni colore s viennent des oifeaux à plumage d'une
feule teinte, ou donc lés nuances font tour au
moins peu tranchées, 8c qu’à mefure que les oeufs
font plus maculés, les couleurs font plus prononcées
8c plus vives.
Quoi qu’il en foit, les oeufs de la plupart des
rapaces, ceux des oifeaux, par exemple, que Lin-
.næus avoit réunis dans fon.-grand genre falco■,
font blanchâtres, ou blanchâtres tachetés de
rougej ou rouges tachetés de brun, 8c varient
beaucoup pour leur couleur , par conféquent,
quoiqu'ils participent en général des teintes fom-
bres du plumage de ces animaux.
Les oeufs du pygargue font d’un blanc fais.
. Ceux du milan font blancs tachetés de roux.
■ Ceux de la bufe font pavfemés de quelques taches
ronfla très fur un fond blanc.
Dans la crefferelle, ils font rouges de minium, j
tachetés de brun, ou. blancs piquetés de rouge.
Parfois, on en trouve de: blanchâtres avec deux
ou trois'taches feulement.
Les oeuts du hobereau 8c.de l’émérillon reffsm-
blent beaucoup à ceux de la creflerëlle, mais ils
ont des teintes plus claires. .
Ceux,de l’ ëpérvier font blancs mouchetés de
brun ; les taches, plus marquées vers le gros bout,
y forment une efpèce de cercle. .
• Les oeufs des oifeaux de la famille des nyété-
riehs font blancs ou blanchâtres fans taches, 8c
parmi eux, ceux du grand-duc ont une teinte
gi-ife;. V •
Dans les pies-grièches, ils ont le fond blanc,
font chargés fur le gros bout d’un cercle de taches
rouges ou bleuâtres, 8c font mouchetés des
mêmes couleurs. Ceux de la pie-grièche grife font
d’un blanc-bleuâtre tacheté de brun en forme de.
couronne.vers le gros bout. Ceux de l’écorcheur
font maculés de brun 8c de bleuâtre tout à la fois,
fur un fond blanc-
Les oeufs des paffereaux varient beaucoup pour
leur.coloration.
Ainfi, dans les gros-becs, le fond de la coquille
eft blanc ou légèrement bleuâtre, 8c mouchete.de
brun ou de-noir.
1 Les oeufs du bouvreuil ne font mouchetés que
vers le gros bout ; il en.eft de même de ceux du
verdier. Mais,, dans le premier de ces oifeaux, les
piquetures font noires, tandis qu’elles font rougeâtres
dans le fécond.
Ceux des moineaux font blanchâtres, mouchetés
de rouge, de brun ou de noir.
Ceux des linottes font mouchetés de rouge vers
lé gros bout feulement.
Dans le proyer & l’ortolan, les oeufs font gris.
Dans le bruant, ils font mélangés en tous fens
de {tries 8c de points bruns 8c noirâtres»
S y f t , A t ia t , T o m , I I I ,
Ceux de l’ortolan de ro.feaux font d’un blanc
bleuâtre veiné de pourpre, ' ,
Ceux de l’engoulevent font blanchâtres & mouchetés
d’un bleu-violacé.
Les oeufs du merle font d’ un vert pur ou d’un
beau bleu tirant fur le vert, 8c. mouchetés de
brun.
Ceux du mqrje d’eau font également blancs,
mais nuancés de rouge.
Ceux du loriot font blancs aufli, 8c piquetés de
brun terne.
Ceux du gobe-mouche font blancs tachetés de
rouge.
Dans les alouettes, ils font d’un gris fombre,
Sc cela eft fort heureux pôurces oifeaux qui font
leur nid à la furfâce de la terre, parfois à l’ombre
d’un genêt, mais le* plus fouvent dans un creux
fec ou dans un fi!Ion. Des oeufs d’ une couleur
éclatante auroient été aperçus trop promptement;
ils participent à la couleur du terrain.
Dans la plupart des méfanges, dans le grimpereau,
dans la huppe, les oeufs font d’un affez
beau blanc uniforme.
Dans le martin-pêcheur Scie guêpier, ils ébiouif-
fent l’oe il par la pureté de leur blanc de neige.
Ils font au contraire verdâtres 8c fouvent piquetés
de brun dans les roiliers, les corbeaux, les
corneilles, les pies, les choucas.
Parmi les grimpeurs, les oeufs du pic-vert font
verdâtres mouchetés de noir ; ceux des autres
pics font tout blancs..
Ceux au torcol ont l ’é.clat 8c la teinte de l’ i-
yoire.
Ceux du coucou font blancs avec des mouchetures
de rouille.
Dans les gallinacés, l’outarde pond des oeufs
olivâtres, mouchetés de brun.
La canspetière , dont nous avons déjà parlé,
en donne qui font d’ un beau vert.
Ceux des perdrix font grifâtrés.
Ceux du petit coq de bruyère à queue fourchue
& de la gelinotte font d’ un blanc-jaunâtre quant
au fond.
Ceux de la caille font blanchâtres, mouchetés
de roux.
. Les poules 8? les pige'ons produifent des oeufs
d’un blanc de lait unifo.rme & fans taches.
Ceux du paon font d’un gris blanc.
Dans le faifan 8c le din Ion, ils font piquetés..
'S i nous paffons à l’examen des oeufs dés échaf-
fîers, nous verrons que ceux des hérons tirent en
igénéral fur le vert; que ceux du courlis-8c du
corlieu font olivâtres 8c mouchetés de brun ; "que
ceux de la bécafîlne, du yanneau, du bécaffeau
font dans le même cas ; que ceux de la bécaffe
îfont d’un gris rouffâtre avec des traits bruns ; que
ceux de la poule d’ eau (fu'ica chlôropus3 Linn. )
font, jaunes tachetés de rouge ; ceux du râle de
genêt, d’un roux cendré, moucheté de rouille ;
ceux du râle d’eau, jaunâtres fans taches ; ceux
pppp