
on n’avoit point examiné séparément chacune des pièces qui composent la tête et
le squelette; on n’avoit point décrit les vaisseaux; on n’avoit point recherché la
structure intérieure des viscères ; l’histoire des nerfs et de leur origine, celles du
cerveau, du cervelet et des glandes avoient été tout-à-fait négligées; les organes
des sens étoient presque dans le même cas; enfin, les muscles du chien (1), du
cheval (3) et du boeuf (3) étoient à peu près les seuls dont on eût pris quelque con-
noissance. Vicq-d’Azyr les disséqua et les décrivit avec la plus grande attention,
soit dans ces quadrupèdes, soit dans plusieurs autres d’un ordre différent, soit
dans les oiseaux et dans les reptiles; et il en a tiré de beaux résultats pour la comparaison
des animaux entr’eux. Malgré tout ce qui avoit été fait avant lu i, et
par le grand nombre des anatomistes que nous avons indiqués tout-à-l’heure, il a
v u , dans les singes de la plus grande espèce, les muscles qui se dirigeoient du
bassin vers la jambe s’y insérer très-loin du genou et former avec e lle , dans
l ’extension la plus complète dont ces animaux soient susceptibles, un angle qui
. rendoit en eux la station parfaite difficile et peu durable; observation qui établit
ujie différence frappante, comme il l ’annonce lui-même, quant aux attitudes et
auxmouvemens entre l ’homme et le singe, et qui relègue celui-ci parmi les quadrupèdes.
J1 a vu les muscles de la face se transformer en un pannicule charnu, ceux
des lèvres s’élargir et s’aplatir, tandis que ceux du nez acquér oient de l’elegance
dans leurs formes et devenoient plus nombreux (4)» Il a vu le digastrique perdre
entièrement son tendon mitoyen; le ligament stylo-maxillaire changé en un
muscle (5); le muscle sterno-mastoïdien s’insérer tantôt à la mâchoire inferieure,
comme dans le cheval, et tantôt se diriger vers le haut du cou avec les
fléchisseurs de la tête, comme dans le mouton; le petit pectoral manquer dans
plusieurs ruminans 5 les muscles droits du bas-ventre s’alonger (6); le deltoïde
être décomposé, pour ainsi dire, et partagé en plusieurs portions (7); un plan
charnu très-large se porter du moignon de l ’épaule vers la tête (8) ; le rhomboïde
s’élever jusqu’à l’occiput; le biceps ne conserver qu’une tête; les supinateurs
èt les pronateurs, après avoir été réduits à de très-petites masses, dispa-
roitre tout-à-fait, etc.; et toutes ces différences, conservant des rapports déter-
(1 ) Garengeot, Myotomie humaine et canijie, ou la Manière de -.disséquer les muscles -de l homme
et des chiens r etc. Paris , 1724, iiu-12.
(2) Bourgelat, Précis anatomique du corps du cjieval, comparé avec celui du boeitf et du mouton.
4e. édit. in-$°,. P a p s , 18.07.
(3) Bourgelat, ouvrage cfié da.ns la note précédente..
(4) Voyez ce que nous disons du nez du sanglier et du cheval, pages 236 et 348 de ce volume.
(5) Voyez page ?55o de ce volume, dans la description du cheval.
(6) Voyez page 107 de ce volume, dans la description dn chien.
{7) Ibidem , pag. 3,53.
(8) Ibidem , page 352. Voyez aussi Bourgelat, ouvrage cité.
minés
tainés amp les diverses' formes des squelettes et des viscères., fo u r n i r une nouvelle
preuve de cette grande harmonie qué la nature montre partout à ceux qui
'étudient' ses productions.
C’est aussi en disséquant les muscles des, quadrupèdes qu’il a trouvé dans
quelques-uns des clavicules bien formées, dont aucun ainatomisté n ’avoit encore
eu connoissance ( i)3, et', dans d’autres, des os places dans la môme région, que
l ’on appelle aujourd’hui du nom dz claviculaires , et que. l’on n’avoit point
encore observés, parce qu’où n’avoit point' assez’ examiné les muscles dans
lesquels ils sont flottans (2).
Riche de tant de découvertes, profondément instruit dans l ’histoire anatomique
des poissons, auteur d’un travail neuf sur la partie descriptive,et physiologique
dés os et des muscles des oisèaux,. .sur les organes de 1 ouïe et de la
voix, de recherches curieuses sur les phénomèmes de l’incubation, sur lés
nerfs cervicaux de l’homme, et d’une description fort bellndu cerveau (3), il
n’est point étonnant que Vicq-d’Azyr ait conçu le projet de rendre un compte
général de l’état de là science, et qu’il ait pensé à réduire à la même exposition
lès découvertes indiquées par chaque, auteur suivant une méthode particulière.
Personne n’étoit plus en état que lui de faire coïncider toutes lès observations
de Perrault, de Duverney, de Collins, de Daubent on, de Pallas (4), sur les
quadrupèdes et sur les oiseaux 5 celles de Charas (5) , de Roësel (6), de,1 abbé
Fontàna (7), _sur les reptiles 5 de Ray (8),' de Wiilughby (9), dArtédi (10) ,
de Gouan (11), de Bropssonnet (12), sur les ..poisson? ; de Swammerdam, cfe
(1) Voyez l’histoire du lièvre et du lapin dans le tome II de cet ouvrage.
(2) Voyez dans le même tome II l ’histoire du cochon d’I n d e e t dans ce volume celle du chat et
de la belette.
(3) Traité d’anatomie et de physiologie, avec des planches coloriées représentant au naturel les
divers organes de l’homme et des animaux. Paris, 1786, inAfol.
(4) Spicilegia zoologica, in-40. Berlin, 1767 à 1780.
(5) Nouvelles expériences sur la vipère, où Ion verra une descnpl. exacte de foutes ses parties, etc..,
par Moyse Charas, 2e, édit, Paris, 1694, in-8°.
(6) lîistoria naturdlis rarparum nostratiuni, in-fol. Nuremberg,- 1758,
(7) Traité des poissons , 2 vol, in - 12, Florence, 1781.
(8) Voyez la note suivante.
(9) Wiilughby, de Histqr. piscium lib. 4 et suniptïb. reg. Societ. Lond. edit. Totum opus recog-
novitrcoaptavit, supplevit, lib. 1 et 2 adjecit Joh. Rajus. Oxon., 1686.
(10) Içhthyologia sive opéra omnia de piscibus, in^8°. Leyde , 17Ô8.
(1 1) Histoire des Poissons, contenant la description anatomique de leurs parties, etc. Strasbourg,
1770, in-4°.
(12) P. M. A. Augustin Broussonne t , Içhthyologia, sistens piscium descript. e t icônes. Lond.,
1782 , m-4°- Outre plusieurs Mémoires insérés dans les Transactions philosophiques, et parmi ceux
de l ’Académie royale des Sciences.
Syst. Ânat. Tome III, c