
(3 t 2 Oifedtix.
corps ; la tête des vautours & celle des dindons
eft nue ; les jambes de 1-autruche & des échafliers ,
& les ailes des manchots font dans le même tas.
Les petites plumes du corps font difpofées en
quinconce. 11 nJy en a jamais fur les lignes latérales
du cou 8c de la poitrine , non plus que fur la
région de l'ombilic. ( Cuvier. )
Dans les oifeaux dont le vol eft é le vé , le plumage
eft plus denfe que chez ceux qui rafent
la terre dans leurs mouvemens ( i ) . Cette couverture
épaiffe les garantit du froid des hautes
régions de l'atmofphère.
Lorfque, dit Buffon ( i ) , on veut empêcher un
aigle de s'élever trop haut & de fe perdre à nos
yeux , il ne faut que lui dégarnir le ventre.^ Il devient
dès-lors trop fenfible au froid pour s'élever
à cette grande hauteur. f
Quoique l’aétion des climats foit, en général,
beaucoup moins puiflante fur les oifeaux que fur
les mammifères, elle fe fait fentir cependant encore
d’ une manière très-marquée fur le plumage
des premiers.
De la même manière, en effet, que la nature a
donné aux quadrupèdes qui fréquentent les eaux,
ou qui habitent les pays froids, une double four-
rure & des poils plus ferrés 8c plus épais > de
même tous les.oifeaux aquatiques & ceux des terres
du Nord font pourvus d'une grande quantité
de plumes & d’un duvet très-fin.
Les oifeaux prefque nus, au contraire, tels
qijé l'autruche & le cafoar, ne fe trouvent que
dans les pays chauds.
Une autre obfervation, digne de remarque egalement
, c’ eft que prefque tous les oifeaux des régions
tropicales, que l'éclat du foleil éclaire perpétuellement,
ont les couleurs de leurs plumes
bien plus vives & bien plus belles que celles de
ceux qui peuplent les froides & obfcures contrées
des pôles. Les perroquets, les oifeaux de paradis,
les colibris, les manakins, les pics, les martin-
pêcheurs, habitent, dans les_ deux Mondes, ces
plages méridionales qui produifent les pierres pré-
cieufes & les aromates. Les corneilles, les alouettes
, les grives,-les pies^ aux teintes pâles ou
rembrunies, fe trouvent dans les zones tempérées
ou dans les régions boréales. .
Bien plus, le défaut d'une expoficion habituelle
aux rayons du foleil & le froid rendent non-feulement
les couleurs du plumage moins vives, comme
on le voit pour le feiin des Canaries qui rtfte blafard
en cage, & dont les teintes font très-foncées
dans fon pays natal , mais encore ils les amènent
vers un état de pâleur fade & même 'de blancheur
complète. Les faucons, les corneilles, les perdrix
, les gëlinores, les lagopèdes des pays fepten-
trionaux , nous en offrent des exemples.^
La Qifon des amours contribue aulfi à embellir
le plumage des oifeaux; par les brillantes couleurs
qui viennent alors les animer, les mâles femblent
chercher à charmer les regards des femelles ; c'eft
alors que le paon revêt toute l’opulence d é fis
atours; que le combattant (tringapugnax , Linn.)
s'orne d'une collerette, ou plutôt d'une crinière
épaiffe de plumes diverfement colorées ( i) ; que
beaucoup de canards fe décorent des plus brillantes
peintures.
Abftrattion faite des variétés de couleurs, qut
font innombrables, les plumes préfentent des différences
de conformation très-mu tipliées.
Dans le cafoar à cafque, toutes les plumes font
dépourvues debarbules. Les pennes des ailes font
feulement au nombre de cinq , & femblabes à des
piquans de porc-épic; ce ne font, en effet, que
de fimples tiges roides, fans barbes, & qui fervent
I à l'oifeau d'armes pour le combat. Les^autres plumes
du corps ont deux tiges dans un même tuyau,
& leurs barbes, analogues à des crins, font ef-
pacéés, longues & fans barbules.
Dans le cafoar de la Nouvelle-Hollande, le
plumage eft plus fourni & les plumes plus barbues.
Les plumes de la queue de 1 autruche font flottantes
& ont des barbes pourvues de barbules,
mais qui rie s'accrochent point & demeurent
flexibles. . - / r i
Il en eft de même de celles qui garnment les
ailes dans cet oifeau. Toutes font effilées, décom-
pofées, comme formées de longues foies détachées
les unes des autres; elles ne peuvent faire
corps enfemble pour frapper l’ air avec avantagé,
ce qui eft la principale^foq£tion des pennes de
l'aile : & , Ce qu’il y a de remarquable, c'eft que
toutes les plumes du corps font encore faites de
même. L'autruche n’a point, comme la plupart
des autres oifeaux, des plumes de plüfieurs fortes
, les unes lanugineufes & duvetées > qui font
immédiatement appliquées fur la peau; les autres
d'une conliftance plus ferme & plus ferrée, qui
recouvrent les premières ; 8c d’autres encore plus
longues qui fervent au mouvement. Toutes les
plumes, dans cet animal, font de la même ef-
pèce, toutes font inutiles pour voler ou pour diriger
le vol ; aufli l’autruche eft elle attachée a la
terre & condamnée à en parcourir laborieufe-
ment la furface, fans jamais s'élever dans l’air.
Les oifeaux de la famille dés nydtëriens, parmi
les rapaces, ont les plumes fi douces & les barbes
couvertes d’ un duvèt fi long 8c fi foyeux > qu a
peine les entend-on voler.
Dans le dindon mâle, il exifte, a la bafe du
cou , un bouquet de poils qu'on pourroit regarder
comme dés plumes (ans barbes.
Les plumes qui forment l’aigrette du paon n ont
point de barbules dans leur partie moyenne & inférieure.
( O Ray , S y n o p f. av ium , pag. 2.
(2)Z.C.
. (i) Alors autti la tête de cet oifeau bizarre fc couvre en
partie de papilles rouges.
Oifeaux, 6 1 3
Celles de l’aigrette de l’oifeau royal ( ardea pa-
vonina ) font tordues en fpirale fur elles-mêmes,
& leurs barbes ne font que des poils déliés.
Il en eft de même de celles qui compofent l’aigrette
de l‘ardea gar^etta , de Linnæus.
Quelques oifeaux ont les plumes du corps foyeu-
fes ôc garnies de barbes fines, ferrées & luifantes.
Le bouvreuil (loxia pyrrhula, Linn.) , le piauhau
( mufcicapa rubricollis, Gmel ) , le pélican (pe-
lecanus onocrotalus, Linn.), nous en offrent des
exemples. \
Les plumes de la tête du manakin érythrocé-
phale (pipra erytkrocephala ) & du momot ( rum-
phaftos momota, Gmel.) ( i ) , font dans le meme
cas. ~
D’autres oifeaux, au contraire, ont le corps
couvert de plumes lâches, dont les barbules,
quoique très-vifibles &c fouvent fort longues,
font trop efpacées pour pourvoir s’accrocher les
unes aux autres. Les toucans en préfentent de
cette efpèce.
On en remarque de pareilles fur lés hypochon-
dres de l’oifeau de paradis ( paradif&a apoda,
Lin n .), fi.rie croupion du paon mâle, au pourtour
des oreilles de la chouette, fur les cuiffes
du jabiru & de l’oifeau royal.
Les plumes du croupion dans le merle doré
{turdus aurai us ) 3 celles de la queue dans la pie
( corvus pica, Linn.) & celles du cou dans le canard
commun ( anas bofchasi Linn.) font comme
farinées, garnies de barbes ferrées à barbules longues,
fines comme de la foie & couchées fur leur
furface.
D’autres plumes portent des barbes larges ,
liffes ,'& brillantes des couleurs métalliques les
plus éclatantes. Pufieurs colibris (trochilus, Linn.),.
lé jacamar ( gàlbula paradif&a , L a th.), le couroucou
( trogon curucui) , le paon mâle, le fifilet (pa-
ràdif&a aurea, Gmel.), en offrent de ce genre fur
diverfes parties de leur corps.
Il eft des plumes d'un éclat encore fupérieur &
qui imite ctlui des pierres précieufes. Cette particularité
eft due à l’extrême denfité de leurs barbes
& au poli de leurs furfaces. Ces plumes font
toujours petites, & les barbes en terminent la tige
par dés demi-cercles imbriqués les uns fur les autres
à la manière des écailles des poiffons. On voit
briller de ces plumes fur la tête & la gorge, ou le
ventre de quelques colibris ( trochilus fmaragdo-
fapkirinus, Vieil!., & c . ). •
Les chimiftes qui fe font occupés de l’analyfe
des plumes nous ont appris qu’ elles ont, fous le
rapport de leur compofition, la plus grande analogie
^vec les poils. On en obtient les mêmes produits
par les mêmes moyens; elles contiennent
cependant moins de mucus.
Enfin, les recherches des phyfiologiftes, e,n
(i.) Le momot eft rapporté, par M. Illiger^ au genre
p r io n ifte s, de l’ordre des paftcreaux. .
nous mettant à même de coftnoître le mode de
développement des plumes, nous ont donné une .
idée plus nette de leur ftru&ure, que celle qui
peut naître d'une fimple infpeétion. Il réfulte de
cès recherches, qu’en fortant de l’oe u f & pendant
Us premiers jours qui fui vent fa naiflânce., le petit
oifeau eft recouvert de poils plus ou moins ferrés,
excepté fur la région du ventre. Ces poils, qui
varient en couleür & en épaiffeur, forcent de la
peau par faifc.eaux de dix ou douze. Ils font implantés
fur un bulbe ou follicule qui paroît contenir
le rudiment de la plume, laquelle, au bout de
quelques jours, fe manifcfte au dehors.fous l'ap—
parence d'un tuyau noirâtre, ayant le faifceau
commun des poi s adhérent à fon Commet (r).
A mefure que la plume croît 8c fe développe ,
le poil tombe.
Dans quelques familles, comme celle des rapaces,
le poil refte pourtant long-temps a.lhérent
à fon extrémité fous la forme d’une efpèce de
duvet.
Ce n’eft, au refte, qu’à cette feu’e époque de
leur vje q ie les oifeaux ont des poils. Lorfqu’en
effet, par la fuite, les plumes croiffent de nouveau,
comme dans le temps de la müe, il n'y a,
plus d'apparence de poils.
La gaïne noirâtre qui donne naiffance à la plume,
eft un tube fermé de toutes parts, excepté à ion
extrémité implantée dans la peau, où l’on remarque,
un petit trou qui laifie entrer des vaifleaux
fangui.ns dans fon intérieur.
Quand cette gaîne s’.eft échappée de la peau ,
elle fe find par l'aétion defféchante de l’air & par
la force d'expanfi.on des parties qu’ elle contient.
Il s’y fait une déchirure longitudinale, & l’on en
voit fortir les barbes terminales 8c enfuite l’extrémité
de la tige de la plume. Plus celle-ci croît,
plus la gainé fe déchire, & fes tuniques deffé-
chées fe détachent & tombent fous la forme
d’écailies légères 8c pellucides.
S i, dans le moment d’ accroiffement, on ouvre
le tuyau dans le fens de fa longueur, on recon-
noît qu'il eft formé de couches nombreufes 8c
cylindriques d'une matière cornée & tranfpa-
-rente, & qu’ il renferme un cylindre d ’une fubf-
tance gélatîneufe, dans laquelle ferpentent des
vaifleaux fanguins.
Le fommet de ce cylindre gélatineux eft conique
& plus dur que le refte ; il eft enveloppé
d’ une couche de matière noire qui eft le premier
rudiment des barbes de la plume.
L’accroiifement du cylindre gélatineux fe fait
en.longueur. Son fommet conique fort de la gaîne
en chalîant devant lui cette couche de matière
noire, qui fe fend en fe ddféchant & forme les
premières barbes. La tige de la plume s’alonge
8c fe durcit en même temps. Mais, à peine le
premier cône a-t-il franchi la gaîne, qu’il s’en (i)
(i) Cuvier, l . c . , tome II , page 604*