
tion de cet aête, leur corps eft d’ une forme ovale, ,
leur épine dorfale inflexible offre un point d’appui
à l'aétion violente des ailes, dont les organes
moteurs trouvent des infertions multipliées fur un
fternum élargi en plaftron , à la vérité, mais muni
d’une carène propre à fillonner la vafte étendue
des airs.
N’oublions pas non plus que les os de la fourchette
réunis en forme de V , écartent les épaules
& réfiftent avec élafticité aux mouvemens énergiques
qu’exige le vol.
Les effets de ce vol font bien étonnans & influent
fur les habitudes de ces animaux, en rendant
leur inftinét différent de celui des mammifères.
L'aptitude au mouvement paroît leur être plus naturelle
que le repos. Il y en a , comme les oifeaux
de paradisy les mouettes & les martins-pêcheurs,
qui femblent être conftamment en mouvement &
ne s’arrêter que par inftans. Plufieurs fe joignent,
fe choquent, femblent s’unir dans l’air, ditBuffon;
tous faififfent leur proie en volant fans fe détourner
j au lieu que le quadrupède eft forcé de prendre
des points d’appui & des momeos de repos. L’oi-
feau peut donc faire beaucoup plus que lui en
moins de temps, parce qu’ il fe meut avec plus de
yiteffe, plus de continuité*, plus de durée.
Et en effet, comparons fa viteffe avec celle des
quadrupèdes dans leurs plus grandes courfes naturelles
ou forcées, & nous verrons à quel point il
l ’emporte fur eux pour la durée & la continuité
du mouvement, comme pour la proportion du
temps & des efpaces à parcourir.
Le ce r f, le renne & l’ élan peuvent faire quarante
lieues en un jour; le renne attelé à un traîneau,
en fait trente & peut foutenir ce même
mouvement plufieurs jours de fuite ; le chameau
peut faire trois cents lieues en huit jours; le chev
a l, élevé pour la courfe & choifï parmi les plus,
légers & les plus vigoureux, pourra faire une lieue
en fix ou fept minutes j mais bientôt fa viteffe fe
ralentit, & il feroit incapable de fournir avec cette
rapidité une carrière un peu longue. O r , la viteffe
des oifeaux eft bien plus grande; en moins de
trois minutes, on perd de vue un milan qui s’éloig
n e ,, un aigle qui s’élève, & qui préfente une
etendue dont le diamètre eft de plus de quatre
pieds. On doit, avec Buffon, inférer de ce fait
que l’oifeau parcourt plus de fept cent cinquante
toifes par minute, & qu’il peut fe tranfporter a
vingt lieues dans une heure, ou parcourir deux'
cents lieues tous les jours en dix heures de vol.
Auffi, en moins de fept à huit jours , nos hirondelles
& nos autres oifeaux voyageurs fe rendent
de notre climat fous la ligne. Adanfon ( i ) a ob-
fervé, à la côte du Sénégal, des hirondelles arrivées
le neuf o&obrei c’eft-à-dire, huit ou neuf
jours après leur départ d’Europe. En Perfe, le
pigeon "melTager fait en un jour p’us de chemin
qu’un homme ne peut en faire en fix ( i ) . Qui n’a
entendu parler du fameux faucon de Henri II, qui,
à Fontainebleau, s’étant emporté après une cane-
pétière, fut pris le lendemain à'Malte, & reconnu
a l’ anneau qu’il portoit? Un autre faucon des
Canaries, envoyé au duc de Lerme,revint d An-
daloufie à l’ île de Ténériffe en feize heures,
ce qui fait un voyage de deux cent cinquante
lieues (2). A la Barbade, les mouettes vont fe
promener en troupes à plus de deux cents milles
dediftance, & reviennent le même jour (5).
D’après tous ces faits, & un grand nombre
d’autres qu’il feroit facile de citer, car fi nous
avions befoin d’exemples,.ils nous inonderoient
en foule, on pourroit croire qu’ il eft auffi effen-
tiel à l’ oifeau de vole r, qu’ au poiffon de nager &
au mammifère de marcher. Cependant il y a des
exceptions à la règle générale dans toutes ces
claffes d’animaux. De même que, parmi les mammifères,
les chauves-fouris & les no&ylions volent
& ne marchent pas; les morfes, les dugongs,
les lamantins & les baleines ne peuvent que nager;
de même, dans les oifeaux, 1 autruche, le cafoar,
le dronte, marchent fans pouvoir voler ; les pingouins
& les manchots volent & nagent, & ne fau-
roient marcher. Leurs ailes font fi petites, qu eues
paroiffent n’être là que pour ne pas faire d exception
trop marquée aux règles de la reffemblance
des claffes.
Au refte, dans la claffe d’animaux que nous
examinons, on peut deviner le genre d’aêtion des
êtres par l’ infpe&ion de leurs organes, & tout
cela par la raifon que la vie femble s’accumuler
dans les membres les plus exercés , qu’ elle fortifie
autant qu’elle laiffe les autres dans 1 imperfection.
Si donc nous en exceptons les rapaces,
nous trouverons que les pieds ont plus de vigueur
pour marcher ou pour nager, à mefure que les
organes du vol font moins puiffans, comme on
l’obferve chtz les gallinacés, quelques échaffiers
& des palmipèdes. Au contraire , plus les ailes
font étendues & fortes, les mufcles peCtoraux ro-
buftes , plus le vol eft foutenu & élevé , & moins
les jambes font faites pour la marche ; elles femblent
même s'oblitérer dans les hirondelles, les
engoulevens, les oifeaux de paradis, les frégates,
& c .
Maintenant que nous connoiffons les caufes &
les effets prodigieux du vol dans les oifeaux , exar
minons avec quelqu’ artention le mécanifme à
l’ aide duquel cet aCte s’exécute.
Tout oifeau qui veut v o le r , commence par
s’ élancer dans l’air, foit en fautant de terre, p
en fe précipitant de quelque hauteur. Pendant ce
(1) Voyage de Pietro.della Valle, tome I , pag. 4*6.
(2) Obfervdt. de firEdmund Scoty. Voy. Purchafs. p. 78s.
(3) A Voyage to the IJlands.... withthe natural Hifiory, »
by sir Hans Sloaiïe. London,(1) au Sénégal* ■ com. I , p. 27.
1 l’humérus eft porté en avant, en même temps que
les mufcles extenfeurs des membranes de l’aile,
de l’ avant-bras 8c du doigt achèvent de développer
temps-là, il élève l’humérus & , avec ■ § toute .
l’aile encore ployée; il la déploie enfuite dans un j
fens horizontal, en étendant l'avant-bras 8c la
main. Lui ayant ainfi donné toute 1 étendue de 1
furface qu’elle eft fufceptible d’acquérir, 1 1 abaifle
fubitement, 8c la réfiftance de l'air à admettre ce
mouvement qui lui eft fi rapidement imprimé | reporte
une partie de l’effort vers le corps de 1 oi-
feau. Une fois l'impulfion donnée, celui-ci ferre
l’aile, en reployant les articulations, 8c il la relève
pour donner enfuite un fécond coup 8c trouver
de nouveau un point d'appui fur lequel il fait
un autre bond. |
La viteffe qu'il acquiert ainfi pour monter, 8c
comme par une fuite de fauts continus, eft gra- |
duellement diminuée par l’tffet de la pefanteur,
comme dans l’afcenfion d'un projeélile quelconque,
8c il arrive un inftant où les deux puiffances
oppofées font annihilées, 8c où l’oifeau ne tend
ni à monter ni à delcendre. S il choifit precifé-
ment cet inftant pour donner un nouveau coup
d’aile, il acquiert une nouvelle viteffe afeendante,
qui le porté aiifli loin que la première, 8c , en
continuant ainfi, il monte d’une manière uniforme.
S'il donne le fécond coup d’aile avant d ette
arrivé au point où eft perdue la viteffe acquife
par le premier, il ajoute la nouvelle viteffe à celle
qu'il confervoit encore , 8c il monte d un mouve-
vement accéléré.
Le premier élan que l’oifeau fe donne, eft produit
par un faut des pieds ; auffi 1 alongement du
métararfe eft-if ici une condition indifpenfable,
8c, comme nous l'avons d it, l'étendue de cet os
fupplée au déficit de longueur qui fuit néceffaire-
ment la flexion de la cuilfe 8c de la jambe. Nous
remarquons, en effet, que les oifeaux qui ont les
pieds très-courts 8ç les ailes très-longues, comme
les martinets Sc les fous, ne peuvent avoir l’ef-
pace néceffaire au développement de leurs ailes,
ïorfqu’ils font à terre, 8c ne prennent leur vol
qu’avec beaucoup de peine. J. Fabricio d Aqua-
pendente avoit donc raifon de regarder la grandeur
des membres abdominaux des oifeaux comme
néceffaire au libre ufage de leurs ailes ( i) . Les
détails anatomiques confirment cette affertton, 8c
en démontrent tnconteftablement la vetité.
Mais il ne fuffit pas, pour v o le r , que l'oifeau
s’élance dans l’atmofphères pour que les ailes fe
développent 8c puiffent fe mouvoir avec force 8c
avec fûreté, il faut encore que 1 omoplate 8c la
clavicule foient fixées ; c ’eft ce que font les
mufcles trapèze, rhomboïde, grand dorfal, cofto-
fcapulaire 8c court claviculaire ; bientôt, le point
d'appui étant donné, les mufdes moyen peétoval,
deltoïde 8c fous-clavier interne fe contraéfent, 8c
(l) De alarum AUione , h. e. de volatu. In oper, pmnih,
anatom, 6 phyjiolog. lû-fol. Lugd. Bar., i j 38 , pag* 372,
le membre thoracique, 8c que les pennes font
I écartées les unes des autres, ce qui donne à l’aile
autant de furface que poffible. Le mufcle grand
peéforal ne tarde point à abaiflèr celle-ci, qui
frappe avec force un grand volume d’air; prefque
fimultanément, les mufcles petit peéforal, fous-clavier
externe, huméro-claviculaire 8c huméro-fea-
pulaire rapprochent l’humérus du thorax, toujours
pourtant eu continuant de l'abaiffer. Le mufcle
fus- fcapulaire agit enluite, en le relevant un peu ;
le corps de l’oifeau monte ou avance à l’aide du
| coup frappé précédemment, en même temps que
les mufcles biceps 8c fléchiffeur entrent en aétion
8c diminuent le volume de l'aile.
On peut donc diftinguer trois temps dans le vol
des oifeaux : dans le premier, 1a clavicule 8c l'o moplate
étant fixées, l’aile fe porte en haut & en
devant, 8c fe développe ; dans lé fécond, l'aile ,
encore étendue, s'abaiffe fortement 8c fe porte
obliquement en arrière ; dans le troifième , l’os
humérus eft rapproché des côtes; l’avant-bras 8c
le doigt font fléchis, 8c l’ oifeau fe meut par le fe-
cours de la viteffe qu’ il vient d'acquérir.
Ces trois périodes fo n t , fans doute, très-variées
dans le vol des différens oifeaux ; mais il eft
toujours très-facile de les y retrouver cependant.
C ’eft ainfi que tout oifeau s'élève dans l’atmof-
phère. S’ il ceffe de frapper l'air à l’inftant où fa
viteffe afeendante eft épuifée, il commence à re-
defeendre avec une vit ffe accélérée. S’il fe laiffe
retomber jufqu’ à la hauteur du point de départ,
il ne peut remonter auffi haut que la première
fois, àmoins d’un coup d’aile beaucoup plus fort;
mais, en faififfint, dans fa chute, un point tel que
la viteffe acquife pour defeendre 8c le moin-
I dre efpace qu’il y a à redefeendre fe compenfent
| réciproquement, il pourra, par une fuite de vibra-
j tiorts égales, fe maintenir toujours à la même
j hauteur.
I Pour defeendre, il répète moins fouvent fes
j coups d’aiie, ou même il les fupprime tout-à-fait.
J Dans ce dernier cas, il tombe, fuivant les lois
I qui régiffent la chute des graves en général.
J Mais l’oifeau qui defeend ainfi peut retarder
! fubitement fa chute en étendant les ailes, car la
réfiftance de l ’air augmente dans la proportion du
| carré de la viteffe, 8c en y ajoutant quelques vibrations
, il peut de nouveau s'élever.
Le vol eft loin d’être le même dans tous les
l oifeaux i il n’eft tel que nous venons de le dé-
1 crire, c’eft-à-dire, vertical, que dans ceux dont
S les ailes font entièrement horizontales, comme
j les alouettes 8c les cailles. Affez généralement il
[ n’en eft point ainfi ; les ailes font, en effet, plus
I I ou moins inclinées 8c regardent en arrière dans la
j plupart des efpèces. Il en réfulte plufieurs va-
! riétés de vol dans des direéfions obliques ou plus
' D d d d a