
dérobent à ses yeux; elle est encore la source des çonnoissances du vrai philosophe
dans son union avec la physiologie; Se donnoîtré soi-même, aussi bien
que possible, avoir une idée des rapports qùi nous lient à tous les objets qui
composent la nature, voilà certainement, en effet, les fondemens de la bonne
philosophie,- de-celle qui est basée sur la raison , et cesibndemens, c’est la physiologie
qui les pose. i j
Faisan t partie d’une association qui, dans son vastè plan, a appelé à son aide les
secours de toutes les connoissances humaines , je n’ai pas voulu m’écarter du but
quelle s est proposé, l’utilité générale et l ’avancement de la science. J’ai coordonne
les vérités recueillies jusqu’à nous dans cette science; je n’ai voulu voir
dans les faits que les faits eux-mêmes et les conséquences qui eh dérivent immédiatement,
persuadé qu’eux seuls sont utiles, que sans eux il n’y a qu’incertitude
et erreur. Dans le tableau rapide que je vais essayer de tracer, on pourra juger
de 1 ordre que j ’ai suivi, tout en voyant se développer d’üne manière générale les
principes fondamentaux de là science, et en appréciant les circonstances qui doi-
Vent favoriser ses progrès. “
Trop long-temps la physiologie, e t, l’on aura de la peine à le croire, l ’anatomie
elle-même, ont été la proie des sectes et des factions philosophiques; trop
long-temps leur marche a été embarrassée par ces sortes d’entraves, qu’ùn a
décorées du nom de systèmes; leur beauté a été flétrie par les efforts mal dirigés
de ces hommes qui ne veulent point se soumettre à greffer sur la nature, suivant
I expression d’un auteur anglais.
Un meilleur sort leur paroît aujourd’hui réservé.
Deporuillees des explications vagues, libres des hypothèses absurdes, dont les
siècles passés les avoient surchargées , elles s’avancent d’un pas fermé et sûr
dans le sentier de la vérité, et ne sèment plus l ’erreur autour d’elles. Simples
et egalement au-dessus de l ’ignorant qui méprise les richesses qu’elles traînent à
leur suite, et du spéculateur qui en abuse, elles ne reconnoissent pour leurs
ministres que ceux qui savent deviner le secret de la nature par dés observations
le dérober par des expériences, le pénétrer par l ’analyse. Elles développent à
nos yeux les phénomènes qui accompagnent les actions et les mouvemens des
animaux, les lois qui dirigent ces opérations, l’histoire des propriétés et des
fonctions de la vie auxquelles il faut ultérieurement les rapporter , 7 distinction
ditionsPr° P7 teS * S Pr° PriétëS ph^sitIUeS générales, l’analyse des con-
di ions simples qui coopèrent à l ’exercice de chaque fonction, le tableau de
naturelle.8 ^ I ^ ^ VÎe danS leur ordr& de succession
Mais ce m’est point assez pour elles d’étendre ainsi leurs recherches dans
organisation physique des animaux, d’enseigner le mécanisme des rouages qui
les font sentir et se mouvoir; des faits d’un autre ordre semblent sous leur
dépendance, et composent la plus belle et la plus précieuse partie d’elles-mêmes.
Elles'développent, pour ainsi dire, les opérations du principe intellectuel, et
nous appellent à méditer sur des résultats aussi élevés qu’intéressans.
N’est-ce pas en effet la métaphysique qui demande à la physiologie et à l’anatomie
de lui dévoiler l’histoire des sensations, des passions et des autres phénomènes"
moraux de l’existence animée, et une même chaîne n’embrasse-t-elle
pas ainsi, comme l’a dit quelqu’auteur, tous les mouvemens de notre corps,
toutes les idées de notre esprit-, tous les sentimens de notre coeur?
Mais il est nécessaire de soutenir bien des travaux, de se prêter à bien des soins,
de dévorer bien des difficultés, avant de venir à bout d’en lier entr’eux tous les
chaînons. Loin de moi une pareille prétention ; cependant si jamais je me sentois la
force de la concevoir, je me dirois : L ’homme qui veut faire avancer la science et '
arriver à ce but philosophique ne doit point se bornér à étudier Ce que l ’anatomie
et la physiologie offrent de connu ; il doit viser aux moyens de. les perfectionner.
II faut qu’il éprouve pour elles cette passion constante et ferme qui s’anime par
le temps, qui s’échauffe par lés difficultés, qui sé roidit contre les obstacles pour
les surmonter. En entrant dans la carrière, il n’a point dû se dissimuler que, si son
projet étoit beau, que s’il présèntoit à son imagination une brillante étendue, la
routé étoit semée d’epines; la tâche longue, et l’exécution difficile. Qu’il se propose
cependant pour modèles ceux qui l ’ont précédé et qui ont emporté l’estimé
générale, et i f se trouvera soulagé ; qu’il ne se laisse point effrayer par l ’exemple
de ceux qui, dans le cours de leurs utiles travaux, ont été lès” victimes de leur
passion sacrée pour la science, et il approchera du but. Et d’ailleurs le dévouement,
généreux, le sacrifice utile que l ’on fait de sa vie, sont-ils donc sans
avoir quelque douceur !
Telles seroient mes réflexions.
Mais cet homme, ajouterois-je bientôt, quel moyen devra-t-il mettre en
usage, pour parvenir à la fin qu’il se propose ? Suivant quels principes dirigera-
t-il ses efforts ? N’est-cè point là surtout ce qu’il est important qu’il connoisse,
ce dont fl faut qu’il s’occupe sans cesse? Oui, sans doute.
11 cherchera d’abord à perfectionner, à étendre l’art de l ’anatomiste ; il ne lui
suffit donc pas de conn.oître parfaitement les parties que d’autres ont découvertes
avant lui, il faut encore qu’il en démontre lui-même de nouvelles-; il est
par conséquent indispensable qu’aucun des procédés mis en usage ne lui soit
étranger, et que lui-même soit capable de les perfectionner et de les étendre, ou
d’en imaginer de plus parfaits; qu’il sache mettre à-profit les agens chimiques
pour la préparation des objets d’anatomie, que l’adresse et la patience ne suffisent
point toujours pohr démontrer dans tous leurs détails; et ainsi la science
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