
Jes bords de poils rares & roides. En dedans elles
font liffes3 ainfi qu’ en dehors, & l’animal peut les
mouvoir à volonté. Sur la tête du rhinocéros bicorne
, décrite par Camper, elles avoient huit
pouces & demi de longueur, fur cinq pouces de
largeur. Sur celui qui a fervi de modèle à la def-
cription de Daubenton , elles avoient un pied de
longueur & étoient éloignées l’une de l’autre, à leur
bafe, de fix pouces. Leur bafe eft entourée d’un
repli de la peau; leur fommet eft pointu. ( Dau-
benton. ) Elles reffemblent affez à celles du cochon,
mais elles font moins grandes à proportion du
corps. ( Buffon.)
838. Le conduit auditif externe. Il defcend fui-
vant un angle de 45°. fans fe dirig r ni en avant
ni en arrière. (Cuvier.)
840. La cavité du tympan. L’os particulier qui
la renferme eft anguleux à l’extérieur. (Idem.)
S e c t i o n n e u v i è m e .
867. L'odorat en général. Il eft très-fubtil. ( Spar-
mann.)
868. Le nei en général. Les ouvertures des narines
font placées très-près de la gueule; elles ont
beaucoup d ampleur; elles avoient deux pouces &
demi de longueur dans un rhinocéros bicorne
dont Buffon a donné les dimenfions. Elles font
placées de chique c ô té , au-deffus de la lèvre
fup^rieure, formant chacune une double fiiiuo-'
lîté comme une S renverfée , & s’étendant en arrière
jufqu’au-deffus des coins de la bouche.
(Daubenton. )
07Z. Les fojfès nafûtes. En comparant ces cavités
& les os fpongieux qui les garniflent, dit
Camper, à ceux des chiens, des lions & des
autres anirnaux dont l'odorat eft très-fin, on ne
peut s'étonner aflez. de l'alfertion de Sparmann ,
qui donne au rhinocéros une grande fupériorité
fous le rapport de ce fens.
Il n'y a point de finus frontaux.
S e c t i o n o n z i è m e .
876. Lsjteau en général. Dzm le thinocéros uni-
corne d'Afie, la peau forme de greffes rides très-
faillantes, comme des bourrelets ou des plis.
Plufieurs de ces plis s'étendent autour du cou, en
manière de cravate , & fe réunifient au-deffous de
lui en formant une forte de fanon,. Deux autres
plis traverfent la région fupérieure & poftérieure
du c o u ,& aboutiffentpar chacune de leurs extrémités
à un pli qui s’étend obliquement du devant
de l’épaule au garrot. Derrière celui-ci eft un
autre pli qui defcend de chaque côté derrière l’épaule
, le bras & la partie fupérieure de l'avant-
bras, fe courbant & fe prolongeant antérieurement
fur cette dernière partie. Il y a au-deflus de
la croupe un autre pli qui defcend de chaque côté
fux le flanc, jufqu’au-devant du genou, puis fe
replie en avant fous le ventre. Un autre encore s’étend
en travers fur le haut de la cuiflè , depuis le
flanc jufqu'à l'origine de la queue i & enfin , un
dernier eft placé tranfverfalemenr fur la partie inférieure
de la jambe, au-deflus du talon. Tous ces
plis ont jufqu’à trois ou quatre pouces de faillie.
( Daubenton. )
Dans le rhinocéros du Cap de Bonne-Efpérance
on n obferve aucun de ces plis (Sparmann) t ou
bien l’on voit feulement ceux que forment naturellement
les mouvemens du corps (Allamand) ,
& fur les flancs neuf plis latéraux d’un pouce &
demi de profondeur (Idem), dont Sparmann ne parle
point & dont Camper confidère l’exiftence comme
la fuite daine faute dans la préparation d’ une peau
empaillée.
Le rhinocéros de Sumatra eft également dépourvu
de plis.
La peau des rhinocéros eft fort épaiffe & très-
dure , mais elle cède aux mouvemens de l’animal
à 1 endroit des plis qu'elle forme; auffi la plupart
fe trouvent-ils placés & difpofés de façon à fuivre
les mouvemens de la tête & des jambes : elle eft
douce, unie, d’un rouge-pâle dans la profondeur
des- plis, & fous les parties antérieure & poftérieure
du ventre; partout ailleurs elle eft rude,
brune , parfemée de tubercules plats qui reffem-
blent à des croûces & qui font de différentes grandeurs
; les plus grands font fur les épaules, fur la
crouoe & fur les jambes. (Daubenton. )
On^ prétend généralement que telle eft la
dureté & l’épaifleur de cette peauj qu’elle ne craint
ni la griffe du tigre , ni l’ongle du lion, ni le fer,
ni le feu du chaffeur. L’acier de Damas,- les fabres
du Japon ne l’entament point; auffi fabrique-t-on
avec elle des boucliers (1 ) ; on affure même que
les balles de plomb viennent s’aplatircontre elle, &
les chaffeurs font obligés de vifer au ventre, aux
yeux & autour des oreilles. Àu refte, les rhinocéros
d Afrique font, fous ce rapport, beaucoup moins
bien a 1 abri que ceux d’Afie. En Abyffinie on les
tue avec demauvaifes flèches & avec des javelines
lancées fans beaucoup d’adreffe. (Bruce.) Leur
Pe3U eft d ailleurs fi fenfible, qu’ils redoutent extrêmement
les piqûres des moucherons. ( Camp. )
Un morceau de peau de rhinocéros defféchée,
montrée a Daubenton par de Juflîeu, avoir cinq
lignes d épaiffeur. Elle peut offrir un demi-pied
d’épaiffeur fur la région poftérieure du corps (2).
Sa fur face eft raboteufe & gercée. (Sparmann.)
Bruce attribue les tubercules de la peau du rhinocéros
aux piqûres d’une forte de taon, mais
Daubenton les a aperçus fur un foetus qu’il a eu
occafion d’examiner. Ils étoient aplatis & avoient
quelque rapport avec les pièces de la.cuiraffe des
(1) Voyages de la Compagnie des Indes orient., t. VII.
.(.2) Latreille, d'après Sparmann, édition du Buffon de
Sonnini, tome XXVIII, page 330. Il y a probable ment
ici çjuelqu’erreur,. '
tatous. Ils avoient la forme d’un polygone hexagonal.
Leur centre étoit creufé par une petite cavité.
Les plus grands occupoient les jambes; les plus
petits, les côtés de la tête & du cou.
877. L'épiderme. Il a peu d’épaiffeur; il eft
brun, & fe fépare aifément de la peau. ( Daubenton.)
Sous les pieds il forme une femelle mobile
( Buffon) , & il eft conformé comme celui de l’éléphant.
( Cuvier. )
883. Les poils. Sur le rhinocéros adulte on
n’en obferve que quelques-uns çà & là, & la peau
en eft pour ainfi dire entièrement privée : dans le
foetus décrit par Daubenton, on voÿoit fur le dos
un poil court, fr ifé , épais & jaunâtre; il y en
avoit quelque peu auffi fur le garrot, fur les
épaules & fur la croupe. Dans un rhinocéros dont
l’efpèce a difparu dequis Iong-temps.de la furface
du globe, & dont on a retiré un individu du fein
des glaces fur les bords du Vilhoui, en Sibérie,
la peau étoit velue comme dans la plupart des
autres mammifères.
. Cependant, dans l’efpèce d’Afie,les oreilles font
bordées de poils de d,eux pouces & demi de longueur.
(Buffon..) Il y a également quelques-unes
de ces foies autour des yeux, mais il en fort de
très-marquées de l’extrémité de la queue. Celles-
ci font noires; les plus grandes ont près de deux
pieds de longueur & trois quarts de ligne de diamètre.
Elles font légèrement aplaties. (Daubenton. )
884. Les fabocs. Ils font au nombre de trois à
chaque pied ; celui du milieu eft plus gros que les
deux autres. ( Daubenton. ) Leur intérieur eft remarquable,
comme cela a lieu auffi pour l’éléphant,
par des filions profonds & réguliers, qui
reçoivent des James faillanres de la dernière phalange.
( Cuvier.)
885. Les cornes. Quelques individus ont trois
cornes l ’une au-devant de l’autre fur la ligne
moyenne de la tête (t). Pallas a vu une de ces
têtes dont la première corne avoit dix-huit pouces
de longueur, la fécondé douze, & la troi-
fième huit feulement (2). Il paroïtque ces cas font
des exceptions.
Les rhinocéros d’Afrique ont deux cornes feulement,
difpofées de la même manière.
Celui de Sumatra eft dans le même cas.
Ceux d’ Afie n’en ont qu’ une feule.
Quand il n’exifte qu’une corne , elle eft portée
par la tubérofité que- préfentent les os du nez.
-S’il y en a deux, la première eft placée au
même lieu; feulement la tubérofité eft ici portée
plus en devant. La fécondé eft poféé fur la réunion
des os frontaux, qui dans cet endroit offrent
auffi une difpofiiion particulière, comme les os
du nez.
Ces cornes ne font en aucune façon foudées au
(1) Zimmerman , Spec. Zool.> pag. 379.
(2) Comment. Acad. Petrop., XIII, 4^7»
crâne, comme l’a prétendu Kolbe : elles font corps
fimplement avec la peau, & font fi mobiles & lî
lâches, que quand l’animal marche, on les voit ba-
lo ter, ou fe heurter l’ une contre l’autre ( Spar-
mann ) ; dans le rhinocéros d’Afie, la corne unique
eft cependant fixée folidement.
Elles exiftent également dans les deux fexes,
mais ne font pas toujours proportionnées à la grandeur
de l’individu, comme la première ne l’eft
pas à la fécondé. ( Sparmann.) Toutes les fois, au
refte, qu’ il y en a deux, l’ antérieure eft la plus
grande. Leur proportion varie : : 2 : 1 (Allamand) ,
ou : : 3 : 1 ( Buffon ) , oïi : : 3 : 2, ou 1 : 4: 1 .
(Camper. ) On conferve dans le cabinet de l’Académie
royale des fciences de Suède, une paire de
cornes d’un rhinocéros dont l’antérieure a vingt-
deux pouces de longueur, & la poftérieure feize.
Les dimenfions abfolues des cornes de rhinocéros
varient d'ailleurs beaucoup auffi. Leur longueur
neparoît pas dépendre de l’âge de l’animal.
(Sparmann.) On a vu des cornes du rhinocéros
d’Afie avoir jufqu’à trois pieds & demi & quatre
pieds d’étendue, fur fix à fept pouces de diamètre
à la bafe. (Buffon, Daubenton.)
Toutes les cornes doubles font aplaties au-deflus
d’une couronne de poils qui en entoure la bafe;
la poftérieure eft prefque toujours plus plate &
plus large que celle du devant. ( Camper.) En général,
celle du rhinocéros d’Afie eft ronde jufqu’à
fon extrémité. (Idem.) Toutes, au refte, font
coniques & ont leur axe incliné en arrière. Le grand
diamètre horizontal de celles qui ont une bafe elliptique
fuit la longueur du chanfrein. 11 y a fous
cette bafe une concavité d’ un à deux pouces de
profondeur. La corne fe recourbe en arrière à
quelque diftance de fon infertion. Il y a auffi , la
plupart du temps, à fa furface, un fillon longitudinal.
La concavité de la bafe eft recouverte d’uné
forte d’écorce, au-deffous de laquelle on aperçoit
de petits orifices placés les uns à-côté des
autres. Sur la coupe tranfverfaie & polie de la
corne, on voit, même à l’oeil nu, de petits difques
rangés très-près les uns des autres, & ayant dans
leur centre un trou qui correfpond à ceux de" la
bafe. Sur la coupe longitudinale & polie également,
on obferve des fibres longitudinales & parallèles.
Souvent encore, fur une corne ufée à
l’extérieur, il exifte par places des fibres roides,
flexibles & ferrées comme les foies d’une broffe.
Ces foies fe rencontrent également fur le plan de
la coupe tranfverfaie près de la bafe, Ce qui démontre
évidemment que la corne du rhinocéros
eft compofée d’un faifceau de longs poils, très-
adhérens les uns aux autres. (Daubenton.)
La couleur des cornes du rhinocéros varie
beaucoup, mais prefque toutes font d’ un brun
clair ; quelquefois elles font blanches ou marbrées.
Leur tiffu eft affez folide pour qu’ on puiffe les
travailler. Autrefois on en faifoit des vales 'd’un
grand prix, parce qu’on leur attribuoit la merveil-
D d 2