
plus de mille individus. Mais de pareilles rencon-
très n’ont plus lieu de nos jours, & il paroît que
l’efpèce des morfes étoit beaucoup plus répandue
autrefois qu’aêtue lieraient. Les perfécutions que
Thomme leur a fait éprouver a rompu leurs focié-
té s , & la plupart vivent ifolés,
Kracheninniko\r affirme que les morfes Centrent
point, comme les phoques, dans les eaux
douces & ne remontent pas les rivières ( i ) , &
Frédéric Martens allure qu’ils font forts & courageux,
& qufils fe défendent mutuellement avec
une réfolution extraordinaire (2).
Crantz, dans-fon Voyage au Groenland, nous
a confervé les dimenfions d’un de ces animaux,
qui avoir dix-huit pieds de longueur & à peu près
aurarît de circonférence dans fa plus grande épaif-
feiïr; fa tête étoit ovale; fes défenfes avoient
vingt-fept pouces de longueur & pefoient chacune
quatre livres & demie. Le crâne entier peloit
vingt-quatre livres (3).
F O N C T I O N P R E M I È R E .
L a L O C O M O T I O N .
S e c tion pr em iè r e .
Squelettologie.
3. Les os de la tête en général. La face du morfe
eft très-grande par rapport au volume du crâne;
cette particularité eft due, dans cet animal comme
dans l’éléphant, à la hauteur des alvéoles deftinés
à loger les défenfes. L’étendue des organes des
fens n’ eft donc pas augmentée par-là.
4. Le crâne en général. Son ovale eft plus étroit
en avant qu’ en arrière, & fon grand axe s’incline
en avant relativement au plancher des folles na-
fales.
Les folTes antérieures du crâne font un peu plus
prononcées que dans les phoques.
En général cette cavité a peu d’étendue. (Dau-
benton. )
y. L ’os frontal. Il eft compofé de deux pièces.
Rétréci & à peu près cylindrique entre les orbites
, il s’élargit en arrière. Il préfente des arêtes &
des inégalités très-prononcées.
6. Les pariétaux. Ils font au nombre de deux,
comme dans le phoque, tandis que le lamantin
n’en a qu’un.
1 1. Les os de la face en général. On n’obferve
point d’arcades orbitaires chez le morfe, comme
■ (1) Hiftoire.du Kamtfchatka, ironie I, page 283.
(2) Voyage au Groenland.
(3) Htjlolre générale des Voyages, tome XIV, pages 60 &
fuivanies.
il y en a chez l'homme 8c dans beaucoup d’autres
animaux.
Le bord offeux des orbites eft interrompu dans
plus d’un tiers de leur circonférence entré l ’apo-
phyfe de l’os frontal qui eft petite, & celle de l’os
de la pommettequi eft grande. ( Daubent on. )
La grandeur des alvéoles des dents canines gonfle
beaucoup les os maxillaires fupérieurs & donne
au devant du mufeau une forme bourfoufflée.
C ’eft au milieu de l’extrémité de celui-ci que
l’on trouve l’entrée des folles nafales, fous la
forme d'une petite ouverture arrondie..
Le trou incifif eft prefque nul. ( Cuvier.')
Le trou fous-orbitaire eft placé dans la bafe de
l’apophyfe malaire. ( Idem.)
La majeure partie de l'arcade zygomatique eft
formée par un très-grand os de la pommette, dont
l’extrémité antérieure emboîte, en queue d’a-
ronde, une apophyfe malaîre très-confidérable;
la future avec le temporal eft longue 8c très-oblique.
En général', du refte , cette arcade a de
grands rapports avec celle des carnaffiers : elle eft
cependant un peu moins échancrée en delfous
comme dans les phoques.
Les crêtes qui bornent les fofles temporales
font très-peu marquées.
Les apophyfe? ptérygoïdes, repouflees très en
arrière, font logées dans la folfe gutturale.
La folfe ptérygoïdienne manque entièrement.
13. Les os incififs. Ils font très-prononcés, &
fupportent chacun une dent in ci fi ve .
20. La mâchoire inférieure. Elle eft petite. {Dau-
benton.) Les deux pièces qui la forment dans le
jeune âge fe foudent de très^bonne heure. L’angle
formé par leur réunion eft aigu, & fon bord inférieur
eft reculé en arrière, à peu près comme dans
les rongeurs.
La hauteur des branches de cet os eft plus con-
fidérable, proportionnément, que dans les car-
naffiers. L ’angle qu’elles forment par leur réunion
avec le corps de l’os eft arrondi en arrière, &
defcend au-delfous de la bafe de ce même corps,
de manière à préfenter une faillie antérieurement.
Le condyie eft court & oblique en arrière. Il
eft très-large de dedans en dehors & très-convexe
fur la fommité.
L’apophyfe coronoïde, très-rapproehée de lui
& dirigée même au delfus, eft très-éloignée de la
dernière molaire.
21. Les dents incifives. Il y en a deux à la mâchoire
fupériéure; elles rèfîemblent à des molaires,
étant tronquées comme elles; mais elles
font implantées dans les os inter-maxillaires. Entre
elles, dans les jeunes individus, on en trouve
encore deux petites 8c pointues. ( Cuvier.)
La mâchoire inférieure en eft dépourvue.
22. Les dents canines. La mâchoire inférieure
en eft pareillement privée.
La mâchoire fupériéure en a deux, une de
chaque côté. Elles font implantées dans les os
maxillaires. {Camper.)
Ces deux dents font allez grandes & allez longues
pour être appelées défenfes. Elles s’échappent
de la gueule 8c font cylindriques, comme dans
l’éléphant; mais elles ont une direction oppofée,
c’eft-à-dire, qu’ elles font recourbées en bas & en
arrière. Leur longueur dépalfe quelquefois deux
piëds ( i) ; communément elles font plus larges
qu’épaiflès; leur largeur eft fouvent de quatre
pouces à la bafe (2).
Leur racine eft creufe.
L’ivoire de ces défenfes eft compare, fufcep-
tible d’un poli prefqu’auffi beau que celui dè
l’hippopotame, mais fans ftries (3). Il eft plus, dur
& plus cher que celui de l’éléphant.
Leur partie moyenne eft formée de petits grains,
ronds placés pêle-mêle, comme les cailloux, dans
la pierre nommée poudingue.
Les jeunes morfes font privés de défenfes (4) ;
& celles-ci, qui viennent avec l’âge , font d’autant
plus longues que les individus font plus vieux.
(B ufm.)-
Ces défenfes ne font pas tout-a-fait rondes, ni
bien unies ; elles font plutôt aplaties & légèrement
cannelées.
La droite eft ordinairement un peu plus longue
& plus forte que la gauche (y).
Lè poids njoyen d ’unè de ces dents, d’ un volume
médiocre, eft d environ trois \ivces (Zorgdra-
ger) ; mais il y en a qui pèfent quatre & cinq
livres (6) ; auprès du cap T fchukoftkoi, on prend
des morfes, rarement à la vérité, chez lefquels
ces défenfes pèfent vingt livres. (Kracheninnikow.)
23 & 24. Les dents molaires. On en compte ,
de chaque c ô té , trois en haut 8c quatre en bas,
lorfque l’animal eft parvenu à un certain âge; auparavant,
il y en a autant en haut qu’en bas.
( Cuvier.)
Leur couronne eft cylindrique & terminée
par une troncature fimple & oblique ; elle eft
courte (7).
67, 68 & 69. Les os des doigts en général. La
dernière phalange ou la phalange onguéale préfente
des .caractères particuliers. Elle eft alongée
en pointe très aiguë; la bafe en eft fenftblement
(1) Recueil des Voyages du Nord, tome I I , page 117. ■
(а) Gmelin, Voyage en Sibérie, tome I I I , pages 148 &
fuivames.
(3) Vçy. cirdcjfus , page 217.
(4) Voyages du Nord, l. c.
(5) Ànderfon, Hijloire naturelle du Groenland, page 162.
(б) Hiftoire générale dés Voyages, tome XIX, pages 60
& fuivantes.
(7) Le célèbre P. Camper allure que le morfe a quatre
molaires dans la mâchoire fupériéure■ , & cinq, mais quelquefois
feulement quatre dans la mâchoire inférieure.
( Opufcules, tome I I , page 480. )
renflée, & comme tronquée par la facette articulaire.
On remarque à fa face inférieure un tubercule
ou renflement qui en eft comme féparé
par une rainure alfez profonde. C e tubercule eft
beaucoup plus gros que le refte de l’o s , tandis
q ue, dans.le phoque, il eft petit & ifolé ( i ) .
Se c t io n s e c o n d e .
Myologie.
22y. Phénomènes de la contraHion mufculaire.
Les morfes nagent fort bien & peuvent s'élancer
hors de l’eau allez pour entrer dans les bateaux avec
lefquels on leur donne la chaffe. ( Martens (2 ).)
Ils font au0i difficiles que les baleines à fuivre à
force de rames. ( Zorgdrager. )
Lorfqu’ ils fe trouvent dans la néceffité de grimper
fur des rivages quelquefois efearpés ou fur
des glaçons, ils fe fervent de leurs défenfes pour
s’accrocher & de leurs mains pour faire avancer
la lourde maffe de leur corps. ( Bujfon. )
F O N C T I O N T R O I S I ÈM E .
L es s e n s a t i o n s -e t l ’a c t io n n e rve us 'e.
y y6. La fenfibilité en général. Les morfes b 1 elles
deviennent furieux ; frappant de côté & d’autre
avec leurs défenfes, ils brifent les armes ou les
font tomber des mains de ceux qui les attaquent,
& à la fin, enragés de colère, ils mettent leur tête
encre leurs nageoires, & fe biffent ainfi rouler
dans l’eau. Quand ils font en'troupes, ils font très-
audacieux. ( Idem.)
S ec tion se p t ièm e .
78c. Les yeux en général. Ils font gros ( Evrard
Worft) , & , pendant les chaleurs de l’ é té , ils
paroifient rouges, enflammés & étincelans. ( Zorg-
, drager. ) Iis font affez élevés au-deffus du nez &
peu éloignés des oreilles (3).
802. Les conduits lacrymaux. Ils manquent.
( Camper. )
Se c tion h u it ièm e .
833. L’oreille externe en général. Elle manque,
comme dans plufieurs phoques, & femble remplacée
par un fimple conduit.
840. La caijfe du tympan. Elle eft très-grande,
arrondie de toutes parts 8c fans divifion.
(1) Duméril, Dijfertation fur les formes de la dernière
pha lange dans les mammifères.
, (a) Voyage en Groenland.
(3) Recueil des Voyages du Nord , 1 . c,.