
F O N C T I O N N E U V I È M E .
L a N U T R I T I ON»
S e c t i o n p r e m i è r e .
1318. Les alimens en général. Le phoque com-
muna ainlî que les autres efpèces de fôn genre,
ne Te nourrit que de poiffons.
S e c t i o n s e c o n d e .
1311. Le ÙJfu cellulaire & la graijfe. Les phoques
ont une^énorme quantité de graiffe fous-cutanée,
qui feit’ à la préparation des alimens dans beaucoup
de contrées, ou que Ton emploie pour
les lampes (1). Cette graiffe eft très-blanche.
( Schelhammer. )
S e c t i o n t r o i s i è m e .
1359. La mort. Le phoque eft très-dur & très-
vivace. Il ne meurt pas facilement, dit un témoin
oculaire , car quoiqu'il foit mortellement bleffé,
qu’ il perde prefque tout fon fang, & qu’ il foit
même écorché, il ne laiffé pas de vivre encore,
& c’eft quelque chofe d’affreux que de le voir fe
rouler dans fon fang (2).
E S P È C E T R O I S I È M E .
L ’o u r s m a r in , Phoca urjîna, Gmelin.
L’ours m a r in , Buffon, Hift. nat., Suppl, vii,
XLVII. •
Phoca urfina. P. capite auriculato.... ErxleBen,
Syft. Regn. anim., gen. 4 6 , fp. 1.
G É N É R A L I T É S .
C et animal, qui mériteroit, avec le phoque à
crinière, de faire un genre à part, en vertu du
grand nombre de particularités qui le diftinguent,
habite le nord de la mer Pacifique particulièrement,
mais paroît aufl’i fe trouver dans tous les
Océans ; les voyageurs i’ ont rencontré & reconnu
dans les mers de l’équateur & fous toutes les latitudes
jufqu’au cinquante-fixième degré dans les deux
hémilphères. C ’eft ainfi qu’on le cire à l’île de Juan-
Fernandez, à l’île Saint-Pierre, à celle de Sandwich
, à la côte des Patagons, aux Malouines, à
la Terre des Etats, à la Nouvelle-Hollande, à la
Nouvelle-Guinée, aux îles Galapagos, & enfin,
depuis le cap Horn, tout le long des côtes de
l’Amérique & jufqu’au Kamtfchatka.
Dampier eft le premier qui en ait parlé & qui
l’ait décrit fous le nom d‘ours marin; Sceller enfui te
l’a obfervé à 111e. de Bering,.après fon malheureux
naufrage ; Kracheninnikow donne également fur
lui des détails Curieux dans fon Hifloire du Kamtchatka
7 Forfter l’a defliné & étudié avec foin dans
fon voyage avec le capitaine Cook ; Buffon, enfin,
a raffemblé tout ce qui étoit connu avant lui fur
le compte de cet amphibie intéreffant.
De tous les aaimaux du genre des phoques,
les ours marins paroiffcnt être ceux qui font les
plus grands voyages ; on les rencontre en troupes
nombreufes dans la mer du Kamtfchatka, & fur les
îles inhabitées qui font entre l’Afie& l’Amérique.
Suivant Steller, ils quittent au mois de juin les
côtes du Kamtfchatka, & i l s y reviennent à la fin
d’août ou au commencement de feptembre pour
y paffer l’automne & l’hiver.
Les ours marins ne craignent aucun des autres
habitans de la mer 5 cependant ils paroiffent fléchir
devant le lion marin, car ils l’évitent avec
foin & ne s’en approchent jamais, quoique fôuvent
établis fur le même terrain que lui ; mais ils font
une guerre cruelle à la loutre faricovienne, qui ,
plus petite & plus foible, ne peut fe défendre
contr’eux. Ils ne cherchent pas même à fe défendre^
contre l’homme, pour lequel ils ne font à
craindre que lorfqu’on les réduit au défefpoir.
Le poids des plus grands ours marins des mers
du Kamtfchatka eft d’environ vingt puds de Ruffie,
c’eft-à-dire, de huit cents de nos livres, & leur
longueur n’excède pas huit à neuf pieds; il en elt
de même de ceux qui fe trouvent à la Terre des
Etats & dans plufieurs îles de .l’hémifphèie
auftral.
' La longueur de celui qui a été décrit par Steller
(1) n’étoit que de fept pieds trois pouces, depuis
le bout du mufeau jufqu’à l’exrrémité des. nageoires
de derrière, & de fept pieds un pouce
fix lignes depuis la même extrémité jufqu’au bout
•de la queue.
La tête efTét arrondie ,• & avoit deux pieds cinq
pouces fix lignes de tour, derrière les oreilles,
n’ayant qu'environ huit pouces de longueur, depuis
le bout du mufeau jufqu’ à celles:ci.
Le corps étoit fort mince dans fa partie pofté-
rieure, & repréfenroic un cône décroiffant, depuis
les lombes jufqu’auprès de la queue.
La queue n’avoit que deux pouces de longueur.
La forme des pieds de l’ ours marin eft. très-
remarquables ils font munis d ’une membrane qui
les transforme en une véritable nageoire , & qui ,
dans les pieds de devant, réunifies doigts en une
feule maffe, tandis que, dans ceux de derrière,
les doigts font écartes 8c difpofés à peu près
(1) Denis , Defcription de F Amérique feptentrionale ,
tome II , page 255.
fs) Hecucil dis voyages du Word, tome II.
(t) Novi Commentarii Academia Pctropol. , tome I I .
ann. j t 5 i .
comme dans les oîféaux palmipèdes. La membrane
qui les unit fe prolonge d’ailleurs en une lanière
au-delà de chaque doigt. Les pieds de devant
fervent à l’animal à marcher fur la terre , & ceux
de derrière ne lui font utiles que pour' nager
& fe gratter; il les traîne après lui, comme des
membres nuîfiblesfuf la terre , car ces parties pof-
térieures du corps ramaffenr & accumulent fous
fon ventre du fable & de la vafe en fi grande
quantité, qu’ il eft obligé de marcher circulaire-
ment, & c'eft pour cette faifon qu’il ne peut
grimper fur les rochers.
F O N C T I O N P R E M I È R E .
L a l o c o m o t i o n .
S e c t i o n p r e m i è r e .
Squelettologie.
3°. Les os de la tête en général. Cktte partie du
fquelette a de la reffembiance avec celle des ours
terreftres. ( Buffon.)
21. Les dents iticifives. Elles font au nombre de fix
à la mâchoire fupérieure & de quatre à l’inférieure.
Les quatre dents incifives fupérieures mitoyennes
font à double tranchant, forme qu’on n’a encore
remarquée dans aucun/autre animal.
Les ext *rn s font frmpjes &r plus petites.
Les quatre incifives inférieures font fourchues.
22. Les dents canines. On en compte deux à
chaque mâchoire, une à droite & l’autre à gauche.
Les fupérieurës, beaucoup plus courtes que les
inférieures, font courbées en dedans.
Les inférieures, tranchantes fur la face intérieure
, font employées par l’ours marin dans les
combats, à la manière des défenfes du fanglier.
Elles font plus longues que les deux canines lupé-
rieures.
Celles-ci n’ont en effet que huit à neufligrres
dé longueur, tandis que les autres en ont de douze
à quatorze; mais les.unes & les autres ont l’afpeét
des défenfes.
23 & 24. Les dents molaires. Il y en a fix de
chaque côté en ha-ut, & cinq feulement en bas.
Elles font toutes Amplement coniques.
07. Les os des doigts de lamain en général, nombre
des doigts, &c. Les doigts des pieds de devant font
au nombre de cinq ; le pouce eft le plus long de
ces doigts, jSÉ les quatre autres vont toujours en
diminuant de longueur jufqu’au cinquième & dernier,
qui eft le plus court. (Buffon.)
68. Le pouce & fes phalanges. Celles-ci font au
nombre de trois. (Idem.)
69. Les autres doigts & leurs phalanges. Le fécond
doigt n;a que trois } halanges, le tioificme & le
quatrième en ont quatre, & le cinquième n’en a
que deux. (Idem.)
84. Les os des orteils en général, lé nombre des
orteils. Les orteils font au nombre de cinq, 'comme
les doigts. Ils font courts, couverts d’une peau
liffe en deffus & ridée en deffous. Les quatre
premiers ont la même longueur, mais le cinquième
eft beaucoup plus court.
Leurs phalanges font plus larges, plus plates
& plus minces que celles des doigts de devant.
8 y. Le gros orteil & fes phalanges. Le premier
orteil eft d’ un tiers plus large que les autres. Il
n’ a que deux phalanges. (Buffon.)
86. Les autres orteils & leurs phalanges. Celks-ii
font au nombre de trois pour chacun d’eux.
F O N C T I O N P RE MI È R E ;
S e c t i o n s e c o n d e.
Myologie.
22 Ci Phénomènes de la contraction mufculaire ƒ
particularités relatives a la marche & aux mouve-
mens. Les ours marins ne marchent point aufli
lentement que la conformation de leurs pieds
fembleroit l'indiquer; il faut même être bon coureur
pour les atteindre. (Steller.)
Ils nagent avec beaucoup de célérité, & au
point de parcourir en une heure une étendue
de plus d’un mille d’ Allemagne. Quand ils fe
Tentent bleffés, dit Kracheninnikow ( 1 ) , ils fai-
fiffent le bateau du pêcheur avec les dents, &
l'entraînent avec tant de rapidité qu’on diroit
qu’ ils volent fur l’eau.
Ils s’élancent quelquefois hors de l’eau à la
hauteur de plufieurs pieds.
F O N C T I O N T R O I S I È M E .
Les s ens a ti on s e t l ’a c t i o n n er ve use .
y y 6. Les organes de la fenfibilité en général. Les
ours marins ont tous les feris, & fpécialement
l'odorat, très-bons, car ils font avertis par ce
Te ns mênie pendant le fommeil, & ils s’éveillent
lorfqu’on s’avance vers eux, quoiqu’on en foit
encore loin. ( Buffon.)
S e c t i o n s e p t i è m e .
y8y. Les yeux en général. Ils font proémi**-ens &
gros à peu près comme ceux du boeuf. (Idem.)
821. L’ iris. Sa couleur eft noire.
S e c t i o n h u i t i è m e .
833. L’ oreille externe en général, fa forme , <5’c.
L’ours marin a une conque de l’oreille , comme le
fi) Hifloire du Kamtfchatka , come I , page 5o6.