
6 1 o OiJ,
Dans les mammifères à fabots , nous avons vu
que le fens du toucher fembloit réuni dans la
gueule avec celui du goût; dans les oifeaux , le
toucher eft encore moins parfait fous ce rapport,
parce que la langue & le palais font moins fenfi-
bles î le principal fiége du fens paroît s’être concentré
dans les doigts > aufli fe fervent - ils de
ceux-ci beaucoup plus fouvent que les quadrupèdes,
foit pour fariir, foit pour palper les
corps.
Buffon, en effet, a remarqué que parmi les
quadrupède', il n'y en a pas un tiers qui fe fervent
de leurs pieds de devant pour porter à leur
gueule, au lieu que la plupart des oifeaux emploient
une de leurs pattes pour diriger les ali-
mens vers leur bec ( i) .
Quoi qu'il en foit, le toucher des doigts, gé-
néràîement très-obtus dans les oifeaux, eft néanmoins
plus délicat dans les grimpeurs, q u i,
comme les perroquets, font, avec les chouette
s , ceux de ces animaux qui en font le plus
d’ufage. *
Dans aucune efpèce, les doigts ne,font revêtus
de fabots > ils font feulement garnis d’ongles , qui
les renforcent, fans nuire au fens du toucher.
Dans les;palmipèdes, comme les canards , les
doigts, antérieurs font réunis par une membrane
qui s'étend jufqu’à leur extrémité. Quelquefois le
pouce eft même réuni aux autres doigts par cette
membrane, & les oifeaux chez lefquels on rencontre
cette difpofïtion, font, dè tous les palmipèdes,
ceux.qui fe fervent le plus fréquemment
de leurs pattes pour palper & faifir les
corps.
Une courte membrane réunit feulement à leur
bafe les doigts de devant dans les gallinacés.
Les deux doigts externes font encore aufli réunis
à leur bafe chez beaucoup d’échaffiers & de
rapaces.
877. U épiderme & les écailles. L'épiderme du
corps des oifeaux eft très-mince & forme des plis
qui correfpondent aux efpèces de quinconces,
fur lefquels les plumés font clifpofées. Comme
chez.les mammifères, il fe détache par petites
écailles pellucides qui rendent la. furface de leur
peau comme farineuse.
L'épiderme des pattes ’eft-lifte, brillant &
comme formé d’écailles cornées ; il s'enlève à
certaines époques de l’année, principalement
dans le temps de la mue.'
Les ailes des manchots font recouvertes de
femblabbs écailles.
Dans quelques échaffiers, les doigts font bordés
les régions que recouvrent des plumes s mais fa
couleur fur les pattes j les cires du b e c -& les
caroncules de la tête, eft très-fujette à varier.
de membranes écailleufes.
878. Le corps réticulaire, le tiffu muqueux & fa
couleur. Le tiflu muqueux eft peu diftinét dans
les oifeaux, & prefque toujours blanchâtre dans
Sur les tarfes & les doigts, elle eft fouvent
noire, comme dans le corbeau ( co r v u s c o r a x ,
Linn, ) , le dindon ( m e le a g r is g a l lo p a v o , Linn. ) ,
le cygne ( fa n a s o l o r , Gmel. ) t quelques canards
, & c . ; grife , comme dans les poules ( pha-
f ia n u s g a l lu s , L in n .), les paons ( p a v o c r i j la tu s ,
Linn.)j bleue, comme dans certaines mefanges
( p a ru s cy a n u s (1) p a ru s cAruieus')ÿ verte, comme
dans la poule d’eau ( f u l i c a c h lo r o p u s , Linm),
particularité qu'indique même le nom fpecifique
dans la nomenclature linnéenne ; jaune, comme
dans l'aigle ( f a l c o m e la n a 'ê to s , Gmel.) j orangée ,
comme dans la cigogne (a rdea c ico n ia , Linn. ) ;
rouge, comme dans le chevalier (f c o lo p a x c a l i -
d r i s , Linn.) , la perdrix rouge '( te tra o r u f u s ,
Linn. ) , &c. &c.
Lé corps muqueux eft hoir dans la caroncule du
cy.gnej gris, dans la cire du bec de beaucoup de
•perroquetsj blanc, fur les joues de lara bleu,
v ert, dans la cire du bec de l’épervierj jaune,
dans celle de la plupart des oifeaux de proie diurnes
j rouge, fur les joues & le cou du roi des
vautours ( farcoramphus papa, Dumer. ) , &c.
En général, le tiflu muqueux eft très-adhérent
aux autres couches de la peau, & s'enlève même
difficilement par la macération.
La defficcation le décolore complètement.
Un phénomène bien remarquable au fujet de
cette partie de la peau, c'eft qu'on peut, dans
quelques circonftances, en faire varier la couleur,
pourainfi dire, à volonté. En l'imprégnant, chez
quelques perroquets, du fang d’une rainette ( h y la
tïncborïa)., certaines peuplades fauvages deTÀmé-
rique font repoufler des plumes jaunes’ ou rouges
à la place de celles qui avoient été arrachées , &
produifent fur l’ oifeau cette panachure qu’on appelle
tapiré.
879. Le derme ou cuir. Dans les oifeaux, le
•derme eft beaucoup moins épais que dans les
mammifères. Il a pourtant une grande confif-
tance, dans certaines familles, dans celles des
oifeaux de proie & des palmipèdes, par exemple.
Mais il eft exceffivement mince, même propor-
tionnément,.dans les rnéfanges & la plupart des
bec-fins.
880. Les glandes cutanées. Dans les animaux que
nous examinons en ce moment, les follicules, fé-
bacés font, en général, peu vifibles , & fitués
profondément fous la peau. Mais on obferve, fur
.le croupion, une glande d’une ftruéture particulière,
do'nt ils expriment une huilé avec laquelle
ils imbibent leurs plumés (2).
(1) N o v . Comment. P e tr o p ., XIV, cab, i3, fig. i, & 23,
fis- fH . : - (a)li) BufFon, D i f cours f u r la N a tu re des o ife a u x . F ’oye^ c i-après t n°. 1129.
Oife
aux* 6 t 1
s'implante dans îa g É H on remarque un petit
trou par lequel des vaiffeaux fanguins pénètrent
dans l’intérieur du tube’. Aufli, lorfqu'on arrache
celui-ci, on détermine.une légère hémorrhagie.
882. Les papilles de la peaut Les oifeaux n ont
de' papilles diftin&es que fous la plante des pieds
& fous les doigts. , ■
Elles forment des mamelons très-rapproches &
difpofés par lignes parallèles , qu’on voit tiès-bien
für la membrane qui réunit les doigts fur les palmipèdes.
,
883. Les plumes. Le corps des oifeaux eft couvert
de,plumes, comme celui des mammifères,
dg poils, & celui des poiftons & des reptiles,
d’écailles. ‘
Les-plumes font compofées d’une tige garnie de
barbes, portant elles-mêmes des barbules, & d’un
tuyau. Ce dernier eft implanté dans un étui formé
par une dépreffion plus ou moins profonde de la
peau de l'oifeau.
Au fond de cette dépreffion, exifte un petit
bulbe qui eft logé dans une ouverture que le tuyau
préfente à fa pointe. Ce bulbe a été confidéré par
quelques ànatomiftes comme une véritable papille
de là peau (1) .
‘Tels font les cjiraétères communs à toutes les
plumes j mais le tiflu, les couleurs, l’éclat, la
force , la forme générale de ces organes varient
à l’ infini. Dans certaines efpèces même, le plumage
d’hiver -diffère de celui d’été i dans le plus
grand nombre , la femelle fe diftingue du mâle par
des couleurs moins vives, & alors les petits des
deux fexes reflemblenc à la femelle. Lorfque les
adultes, mâles & femelles, font de même couleur
, les petits ont une livrée qui leur eft propre.
Dans une plume qui a pris tout fon accroiffe-
ment, le tuyau qui eft fotme la bafe eft un tube
folide, corné, qui joint la force & l’élafticité à
la légèreté fpécifique. Souvent fes parois font
tranfparentes dans les pennes principales des ailes
& de-la queue, comme on peut s’en convaincre
fur l’o ie , fur le c ygn e , le dindon, le corbeau
, & c .
L’ intérieur de ce tuyau eft rempli par des cônes
membraneux enfilés les uns dans les autres, fecs ,
comme véficuleuxou hypocratérifovmes, d’autant
plus alongés qu'ils s’approchent davantage de la
tige, & devenant enfin fomblubles à de petits entonnoirs
qui fe reçoivent réciproquement. Le dernier
de ces godets fe partage en deux j l'un qui
parte au dehots de la tige dans un fillon longitudinal
qu’on y remarque ; l’autre qui s'enfonce
dans l’intérieur même de cette tige.
C ’eft à l’aflemblage de cous ces cônes membraneux
, ou à cette force de corps caverneux, qu'on
donne vulgairement le nom à'ame de la plume.
Ils ne font autre chofe que le rélidu ou ia trace
d'un gros canal charnu, qui exiftoit dans cette
partie à un âge moins avancé.
A l’extrémité par laquelle le tuyau de la plume
La tige dé la plume Fait la continuité du tube.
Elle eft conique, plus ou moins alongée, convexe
fur une face, plate & canaliculée fur l'autre j les
barbes s’attachent fur fes parties latérales.
Toute la fuperficie de cette tige eft recouverte
par une matière cornée qui femble provenir du
tube.
Son intérieur eft rempli par une fubftancë fpon-
gieufe, blanche, très-légère, d'une nature particulière
& aflez ' femblable à celle qu’on trouve
dans les piquans du porc-épic.
Quant aux barbes, ce font de petites lames de-
fubîtance cornée, qui font implantées fur les côtés
de la tige.
Elles font, comme les feuillets d'un livre , appliquées
dans toute leur longueur, les unes contre
les autres, tantôt d’ une manière très - ferrée,
comme dans l’oie & le cygne, tantôt d'une manière
lâche, comme au croupion du paon.
Ces barbes paroiffent être elles-mêm^s des ef- '
pèces de petites tiges, fur les bords defquelks
font implantées une infinité de barbules, tantôt lâches
& ifolées les unes des autres, tantôt compofées
& fubdivifées elles-mêmes , mais, le plus
fouvent, fi fines & fi ferrées, qu’on ne peut les
diftinguer qu’ à l’aide de la loupe.'
C'eft à l'aide des barbules que les barbes de la
p’ume s'attachent les unes aux autres aflez intimement
pour mettre obftacle au paffage de
l’air pendant le vol.
.Entrons maintenant dans quelques détails fur
les diverfes .efpèces de plumes, & fur les variétés
qu’elles préfentent dans les différens oifeaux.
Nous avons déjà die que l'on avoit donné divers
noms aux plumes, fuivant les régions qu’-eUes
occupent.
On a.appelé pennes-, par exemple, les grandes
plumes des ailes & de la queue. Parmi ces pennes,
celles qui font implantées fur l'avant-aile
ont été dites fecondaires ,* leur nombre varie ;
celles qui font adhérentes à la main fe nomment
primaires ; il y en a çonftamment dix i des . pennes
moins fortes, attachées à l'humérus, ont été
appelées fcapulaires; & , enfin , on a défîgné par la
dénomination de pennes bâtardes, celles que porte
l'os qui repréfente le pouce.
Dans la defeription des oifeaux, on nomme
aufli rémiges t les pennes des ailes qui fervent
comme de rames dans le vol i reëtrices, celles de
la queue, qu’ on a comparée à un gouvernail 5 &
tectrices, celles qui recouvrent la bafe des rémiges
& des reétricesi
Plufieurs oifeaux ont des plumes jufque fur les
doigts, telles font les chouettes & certaines variétés
de poules & de pigeons. D ’autres, au contraire,
en font privés fur certaines parties.de leur
H h h h i
■ (1) Ducrochat, Jo u rna l comptent, du D i f t . d es fc ie n c e s
m éd ic tj février 1820, page 367.