
font point fournis à notre domination, ont une ou
deux faifons d'amour, & ne cherchent à s'unir
üe dans ces feuls temps de l'année. Mais l’in-
uence de l'homme fe fait fouvent apercevoir
dans ce fentiment d'amour , le plus profond de la
nature. Eile femble en avoir étendu la durée &
multiplié les effets dans les oifeaux, comme dans '
les quadrupèdes qu'il retient en domefticité; les j
oifeaux de baffe-cour, en effet , ne font point i
bornés , ainfi que ceux qui ont confervé leur li- ’
b e r té , à une feule faifon d'amour, à un feul
temps de rut : le coq , le pigeon , le canard peuv
en t, comme le cheval^ le,bélier & le chien,
s\inir & produire prefqu’en toute faifon.
Nous rayons déjà d it, la voix des oifeaux eft
liée, dans fon exercice, d'une manière très-intime
avec l’état dès organes de la génération. Les
efpèces qui s’accouplent toute l'année chantent
continuellement aufli ( i) . Les chardonnerets nous
en offrent un exemple. Mais le plus habituellement,
ce chant ceffe & fe renouvelle tous les
ans, & ne dure que deux ou trois mois; cette
voix,, dont les beaux fons n'éclatent que dans la
faifon de l'amour, eft pour nous, lè plus communément,
l’annonce du printemps, quo vigent
vernantque omnia , non folïim planta fed eciam
ânimalia (2)., mais elle eft, pour les oifeaux, le
produit naturel d’une douce émotion ; c 'e ft, dit
Buffon , chez eu x l'exp reftion- agréable d’un
defir tendre, qui n'eft qu’à demi fatisfait; le fe-
ïin , dans fa volière , le verdier, dans les plaines ,v
le loriot, dans les b o is , chantent également leurs
amours à voix éclatante, à laquelle la femelle ne
répond que par quelques petits fons de pur contentement
î dans certaines efpèces cependant,
elle applaudit au chant du mâle par un femblable
chant, mais toujours moins fort & moins plein.
En arrivant avec les premiers jours du printemps,
fe roflïgnol ne chante point encore ; il garde le
iïlence jufqu'à ce qu'il foit apparié; fon chant eft
d'abord cou rt, incertain, peu fréquent, comme
s’ il n'étoit pas encore fur de fa conquête, & fa
voix ne devient pleine, éclatante & foutenue
jour & nuit, que quand il voit déjà fa femelle,
chargée dû fruit de fes amours, s'occuper d'avance
des foins maternels} il s'empreffe à les partager
j il l'aidé à conftruire le nid 5 jamais il ne
chante avec plus de force & de continuité que
quand il la voit travaillée des douleurs de la
ponte, & ennuyée d'une longue & continuelle
incubation 5 non-feulement il pourvoit à fa fub-
lïftance pendant tout ce temps, mais il cherche à
îe rendre plus court en multipliant fes careffes,
en redoublant fes accens amoureux;. & ce qui
prouve que Je chant dépend ici en effet & en
entier des amours, c'eft qu'il ceffe avec elles
dès que la femelle couve,, elle ne chante plus}
& , vers la fin de juin, le mâle fe tait aufli, ou ne
fe fait entendre que par des fons rauques, fem-
blables au croaff ment d’un reptile, & n différens
des premiers, qu'on a de la peine à fe perfuader
que ces fdns viennent du roflignol, ni même d’ un
autre oifeau.
Ainfi que dans la race humaine, chez beaucoup
d'oifeaux, il exifte un rapport de fenfibdité entre
les organes de la nutrition & ceux delà reproduction
, comme il en exifte un entre ces deux
fondions. Aufli, dans le temps des amours, certaines
efpèces fe donnent-elles des baifers ; tels font
les pigeons.& les tourterelles, en particulier.
Quoique la plupart des oifeaux s’accouplent
dans, le printemps, & que ceux de nos baffes-cours
n'aient point de temps fixé pour leurs amours,
certaines efpèces cependant ne s'apparient qu'a-
près No ël, & dans la faifon la plus froide : tel eft
le bec-croifé (1).
Rappelons encore ici que , dans beaucoup d’ ef-
pèces , le mâle & la femelle ne reftent enfemble
que dans la faifon de l'amour; d'autres , comme
les pigeons, fe marient réellement & ne fe quit-
j tent point ; d'autres encore, comme les coqsyvir
* vent dans la polygamie.
S ect ion p r emi è r e .
1152. Le fexe mafculin en généraL Chez les oiu
feaux, le nombre des mâles eft fouvent très-inférieur
à celui des femelles ; affez rarement même „
il l'égale ; mais il ne le furpaffe prefque jamais.
Parmi les gallinacés, par exemple , on trouve
bien plus de femelles que de mâles, , dans cet
ordre , comme dans tous les genres où le même
phénomène exifte, les mâles font très-ardens , inr
conftans, volages, &' abandonnent aux feules-
n#H=s le foin de couver .& de nourrir leur progéniture;
encçre celles-ci font-elles fouvent troublées-
dans leurs refpeCtables fondions, pour affouvir
J’infatiable' lafciveté de ces mâles polygames..
Dans les efpèces monogames, au contraire, les
mâles, fidèles au lien conjugal, partagent avec
les femelles, les doux devoirs de la paternité,
couvent à leur tour avec activité', apportent là
pâtée à leurs petits.nouvellement éclos , &c.
Dans le petit nombre d’oifeaux, où. les femelles
font moins nombreuses que les mâles , comme
chez les paons de mer,, on voit les mâles conv-
battre avec fureur, pour en obtenir la jouiffance..
1134.. Le fcrotum. Cette bourfe cutanée n’exifte
chez aucun oifeau.
1156. Le crémafter. Ce mufcle manque égale.-
ment dans les oifeaux, où d’ailleurs il auroit été
inutile, à caufe de la pofition des refticules..
(.1) Blumenbach, Manuel d’hift. nat., traduit par Artaud,
tome X, gag. 178,, in-8°.,, P a r is , 1.80 3r
(1) Frifch , Gefchickte der Vce gel, tom. I.
(a) Harvey , Exercit. degener. animal., gag, \ l$.
1137. La tunique vaginale. Cette enveloppe des ;
tefticules femble repréferitée, chez les oifeaux,
par une produdion du péritoine àffez analogue,
pour l’apparence, aux ligamens larges de l’utérus,
& deftinée à fixer & à retenir en placé l’organe
fécréteur du fperme.
1138. La tunique albuginée. Cette enveloppe
propre du tefticule exifte dans les oifeaux, comme
chez les mammifères. De fa furface interne fe
détachent une foule de filamens, qui traverfent la
fubftance des tefticules.
1139. Les tefticules en général, leur fttuation.
Ainfi que dans les mammifères, les tefticules font
conftamment au nombre de deux chez les oifeaux.
Si quelques individus en ont préfenté trois ,
comme une bu fe, aurapport.de Charleton ( i ) ,&
un coq, fuivant Bérengario deCarpi (2), ce n’eft
que par fuite d’ une exception à la règle générale,
ou peut-être parce qu’on a pris une glande particulière
& encore peu connue pour un tefticule
furnuméraire (3).
Les. tefticules des oifeaux reftent conftamment
renfermés dans la cavité de l’abdomen , immédiatement
en arriéré des poumons, fous la partie
antérieure des reins, où ils touchent à l’aorte &
à la veine cave. Ce fait qu’Ariftote avoit déjà
fignalé pour les animaux ovipares en général (4),
& que Pline a également configné dans fon précieux
ouvrage (y ) , a été confirmé par Willughby,
pour les oifeaux (6) , & (pécialement pour le canard
, par Aldrovandi ( 7 ) , pour la demoifelle de
Numidie par les anciens anatomiftes de 1’Ac'adé-
mie des fciences de Paris (8), pour le perroquet,
par un auteur anglais (9) , &,c.
Leur volume varie beaucoup, fuivant les efpèces
& dans les individus d’une même efpèce, fe
Ion la faifon; comme dans les mammifères, il
augmente confidérablement durant , celle des
amours, & prend parfois, comme chez les coqs
& les canards, un accroiffement extraordinaire.
Le guiche eft aff.-z généralement plus volumineux
que le droit ( 1 o)V
1149. La forme des tefticules. Ces glandes font
généralement alongées, ovales ou arrondies. Dans
certains cas, le tefticule d’ un côté n’a point la
même figure que celui du côté oppofé. Ainfi
Albinus ( n ) , cité par Haller, a vu , dans le pic-
(1) Voye\(2) Birch, tom. I , pag. 474’ Annotationes in Mundinum. ■ (3) Cette glande ejcifte fpécialemerit dans la bufe. Vo%ye\ Aldrovandi, /, c. , I , pag. 366.
((4) Hift. animal., lib. I l l , cap. 1, & lib. IX , cap. 5o. (56)) Lib. X I, n». 49. L. c. ,.pag. 8.
(7) L. c . , lib. XIX , pag. 191.
(8) Mémoires déjà cités. (9) Philofophical Tranfa&ions , n°. 211, f. L. (10) Cuvier, l. c., tojn. V, pag. 24.
(n ) ïom . I , n.6, 18.
v e r t , le tefticule droit offrir une forme arrondie,
tandis que le gauche étoit oblong & courbé.
1141. Leur ftrutture intérieure. La fubftance propre
des tefticules, des oifeaux eft un amas de conduits
féminifères, extrêmement fins & beaucoup
moins diftin&s que chez lesmammifères,
1142. Les conduits féminifères. Ils font très-tortueux
& d’une extrême délicateffe.
1143. Le corps d’Hyghmor. Cette partie des
tefticules, qui exifte dans bien des mammifères ,
manque chez les oifeaux. Les principaux conduits
féminifères fe rendent ici vers le milieu du bord
interne de l’organe, endroit où l’épididyme lui
eft uni le plus intimement.
1144. L ’ épididyme. Chez les oifeaux, 1 epidi-
dyme ne 4forme point, comme dans les mammifères,
un corps généralement diftind & féparé
du.tefticule (-1). Il l’eft cependant dans l’autruche,
particularité reconnue & figurée par les anatomiftes
de l’Académie (2 ), dans l’hiltoire de cet
oifeau, & reproduite aufli par eux dans celle de
la demoifelle de Numidie (3)* Mais, dans la plupart
des*autres oifeaux, on aperçoit, fous la
membrane albuginée, avant qu’il foit détaché du
tefticule, les replis du canal dont il fe compofe,
& , prefqu’auflitôt qu’il en eft détaché, ce n elt
plus que le canal déférent lui*même (4).
1 145" & 1146. Les canaux déférens & leur direction.
En général, ces conduits font flexueux dans
toute leur étendue, excepté pourtant chéz l’autruche
, qui fait encore, à cet égard, exception à
la règle, ôc dont les canaux déférens, une fois
ifolésde l’épididyme, ne font plus definuolitésCy).
Chacun de ces canaux fe rapproche d l’uretère
de fon côté, paffe, avec lui, le long du rein, &c
arrive au cloaque dans lequel il fe termine par un
orifice féparé.
1149' & 11 fO. Les.véftcules féminales en général. Ces
réfervoirs n’exiftent uansaucune efpèce d'oifeaux.
C e qu’on a pris pour eux , chez quelques-uns
ü’entr'eux , n’eft qu’une (impie dilatation du canal
déférent (6), laquelle eft placée, dans les canards
en particulier (7) , entre deux mufcles, qui doivent
la comprimer lorfqu’ils fe contractent.
1154. La verge en général-3 fa forme y fa direction.
Chez la plupart des oifeaux , la verge eft re-
préfentée par une.papilîe vafculeufe, limée vers
(1) Cuvier, l. c., tom. V, pag. 20. —■ Haller, Element,
phy(f2i)o l. corp. humant, fom. V II, pag. 449* Mémoires pour fervir à 1‘hift. des Animaux, tom. III,
par(c3.) 3 , pag. 189. ( Ibidem , pag. 109. 4) ' Morgagni , Epift. X X , n°. 27 , donne au coq un
épididyme diftinâ:.
(5) Cuvier, l. c.
, ((67)) MCuovnireor, ,/p.acg. . 44» tab. 5, f. 1■. <
Nnnn 2