
586 Oifeatix.
ques, a long-temps fait penfer que ces animaux &
en étoient dépourvus. Il eft bien prouvé aétuelle- I
ment qu'ils n'en manquent pourtant point j mais I
ce n'eft que de là fécondé moitié du fiècle der- |
nie r , que date leur découverte. En 1768, en
effet , G. H e v fo n , dans une lettre adreffée à
J. Hunter ( 1 ) , annonce qu'il vient de s’ affurer de
l'exiftence des vaiffeaux lymphatiques chez les
oifeaux, & donne, à ce fujet, des détails que
l'obfervation & le temps n’ont fait que confirmer.
Auffi nombreux dans les oifeaux que chez les
mammifères, la ftruéture de ces vaiffeaux ne préfente
prefqu'aucune différence.
Leurs parois font délicates » leur cavité eft garnie
de valvules difpofées à des diftances plus ou
moins rapprochées, dans les uns comme dans les
autres abfolument*
y I f , 512, 5 13 , 514 & 51y. L e s v a i f e a u x lym p
h a t iq u e s d es a i l e s . Ils vont s'ouvrir a 1 extrémité
de chacun des deux canaux thoraciques. {C u v ie r .)
yIO & J2 I. L e s v a if f e a u x lym p h a t iq u e s du cou .
Ceux-ci fe terminent par deux troncs ifolés, l'un
à droite & l’autre à gauche , dans les veines fous-
clavières , non loin de l’ infertion des canaux thoraciques.
Mais , avant la fin de leur trajet, on
leur voit traverfer plufieurs ganglions lymphatiques
cervicaux, abfolument comme dans 1 homme
& les mammifères, ainfî que s'en font affurés
J. Hunter, auteur de la découverte de ces vaiffeaux,
& Hewfon, fon difciple, & comme on peut
s'en convaincre en les examinant fur l'oie , où ils
forment, à droite & à gauche des vertèbres cervicales,
un tronc du volume d’ une plume de pigeon
, lequel vient s’ouvrir dans la veine foüs-cla-
vière correfpondante, en traverfant un ganglion
fitué au lieu même de fon infertion.
Dans le cygne domeftique, M. Magendie (2)
a trouvé auffi, à droite & à gauche du cou , un
tronc lymphatique, étendu depuis la tête jufqu'à ;
là veine fous-clavière. Dans ce long trajet, puif-
que le cygne eft l'oifeau qui a le plus,de vertèbres
cérvicales, ce vaiffeaû ne fubit aucune divifion &
ne paroît recevoir aucune branche des organes
voifins, fi ce n'eft pourtant les cinq ou fix , dont
il tire fôn origine , dahs le voifinage de la mâchoire
inférieure.
Le ganglion dans lequel il fe termine, eft alongé
& très-étroit } il a plus d'un pouce de longueur
& à peine deux lignes de largeur, & une d'épaif-
feur. Sa couleur eft celle d’un fang veineux foncé.,
S ç fa confiftance approche de celle d'un caillot de
fibrine.
y 22 & 523. L e s c a n a u x th o r a c iq u e s . Us font au
- (r) Pkilofoph: TranfaSl., vol. LVIII.
(2) Note fur V anatomie du cygne domeftique. Voyeq le Bulletin
des Sciences , par la Société philomatique de Paris,
feptembre 1819 / gage i 35.
nombre.de deux dans les oifeaux.. Us naiffent d’un
plexus très-confidérable, placé aux environs du
tronc caeliaque. Us montent, ou plutôt ils s’avancent
de chaque côté du rachis, au-deffus des
poumons , jufqu'au côté interne des veines jugulaires
, où ils s'infèrent, un peu avant leur réunion
avec les veines axillaires.
Ces canaux, dans leur trajet, fe divifent & fe
fous-divifent, & forment des îles beaucoup plus
fréquemment que ceux des mammifères. ^ %
Le tronc gauche reçoit une branche qui lui vient
du ventricule fuccenturié & de l’oefophage, & ,
un peu avant fa ternvnaifon , il s’anaftomofe avec
une branche correfpondante des vaiffeaux lymphatiques
du cou & de la tête.
524, y 2y , y2<?, y2 7 , &'C. L e s v a i f f e a u x lym p h a t
iq u e s d e s m em bre s a b d om in a u x . Les vaiffeaux lymphatiques
des pieds, des jambes, & des cuiffes fe
raffemblent, avec ceux du baffin, de s organes delà
génération , des reins & de tous les vifeères de la
digeftion, en un plexus qui entoure la veine mé-
fentérique fupérieure & le tronc coeliaque, &
d’où partent les deux conduits thoraciques.
S e c t i o n s e p t i è m e .
e & yy4* L e f a n g en g én é ra l. C e liquide eft
rouge dans les oifeaux comme dans les ^triammi-
fëresj fa compofition, propre à entretenir 1 énergie
du fentiment & la vigueur des mufcles, doit
varier dans le rapport de la quantité de refpiration;
mais la chimie ne nous a encore rien appris de po-
fitif à ce fujet.
F O N C T I O N t r o i s i è m e .
L es s e n sa t io n s e t l' a c t io n n e r v eu s e .
^ 6 . L e s o rga ne s d e l à f e n f ib i l it é en g e n e r a l. Le
plus habituellement, le fyitème cérébral des oifeaux
eft très-développé, & l’on trouve peu d a-
nimaux dont lé cerveau foit plus étendu (1). Chez
quelques-uns même, comme nous 'e verrons bien-
. t ô t , la proportion de la maffe encéphalique , relativement
au poids du corps, e ft, pour le moins,
auffi forte que dans l’homme (2). On conçoit facilement,
d’après cela, comment les oifeaux, £n
général, s’apprivoifent fi rapidement, s’inftruifent
fans peine & confervent fidèlement le fruit de
leurs leçons y comment ils ont tant de follicitude
pour leur foible lignée 5 comment ils lui prodiguent
des foins fi tendres & fi attentifs ; comment
même , ainfi que le veulent certains obferva-
teiirs (3 ) , ils lui communiquent les premiers priiv
(1) Van dér Linden ; P h y fio l., pag. 397.
(2) Haller , Element, phyfiol., tom. IV,'lib. 10.—
Pdfczi, Memor. , & c . , pag. 81. T v t it
(3} Dairies Barrington, Philof. Tranfaa., tom. La IU;
pag. a49* *• Pennant, Brit. Z o o l tom. I I , page 55o.
C f
cipes de l’harmonie, 8e peuvent former des chan-
très du printemps & de l’amour. Nous ne faurions
nous étonner du degré d’intelligence dont ces petits
êtres font fufceptibles, puifqu il eft d ob ier-.
vation que, dans tous les animaux , les facultés
intellectuelles font dans une proportion confiante
avec la grandeur relative du cerveau , & furtout
de fes hémifphères. #
En conféquence, pour juger du caractère intellectuel
des oifeaux, la proportion du crâne a la
longueur du bec, quoique fourniffant des données
bien moins fûres que dans lçs mammifères ( i ) y
offre cependant encore une utile confidération. Les
oifeaux à long bec, de même que les mammifères
à mufeau prolonge, font certainement^ les
moins intelligens; la bécaffe & la grue, ont même
palfé en proverbe.
Il eft reconnu que , chez l’homme, le toucher
eft le plus parfait des fens } dans la plupart des
mammifères, l'odorat femble occuper le premier
rang î dans l’o ifeau, la vue eft le premier des
fens, l’ouïe le fécond} le toucher, le goût &
l’odorat ne viennent qu'après. Les fenfations dominantes,
dans chacun de ces êtres , fuivant la
remarque ingénieufe du Pline français, doivent
fuivre le même ordre : l’homme eft plus ému par
les imprefiions du toucher , le quadrupède par
celles de l’odorat, l’oifeau par celles de la vue}
la plus grande partie de leurs jugemens , de leurs
déterminations dépendent de ces fenfations dominantes
: celles des autres fens, moit\s fortes &
moins nombreufes, leur font fubordonnées, &
n'influent qu'en fécond fur la nature dé 1 être.
Mais fi le toucher & le goût font très-imparfaits
dans l’oifeau , il exifte, chez lu i, une forte
de fens univerfel, fans organe appréciable ^ qui
l’avertit des variations de l’atmofphère. Par l'élément
qu’il habite, il connoît peut-être mieux que
l’homme tous les degrés de la réfiftance de l’air,
de fa température à différentes hauteurs, de fa
pefanteur relative, & c . Il prévoit plus que nous
les changemens qui arrivent à cet élément mobile.
U preffent de loin les mauvais temps} fes
clameurs répétées appellent les orages ; fon inquiétude
fignale l’approche de la tempête (2).
C’eft par cette connoilfance profonde de l’atmofphère
, qu’ il apprend à faifir l’inftant le plus favorable
à fes émigrations & a fon retour.
L’ influence de l’homme fur la nature, a dit Buf-
fon, s'étend bien au-delà de ce qu'on imagine} il
influe dire élément & prefqu'immédiatement fur le
naturel, fur la grandeur & la couleur des animaux
qu'il propage & qu'il s'tft fournis j il influe me-
diatement & de plus loin fur tous les autres qui,
quoique libres, habitent le même climat. L'homme
(î) Voye% ci-dejfus, page 54*2, ll°*. 3.
(2) Thom. Hoffmann, Pr^efag. temp eft. natur., in-40. ,
* Bafilca, 1781.
a changé, pour fa plus grande utilité, dans chaque
pays, la furface de la terre } les animaux ont au »
par cela même > changer & fe modifier auffi > ils
ont pris, par néceffité, plufieurs habitudes qui pa-
roiflènt faire partie de leur nature} ils en ont
pris d’autres, par crainte, qui ont altéré & de-
gradé leurs moeurs ; ils en ont pris par imitation ,
enfin, ils en ont reçu par l.’éducation, à méfure
qu'ils en étoient plus ou moins fufceptibles.
L’homme a pourtant moins d’ influence fur les
oifeaux que fur les mammifères, parce que leur
nature elt plus éloignée de la fienne, parce qu fis
font moins fufceptibles des fentimens d obeil-
fance} les oifeaux que nous appelons d om e ft iq u e s
ne font que prifonniers} ils ne nous rendent aucun
fer vice pendant leur vie; ce font des viéln^es
que nous multiplions fans peine & que nous immolons
avec fruit. Comme leur inftinét diffère de
celui des mammifères, & n'a nul rapport avec le
nôtre, nous ns pouvons rien leur infpirer dir<^c '
tement, ni même leur communiquer indirectement
aucun fentiment relatif. Un oifeau , dont
l'oreille eft affez délicate pour faifir & retenir une
fuite ds fons & même de paroles, & dont la voix
eft affez fl ;xible pour les répéter aillnétement ,
reçoit ces paroles fans les entendre , & les rend
comme il les a reçues j quoiqu’ il articule ces nuts*
il ne parle point, parce que cette articulation de
mots n'émane pas du principe de la parole, oC
n'en eft qu’une imitation qui n'exprime rien de ce
qui fe p*ffe à l'intérieur de l'animal, & ne repréfente
aucune de fes affections.
L'homme a donc feulement modifié, dans les
oifeaux, quelques puiffances phyfiques, quelques
qualités extérieures, telles que celles de 1 oreille
ô c de la voix , mais il a peu influé fur les qualités
intérieures. A la vérité , on en inftruit quelques-
uns à chaffer & même à rapporter leur gibier} on
en apprivoife quelques autres affez pour les rendre
familiers} à force d'habirude, on les amène
au point de s'attacher à leur prifon, de reconnoî-
tre la perfonne qui les foigne} mais tous ces fentimens
font bien légers, bien peu profonds, en
comparaison de ceux que nous tranfmettons aux
animaux mammifères. Quel rapport, en effet , y
a-t-il entre l’attachement d'un chien & la familiarité
d’un fer in, entre l’intelligence d’ un éléphant
& celle d’une autruche ?
Par fuite de ce qui vient d’être dit, les efpèces
d’oifeaux que la nature a le plus éloignées de
nous , en leur donnant un vol plus rapide, plus
haut& plus étendu, doivent être^ moins fufeep-
tibles de s’accoutumer à la domination dei’homme,
& de s'habituer à la dcmefticité, Leur propre conformation
les deftine à l’indépendance} elle les
rend propres à habiter l’ air plutôt que la terre.
C 'e ft, fans doute, pour ce motif que l'hirondelle
ne furvit jamais à fa captivité, & qu'une foule
d’ autres efpèces font fi fauvages, fi indomptables,
tandis que les races lourdes & fans grands moyens