
feuilles de rofeaux qu’elle fixe à b tige des plus
forts.
Le courlis (fcolopax areu ata 3 Linn.) 8c le cor-
,lieu (fcolopax ph&opus, Linn.) font leur nid avec
quelques herbes qu’ils recueillent fur le bord inac-
ceffibië d’un vafte étang.
Le flammant, dit-on 3 élève au mi’ieu de l’eau
une île de terre glaife, fur laquelle il couve fes
oeufs , parce que la longueur de fes jambes ne lui
permet pas de s’accroupir jufqu’à.terre ( i) .
Parmi les palmipèdes, le cygne fauvage & le
cygne domeftique, l’oie & le'Touchée (anas ely-
peata 3 Linn.) nichent à terre fur l’herbe} le tadorne
( anas tadLoriia, Linn.) , quoique vivant ha-
Liituellement dans les terriers pratiqués par les lapins
fur le bord de la mer, ne nidie jamais dans
leur intérieur, mais pond fes premiers oeufs fur le
fable nu, & enveloppe les derniers d’un duvet
blanc fort épais dont il fe dépouille en leur faveur
} certains pingouins & des manchots font
dans le même cas} le canard fauvage 8c le canard
ordinaire ( anas bofehas') nichent fur les arbres j
le canard lifflfur (anas penelops'), la petite far-
celle ( anas crecca, Linn. ) , la farcelle ordinaire
(anas querquedula 3 Linn.), le chipeau (anas Jlre-
pera3 Linn.) conllruifent, fur les étangs, un nid
qui nage entre les rofeaux} les mouettes pondent
lur le fable ou dans les creux des rochers, dans
un nid de jonc & de tiges de graminées 5 le petit
plongeon (colymbus feptentrionalis ) fait un nid
avec des graminées, & l’abandonne au milieu de
l ’eau des marais 8c dans les grands étangs, 8cc.
En général, tous ces oifeaux ne mettent pas
beaucoup d’art dans la conftruétion de leur nid.
Quelques tiges fèçhes entalfées fur l’herbe} des
bûchettes recouvertes de moufle fur les arbres}
des chaumes arrangés en forme un peu circulaire
fur l’eau, voilà l ’afyfe ot) doivent repofer leurs
plus chères efpérances} mais ces nids informes
font fouvent garnis en dedans d’un duvet mou 8c
chaud, dépouilles préciçuTes du père 8c de la
mère.
Les oifeaux rapaces ne font guère plus induf-
trieux que la plupart des palmipèdes dans la conf*
truètion de leur nid, auquel on donne ordinaire-
raent le nom d'aire. Les aigles, par exemple, tels
que lé jean-le-blanc, le balbuzard & l’aigle commun,
font le leür dans les fentes des rochers ef-
carpés de nos hautes montagnes, 8c quelquefois,
furtout les deux premiers, fur les fapins des plus
noires forêts. Il eft formé de petites branches 8c
de fibrilles, 8c tapifle de laine, de poils 8c de
moufle.
minées & repofant fur des petites branches entrelacées
Le milan conflruit, fur les plus grands chênes
& les plus vieux hêtres de nos forêts, am vaite
nid tapifle avec peu d’art de tiges fèches de gra-
(1) Vieillot, Nouveau Diftionnairc d’hijloire naturelle,
Paris, r8o3 , tpm. XYI, pag. »36,
de fibrilles.
Les faucons nichent dans les forêts de pin 8c
garniflent leur nid de laine 8c de poils.
La creflerelle (falco tinnunculus, Linn.) niche
dans les vieilles tours 8c les mafures.
L’émériHon rochier (falco lithofalco, Linn.)
fait fon aire dans les rochers.
il eft pourtant vrai de dire d’une manière générale
que les petits oifeaux de proie mettent aflez
de foin dans l’édification de leur nid. Avec leur
bec tranchant, ils coupent facilement de petites
branches vertes 8c pliantes, qu’ ils dépouillent de
leurs feuilles 8c qu’ils entrelacent avec des fibres
tortusufes de racines de pin,faifant entrer dans
les vides du tilfu beaucoup de mouffe 8c de laine,
confolidant le fond avec des mottes de terre,
foutenues par des racines de graminées 8c encore
couvertes de moufle. L’humidité de cette terre
fe conferve pendant plufieurs mois (1).
Toujours le nid de ces oifeaux eft large, foît
pour faciliter l ’incubation, foit pour fuffire à
contenir les petits qui croiflent promptement,
foit enfin pour recevoir les membres dépecés
qu’apportent les parens j il a peu de profondeur,
afin que la vue de la couveufe fe porte tout autour,
pour prévenir le danger} fon gros volume
le rend facile à apercevoir 5 mais il n’eft nullement
aifé de parvenir à fa portée.
D’ un caractère timide 8c parefleux, les nyété-
riens, comme les hiboux, les chouettes, les
ducs, 8cc., ne peuvent s’aflujettir au travail né-
ceflaire pour la conftruélion d’un nid commode.
Ils s’emparent d’un trou dans un arbre ou dans
une mafure, ou d’un nid abandonné , 8c y dépo-
fent leurs oeufs à nu. Le grand-duc élève, dans le
trou d’un rocher efearpé, fur les hautes montagnes,
un nid fait avec des bûchettes 8c quelques
fibres difpofées fans art.
Règle., générale , les oifeaux qui bâtiflent des
nids, les commencent conftamment par le tiflu
du milieu, c’eft-à-dire, par celui qui doit en être
comme la charpente. C ’eft là que font entrelacés
fort lâchement les plus grofles tiges 8c les chaumes
les plus forts. Ils s’occupent enluite de la tapifle-
rie intérieure, en fai fan t pafler, dans les interfaces
du premier tiflu , du crin, des poils, des
fibres menues, des chaumes minces, 8c en les ferrant
de plus en plus vers le fond. Pendant que
l’un des deux procède à ce travail, l ’autre remplit
tous les vides à l’extérieur.
Mais, à peine un travail aufli long, auffi péni-
nible , efl-il achevé, que la mère s’occupe de la
ponte 8c fe livre aux foins encore plus aflujettif-
ians de l’ incubation, 8c l'inllinèt de la nature
eft en elle alors plus fort que le befoin de fe con-
ferver. Sans cefle accroupie fur fes oeufs, n'ofant
(1) Lapierre y Notes Observations fur la ponte des oifeaux
qui fe trouvent d ïoueftde la France.
ni fe lever, ni Tortir, fe remuant à peine dans la
crainte de les voir fe refroidir, elle montre pour
eux fa vive follicitude en fouffrant la faim, la foif,
tous les befoins} elle ne dort même plus. Bien
mieux, dans beaucoup d’ efpèces, comme les pigeons
, les tourterelles , les mâles couvent à leur
tour 8c viennent fidèlement relever les femelles.
Chez d’autres, comme les perroquets, les pics,
les loriots , ils apportent à celle-ci la nourriture
qui leur eft néceflaire. Le roffignol en fait autant,
8c charme d’ ailleurs en même temps fa compagne
par de douces chanfons. Mais les mâles qui ont
plufieurs femelles ne couvent que très-rarement}
tels font les coqs, les canards, les dindons.
Tout entier à cet inftinét, dont la caufe immédiate
fe dérobe à nos moyens d’inveftigation,
l’oifeau qui couve pafle ainfi les heures, les jours,
les femaines fans fe rebuter.
L’incubation, en effet, eft un aête qui demande
de la confiance 8c de la perfévérance } pour s’accomplir,
elle exige un efpace de temps toujours
aflez long, & qui varie, non-feulement fuivant
les diverfes efpèces d’oilëaux, mais encore félon
la température que les oeufs éprouvent, de forte
que le froid peut retarder la (ortie des petits, 8c
que la grande chaleur peut l’accélérer.
Les oeufs des méfanges, au refte, éclofent en
onze jours.
Ceux des pigeons, en dix-huit environ.
Ceux des poules, en vingt-un.
Ceux de la bécaffe, en vingt-huit ou trente*
Ceux de l’oie , du cygne, 8cc., en quarante
jours.
Ceux du harle huppé, enfin, en cinquante-fept
jours.
Il paroît donc que , toutes chofes égales d’ ailleurs
, les oifeaux font d’autant plus long-temps
renfermés dans l’oe u f, qu’ ils doivent naître plus
développés j ainfi les efpèces qui marchent en for-
tant de la coquille, exigent une incubation plus
longue que celles auxquelles les parens apportent
la becquée dans le nid (1).
Il fembleroit aufli que la petiteffe des oeufs peut
hâter le terme de l’incubation. Plus ils font petits,
en effet, 8c mieux ils font échauffés. Audi voyonsi 2 * 4 5 6
nous que les oeufs de méfange, qui font ii peu
volumineux, éclofent très-vîte, comparativement
à ceux des oies-8c de$ cygnes.
Au refte, la chaleur de l’oifeau n’eft point in-
difpenfable pour l’heureux fuccès de l’incubation.
Les hiftoriens nous ont raconté que L ivie , la
femme de l’empereur Augufte , étant enceinte ,
couva un oe uf fur fon fein jufqu’à la fortie du
poulet (2). D ’ailleurs, l’autruche ne couve point}
(1) Duméril, Traité élément,pag. 219. d’hiftoire natur., tom. H ,
(2) Pline, /. c ., lib. X , e. 55.
la température du fable fur lequel elle dépofe fe$
oeufs luffic pour les faire éclore (1).
L’art humain a , depuis long-temps déjà , mis à
profit cette obfervation. Hérodote nous apprend
que, de fon temps, les Egyptiens connoifloient le
m >yen de faire éclore des poulets dans des fours
qu’ ils entretenoient à une température égale 8c
g aduée. Ce même procédé eft encore (2) luivi c n
Egypte aujourd’hui, 8c le célèbre Réaumur a en- ,
feigné à s’en fervir dans un ouvrage ex profejfo ( ; ) »
qui avoir été précédé cependant déjà par bien tks
effais, à Ma t e , en Sici.e, en Italie 8c même en
France, comme il appert d’un- compte rendu en
1496, fous le règne du roi Charles V I I I , qui fit
conftruire à Amboife un de ces fours d poulets.
Depuis peu, on a encore imaginé une machine à
couver échauffée par une lampe (4).
O r , quel eft donc l’effet merveilleux de h chaleur
fur le développement du germé renfermé
dans l’oe uf fécondé? Quels font les principaux
phénomènes de’la formation du poulet? C ’eft ce
que nous tâcherons d’expofer dans la fcétion fui-
vante , en profitant des recherches foignées faites
fur ce fujec par de grands phyfiologiftes ou natu-
raliftes, parmi lefquels nous citerons J. Fabririo
d’Aquapendente , Harvey, Maître J-an, Malpighi,
Blaes, Haller, Bonnet, Monro, Vicq d’A zy r ,
8c notre eftimable collègue M. lé doéteur Lé-
veillé ( f) , ainfi. que M. le doéteur Dutrochet (6 ),
médecin diftingué à Château-Renaud, dan^ le département
d’Indre 3c Loire.
l i j j . La panurition. Il n’en eft point dans les
oifeaux, comme dans Ls mammifères. D ms ceux-
ci , c’eft la mère qui expulfe le foetus hors de fon
fein. Mais c ’eft au poulet à s’échapper fpontané-
ment de l’oe uf qui le renferme.
On a remarqué que, pour cela, il porte fur fon
bec un tubercule conique 8c très-dur, avec lequel
il rompt fa coque , en la fillonn'ant profondément
par des mouvemens de tête répétés.
Ce tubercule roftral tombe lorfque le pouffin
eft éclos.
eft-(c1e) Qtouia nqdu i ll’easu trréucchhaeu fafeb ?a nEdlolne neo ufbelsi eoe uqfuse fluer plai edte rrdeu,. bvroiyfearg.e..u..r. peut les écrafer, & que l’animal du.défère va les- Job. , c. XXXIX.
— (2S)c aBleiglocnr ,, Delà nature des oifeaux, liv. I, ch. g., pag. 3o. Ad Card-. Exercit., 23,
' (3) A n de faire éclore dès oifeaux dùmeftiques , Paris ,
C17o4p1i.n e—au r, ç ygf auffi l’ Ornithoirophie artificielle , par l’abbé Paris, 1780.
(4) On trouve une defeription exa&e de cette machine,
dans le Traité du profefleur Hollmann , fur le baromètres &
les thermomètres, imprimé à.Groëtcingue en 1783.
(5) Diffenation phyjiol. fur la nutrition des foetus confidérés-
dans les mammifères & les ovipares, in-8°. Paris, an 7.
(6) Recherches fur les enveloppes du foetus. — Voye% Ui.
Mémoires de la Société médicale d‘Emulation, fèante à la Fa*
culte de médecine de Paris, tome V III, part; iv.