
la paroi inférieure du cloaque, 8c fouvent à peine
fenfible hors du temps de l’ére&ion ( i ) . |
Tels font, en particulier, les grands oifeaux
de proie.
Mais, dans d’autres efpèces, il exifte une verge
non percée, d’un volume allez conlîdérable, &
qui n’eft pas toujours en rapport avec celui de
Tanimal.
L ’exiftence de cet organe paroît encore moins
en rapport avec les ordres dans lefquels on divife
la grande clalîe des oifeaux. Le même ordre, en
effet, celui des gallinacés, par exemple, comprend
des oifeaux q u i, comme l'autruche (2), le
cafoar (3), le hocco (4) , l’outarde(5 ) , & c .,o n t
une véritable verge, 8c beauconp d'autres qui
n’en ont point.
Il en eft de même des échaffîers 8c des palmipèdes.
Dans beaucoup d’oifeaux encore, 8c plus
particulièrement dans les oifeaux nageurs, il
exifte une verge double, dont le mécanifme eft
très-remarquable (6).
Cet organe offre donc une ftru&ure qui eft bien
loin d’être la même dans tous les oifeaux qui en
font pourvus. Nous allons le décrire tgl qu’ il fe
préfente, d’ une part, dans l’autruchei de l’ autre,
dans le canard.
Dans le premier de ces oifeaux, la verge eft
fort grande 8c proportionnée à la taille de l’animal.
Sa forme eft conique ; fon dos eft creufé d’un
ïillon étroit 8c profond, qui règne depuis la bafe
jufqu’à fa pointe.
Les canaux déférens, en s’ouvrant dans le cloaque
, vis-à-vis de la bafe de la verge, verfent directement
le fperme dans ce fillon.
Quant à l'organe lui-même, il fe recourbe la
pointe en bas, & fe replie dans une poche mem-
braneufe, fituée au-deffus de celle où s’arrête
l’ urine, de manière que l’orifice de cette dernière,
qui s’ouvre à la bafe de la verge, dans fon Ïillon ,
eft alors entièrement fermée. Il faut donc que l'autruche
forte fa verge pour uriner ou pour rendre
fes excrémens, comme dans le moment-du coït.
Il paroît que cètte fortie eft déterminée par la
fimple contraction du fphinCter, qui forme, autour
du cloaque, un cercle mufculeu ; extrêmement
épais , 8c embraffe la poche dans laquelle la
verge fe retire (7). Deux paires de mufcles fervent
alors à l’ y faire rentrer. Nous en parlerons
bientôt.
Le cafoar 8c le hocco ont la verge conformée
comme l’autruche.
(1) Cuvier, Z. c. (2) Mémoires cités.—Warren, Philofoph. Tranf., n®. 594.
(3) Mémoires cités. (4) Ibidem. — Cuvier, l. c. (5) Cuvier, L.c. , tom. V, p. 108.
{6) Tifon, Philofoph. Tranf aidions, n°. 144* **■ " Buffon,
Difcours fur la nature des oifeaux. (?) Foye\ ci-dejfts, a°. 1039.
Mais les canards offrent une difpofition entièrement
différente, comme nous venons de l’annoncer.
Dans l’état de repos, chez ces oifeaux, la verge
n’ eft qu’un fimple canal membraneux , retiré fous
la fin du reCtum, dans une poche particulière, 8c
formant une courbe qui peut égaler les trois
quarts d’ un cercle.
Ce canal s’ouvre dans le cloaque par une de fes
extrémités, 8c fes parois fe continuent avec la
membrane qui tapiffe cette cavité.
L’autre extrémité tient à une fubftance cartila-
gineufe,qui s’appuie contre la paroi inférieure
du fphinéter, 8e a laquelle les fibres internes de
ce mufcle viennent fe fixer.
Lorfqu’ on ouvre la verge dans cet é ta t, on voit
qu’elle eft formée de deux parties qui en compo-
(enc chaque moitié.
L’ une a des parois plus épaiffes, élaftiques, un
peu glanduleufes vers leur furface interne 8c légèrement
inégales de ce côté.
L’autre préfente intérieurement un grand nombre
de canelures 8c de plis qui ferapetiffentà me-
fure qu’ils fe rapprochent de la première, 8c dont
la direction eft oblique en travers.
Lors de l’éreétion, cette portion fe déroule au
dehors comme un gant ; en même temps, la première
s’ introduit dans le cylindre creux qu’elle
forme, le double, 8c en compofe la partie la plus
ferme & la plus folide.
La plupart des plis 8c des canelures font beaucoup
moins prononcés lorfque la verge a été pouf-
fée en dehors j ils empêchent d’ailleurs cet organe
de s’étendre en ligne droite, à câufe de leur direction
oblique, & l ’obligent de fe contourner en
tire-bouchon.
Cela devoit être ainfi, dit M. Cuvier j comment,
en effet, le canard mâle auroit-il pu faire
entrer, dans le cloaque de la femelle, une verge
longue de quatre ou cinq pouces? car telles font
fes dimenfions lorfqu’elle eft étendue en ligne
droite.
Les plus fortes de ces rides fe voient, au refte,
fur deux rebords qui interceptent un Ïillon affez
profond, creufé dans toute retendue de la verge,
8c vers l’origine duquel les canaux déférens verfent
le fperme.
C et organe eft donc un cylindre creux, com-
pofé de deux fourreaux , dont l’un extérieur, très-,
ridé, eft une forte de reflort élaftique, 8c dont
l’autre, recouvert par le premier, a des parois
plus épaiffes, un peu plus glanduleufes, jouit
d’une élafticité également remarquable, 8c forme
proprement le corps de la verge. On l’a trouvé
rempli d’une humeur glaireufe, épaiffe 8c filante
( i ) .
L ’organifation de cette verge, qui n’eft point
(i) Cavier, l, c. , tom. Y , pag, n i ôc m .
vafculaire, la rend incapable d’une véritable
éreétion.
I i y y , i l ƒ6 8c 1157. Les mufcles de la verge.
Nous avons déjà dit q u e , dans l’autruche, la
verge fort du cloaque par la fimple contraction
du fphinCter. Deux paires de mufcles fervent
fpécialement à la faire rentrer dans cette cavité.
L’une defcend de delfous le facrum où elle fe
fixe, s’introduit en dedans du fphinCter, contourne
les côtés de la verge près de fa bafe, 8c
s’attache en deffous de cet organe dans fon premier
tiers.
L’autre s’avance plus près de fa pointe. Chacun
des mufcles qui la compofent a deux taifceaux,
dont l ’un vient de cet endroit 8c l ’autre de la poche
de la verge : tous deux fe réunifient en avançant
8c fe fixent à l’os des îles en arrière des
reins.
La première tire la verge près de fa bafe 8c la
foulève 5 la fécondé agit plus particulièrement fur
fa pointe, qu’elle tient courbée en bas. Toutes
deux plient cet organe 8c le retirent ainü dans
fa poche.
Quant à la verge du canard, il paroît qu’elle
fort du cloaque , que fes deux canaux , qui n’en
forment qu’ un hors du temps de l’éred ion, s’ in-
troduifent l’un dans l’autre, 8c rentrent dans leur
premier état après l'accouplement, par l’aétion
combinée de piufieurs mufcles.
L'un de ceux-ci eft grêle 8c forme un ruban
mince, fixé du côté gauche , dans l’intérieur du
baflîn. Il defcend de-là vers la poche de la verge,
8c fes fibres femblent fe rendre en partie vers le
cylindre intérieur de cette dernière.
Un autre mufcle grêle aufli embraffe en deffous
la bafe de la verge , fe gliffe de chaque côté
en dedans des deux mufcles expulfeurs, en montant
obliquement en avant, 8c parvient fur la
queue.
Deux mufcles extrêmement forts font fortir
l’organe au dehors. Ils ferment deux renflemens
ovales, très-épais, dont les faifceaux font concentriques
8c fe dirigent de haut en bas ; ils font
réunis par leurs extrémités fupérieurement 8c inférieurement
8c embraffent la fin du reétum ainfi
que le cloaque, par une furface concave, où
leurs faifceaux forment des colonnes diftin&es.
En fe contractant, ces mufcles doivent ferrer la
verge avec force 8c l’obliger de fe dérouler au
dehors, comme elle le fait lorfque l’on ferre le
cloaque avec les doigts.
Ils recouvrent immédiatement un lacis très-fin
de vaiffeaux fanguins, qui paroît fufceptible de fe
gonfler durant le coït.
1158 8c 1159. Le corps caverneux en général.
Dans l'autruche, cette partie de la verge femble
compofée de deux corps folides, coniques, entièrement
fibreux, appuyés par leur bafe en dedans
du fphinCter du cloaque, fur fa paroi inférieure,
adoffés l’ un à l’autre fans fe confondre,
dont le droit eft plus- petit que le gauche, 8c ne
s’avance pas aufli loin dans la verge.
1163. Le gland & le prépuce. Un corps fibro-
vafculeux, qui forme une faillie conlîdérable le
long de la face inférieure de la verge, 8c en compofe,
en totalité, l’extrémité, femble, dans l ’autruche,
remplacer le gland de la verge des mammifères.
Le prépuce manque dans les oifeaux en général,
quoiqu’ un auteur anglais en ait attribué un à l’autruche
(1 ).
1164 8c 1 ié y . Vurèthre. Ce canal manque chez
les animaux d'ont nous nous occupons. Sa portion
vafculeufe paroît, feulement dans l'autruche,
avoir un analogue dans un amas de cellules, dans
lefquelles le fang s'épanche, 8c qui fe voient fous
la peau qui tapiffe les parois du fillon (1).
11(57 8c 1168. La proftate les glandes de Cow-
per. Çes organes n’ont point d’analogues chez les
oifeaux.
H 7 1 . Le veru-montanum. Il n’ exifte point non
plus, 8c en conféquence même du défaut d’urèthre.
1172. Les conduits éjaculateurs. Les oifeaux n’en
ont point, quoique G. Warren (3) croie avoir
aperçu des véficules féminales dans l’autruche en
particulier.
1173. Le fluide féminal, Ainfi que dans tous les
autres animaux , ce fluide eft d’un blanc opaque
dans les oifeaux. Piufieurs auteurs (4) ont indiqué
dans fa compofition l’exiftence d’animalcules
microfcopiques analogues à ceux que l’on obferve
dans le fperme des mammifères. C ’ eft furtout dans
le coq (5) que l’on a obfervé cette particularité,
8c Hartzoeker dit qu’ils ont chez lui la figure d’ un
vermiffeau grêle.
La fécrétion de ce fluide fe fait avec beaucoup
plus d’a&ivité au printemps que dans toute autre
faifon , 8c voilà pourquoi, comme l’a déjà remarqué
Willughby (6 ) , 8c comme nous l’avons dit
ci-deffus, les tefticules des oifeaux font plus gros
dans cette faifon qu’ à toute autre époque de
l’année.
La quantité du fperme eft toujours, au refte,
fort petite dans les animaux dont nous nous oc-
(1) Browne , Colled. philof. , n°j 5 , art. 8.
(2) Cuvier , ( Z. c.., come V, pag. 169. 3) Philofoph. Tranfad., n°. 394, arc. 5.
(4) Foy. Daniel de Superville, Philofoph. Tran fad. for
tahnen yéeea r1 617784 °, >n n° °3- o4.56. — Hartzoeker, Journal des Savans »
(5) Hartzoeker, l. c. — Duhamel, Acadsm. fient. hiß,, pag. 176. — Blancaard, Jaarreg. I , cent. I l l , obf. 18. —
Ane. von I/eeuvenhoëck , Anat, & Contempt. I l , pag. 6.
(6) L. c. , pag- S.