
des pluviers j enfin, d’ un gris-jaunâtre parfemé de
taches brunes, verdâtres ou bleuâtres.
Dans les.oifeaux palmipèdes qui pondent des
oeufs courts & arrondis, comme les cygnes , les
canards & les o i e s l a teinte de ces oeufs eft blanche
ou blanchâtre.
Chez les efpèces du même ordre qui donnent ,
au contraire, des oeufs alongés, comme les plongeons
&: les mollettes, elle eft jaune ou verdâtre.
En outre, les oeufs des mouettes font mouchetés
de rouge.
Telles font les particularité^ que nous croyons
devoir noter dans les oeufs des oifeaux,' conii-
dérés fous le rapport de leurs formes & de leurs
couleurs. Nous ne, dirons rien ici de leur volume j
il eft trop variable & , d’ ailleurs , toujours proportionné
à celui du corps de l'animal qui le produit,
quoiqu’affez conftamment plus fort dans-lcs races
aquatiques ( i ) . Mais leur lurface doit donner lieu
à quelques remarques.
C ’eft ainfi que dans les oifeaux rapaces plumi-
côlles & nyétériens, elle eft peu lifte ; que dans les
pies-grièches, elle paroicTbrt unie 5 que dans la
plupart de* paffereaux, eUe'efl allez polie; que chez
beaucoup de gallinacés, elle eft rugucuie, &c.
Jufqu'à préfent nous n’ avons examiné l’oeuf qu’à
l ’extérieur ; rien ne peut encore nous aider à le
diftinguer d’ un corps inanimé; & cependant,
avons-nous dit, quand il a été expofé pendant un
certain temps à une chaleur tempérée, il s’en
échappe un animal vivant. Qu’ eft-ce donc qu’un
oeuf? Devons-nous croire avec Pàracelfe ( i ) qu’il
n’eft rien moins qu’un petit monde, & embrafter
ainfi une théorie fur laquelle les alchimiftes ont
établi tant de rêveries? Ne feroit-il pas beaucoup
plus naturel de le regarder, avec cet Ariftore
qu’ on eft obligé de citer fi fouvent , comme
un corps dans lequel la nature a renfermé en
même temps , & la matière qui forme l’animal &
l'aliment qui le nourrit (3) ? Pourquoi dans cet
oe u f vivifié d’abord par le mâle fur l’ovaire de la
femelle, le principe delà vie refte-t-il endormi juf-
qu’ à ce qu’il foit réveillé par la chaleur de l ’incubation
? Des favans juftement célèbres ont fait de
l’examen de ce peint de la ftience des animaux,
l’objet de recherches aflîdues, & à leur tête on
trouve, comme nous l’avons déjà annoncé, Halle
r , Malpighi, Harvey, Vicq-d’A zy r , Spallan-
zàni, Svvammerdam, Bonnet, & c . , fi connus par
la jufteffe de leurs nombreufts observations. En
joignant à leurs immenfes travaux quelques découvertes
faites tout récemment, il fembl croit
qu'on devroit pofféier, dans cette mafle impoli)
Belon, /, c . , liv. I, chap. 9, pag. 3p. — Marfigli,
D a n u b . parinonico-nryfic. , tom. IV.
(a) B. Caflelii L e x ic o n med icum gretco -latinum , }
Z i p f ix , 1713, pag 543, arc. O on .
(3.) Dégénérât., lib. I I I , c. a, ii
fante de faits, un moyen propre à développer
aux yeux des hommes les plus difficiles la plus
grande partie des myftères de la génération. Mais
les moyens d’ inveftigation que nous avons reçus
avec la vie font bornés, & il eft un inftant où il
faut craindre de foulever le voile à l’aide duquel la
nature dérobe fes procédés à nos regards, où l’on
s’enveloppe dans les replis, fans efpoir de s’en
pouvoirdébarrafter. Lezootomiftedoit, plus que
tout autre, s’abftenir jd’ une pareille témérité. Là
où les faits ceffent de le guider, il doit redouter
d’enfanter un abfurde fyftème, & , dansTexpofi-
tion de la ftruêlure anatomique de l’oe u f, à laquelle
nous voici naturellement arrivés, nous tacherons
d’évitu- un écueil auffi fâcheux.
Dans tout oe u f, on doit diHinguer deux fortes
de parties; les parties contenantes les parties contenues.
Examinons fucceflivement chacune d’elles.
Les parties contenantes de l’oe uf font ce que
l’on peut proprement appeler les enveloppes extérieures
de cet organe, c ’eft-à-dire , la coque & la
membrane qui la tapiffe intérieurement.
La coque de l’oeuf des oifeaux eft folide , plus
ou moins mince, poreufe, diverfement colorée,
lifte ou rugueufe à fa fuperficie; c’eft elle qui détermine
la forme totale de l’organe, & qui enveloppe
toutes les parties qui en continuent l’en-
femble.
Cette coque eft compofée de petits corps grenus
, placés les uns à côté des autres ; auffi eft-elle
toute perforée de pertuis étroits & de canaux
déliés que Ta t des inje étions ou que la tranftuda-
tion des liquides colorés y fait découvrir.
Pendant long-temps on a cru qu’elle n’étoit
formée que de carbonate dé chaux uni à de la
gélatine. J es chimiftes modernes ont démontré
qu’elle contient auffi une certaine proportion de
phofphate de chaux.
La coque folide des oeufs eft dépofée à la fuite
du blanc, dans le canal de l’ oviducfus, fur le jaune
defeendu de l'ovaire, pendant le féjour que ce
jaune fait dans le canal. C ’eft ce que paroît prouver
l’obfervation fuivante.
On diftingue conftamment dans la fiente des
oifeaux deux matières très-remarquables par leurs
différences l’une fouvent plus abondante, & colorée
en vtrt foncé ou en brun; & l’autre blanche
& plus fèche que la précédente.
O r , cette partie blanche de la fiente des oi-
‘féaux, bien diftintte du refidu des alimens, offre
au chimifie qui l ’analyfe tous les caractères d’un
mélanae de carbonate & de phofphate de chaux
& d’albumine. C ’eft donc la même fubftance que
celle qui commue la coque de l’oe u f, & il paroît
en effet qu’ayant la .même origine & le même
fiége qu’elle , on ne peut y voir que le fuperflu
de ce qui fert à former l ’enveloppe concrète Sr
folide des oeufs.
La folidité, l’épaifteur, la confiftance de la coquille
de l’oeuf varient au refte beaucoup, fuivant
les différentes efpèces où on l’examine & fuivant
plufieurs autres circonftances.
Dans les rapaces diurnes & noélurnes, dans les
palmipèdes j dans les gallinacés, la coque de l’oe uf
eft fort dure 6c crès-réfiftante.
Dans les pies-grièches, les grimpereaux > les
huppes, les pics, les corbeaux, les pies, les rol-
liers, les choucas , elle eft beaucoup moins forte ,
air.ii que dans la plupart des échaffiers; dans les
petits paftereaux, les moineaux, les hirondelles,
lés méfanges, & c . , elle eft ten Ire 6c fragile.
Certaines poujes trop gralfes pondent parfois
des oeufs entièrement dépourvus de coque, &
enveloppés feulement par une membiame dont
nous allons bientôt nous occuper (1 ).
La formation de cette coque fournit, au refte,
un fait de chimie ani nale bien imporranc aux yeux
du phyfîologifte : la chaux qui entre dans fa com-
poficion paroît être un produit immédiat de la vie.
Des poules, nourries avec des graines qui ne con-
-tenoient pas un atome de chaux, ne buvant que
de l’eau diftillée, ont, comme les autres, donné
des oeufs à enveloppe calcaire (z).
La coque de l’oe uf eft tapilfée immédiatement en
dedans par une numbrane que les zootomiftes ont
nommée membrane commune ou membrane de la
içoquey & qui adhère intimement à la furface de
celle-ci. Cette membrane eft blanche & légèrement
tomenteufe du côte par lequel elle tient à la
cocjue ; mais elle eft liffe & d’un blanc moins éclatant
fur fa face interne.
Au-deffous de cette première tunique membra-
neufe , on trouve une fécondé enveloppe, qui adhère
à la précédente par fa face externe, mais
d’une manière fi lâche qu’il eft très-facile de l’en
féparer fans la rompre. Elle repofe fur les autres
parties intérieures de l’oe u f, telles que le blanc
ou les blancs, le jaune & fes annexes, le germe
ou la cicatricule, & c ., mais plus particulièrement
fur le blanc.
Les anatomiftes font parvenus à injeCter des
vaiiîeaux fanguins dans le tiffu de cette membrane,
& il devient aifé de les apercevoir fans
préparation, en examinant des oeufs fournis depuis
quelques jours à l’ incubation.
Ces deux feuillets membraneux , celui de la coque
& celui du blanc, font formés d’une matière
gélatir.e tfe qui fe fond dans l’eau bouillante &
dans les alcalis, Sc, malgré leur tiffu denfe &
ferré , lailienr tranfpirer manifeftement des fluides
(1) Ce font ces oeufs qu’on a nommés hardes, & qui ont
donné lieu à une foule de contes populaires,,trop ridicules
pour que nous ayions befoin de les réfuter ici.
(2) D’après une analyfe exacte , donnée par le favant
profefTeur Vauquelin, la coquille d’oeuf eft compofée de
carbonate de chaux, d’un peu de carbonate de magnéfie,
de phofphate de chaux, d’oxyde de fer, de foude ôûd’une
matière animale fervant de gluten .: elle, ne contient point
d’acide urique, comme quelques perfonnes l'aYoient pré-,
tendu.
élaftiques & des vapeurs du dedans au dehors &
du dehors au dedans de l’oeuf. C ’eft par-là que
l ’on peut expliquer & la perte de poids que l’oeuf
éprouve quand on le conferve à l'air libre & le c ,
& l’aCtion que les vapeurs âcres & délétères exercent
fur le poulet qui y eft renfermé.
C ’eft encore ainfi que nous pouvons nous rendre
compte du phénomène' fuivant.
Un des premiers effets de l’incubation & de U
confervation des oeufs eft de faire évaporer la partie
la plus fluide de l’albumen : il en réfulte un
vide dans leur intérieur. C e vide, qu’ on défigne
vulgairement fous le nom de chambre a louer,
placé vers le gros bout & toujours un peu fur le
cô té , a la Forme d’ un (egment de fphère, eft rempli
par de l’air irirerpofé aux deux membranes
dont nous venons de parler, & dont l'une refte
collée à la coque, tandis que l’ autre fuit l’albumen
qui fe retire, & n’exifte point dans les oeufs
récemment pondus, parce que l’évaporation n’a
point eu le temps de s’opérer.
Au-deffous de la fécondé des membranes qui
viennent d’être décrites, on trouve la glaire ou le
blanc de 'l’oeuf ( albumen ovi) , matière liquide,
vifqueufe & gluante, qui enveloppe le jaune Sc
qui eft compofée de deux fubftances fuperpofées
très diftinétes , qu’il eft effenciel de ne pas confondre
l ’une avec l'autre.
Plufieurs anatomiftes ont donné à ces deux fubftances
le nom de blancs.
La première couche ou le blanc extérieur eft une
humeur féreufe & très-limpide. Placéeimmédiate-
ment fous la fécondé enveloppe ' rnembraneufe
commune , elle laiffe nager dans fon fein le fécond
blanc, le jaune & fes annexes, qui y font comme
fufpendus.
Le fécond blanc ou le blanc intérieur, qui mérite
proprement le nom d’albumen, eft plus denfe, plus
tenace, plus confiftant. Il entoure immédiatement
le jaune & forme la plus grande partie de la maffe
de l’oeuf. Ayant l’éclat & la tranfparence du cryl-
tal, il eft fitue en grande partie vers la petite extrémité
dé l’oeuf.
Ce. fécond blanc adhère fortement au centre
du grand hémifphère du jaune, dans la région
oppofée à la cicatricule. L’adhérence eft même fi
intime dans l’oe uf qui a été couvé, qu’on eft obligé
de recourir au fcalpel pour la détruire.
La proportion de la maffe du fécond blanc, comparée
à celle du blanc extérieur, dans un oe u f qui
n’a point été fournis à l’incubation, eft dans le
rapport de 4 ou y à 1.
Les limites qui féparent les deux blancs l’un de
l ’autre font très-marquées^ quelques efforts que
l'on faffe en les battant fortemeni enfemble, on
ne réuffit point à les mêler. La vifcofité du fécond
fait, qu'étant abandonné à lui-même, il eft affez peu
diffluent. Cette vifcofité, au refte, quoiqu’appar-
tenant à la propre nature du liquide, eft due auffi ,
en partie, à une membrane légère, tranfparente,
p p p p 4