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espèce, souvent une forme plus composée ne
diffère d’une forme plus simple que par certaines
facettes semblables à celles qui résulteroient des
sections faites sur les angles solides ou sur les
arêtes de cette dernière ( i ). La pyrite , par
exemple, prend quelquefois la. fórme d’un cube
dont les huit angles solides abattus laisseroient à
découvert autant de facettes triangulaires; en
sorte que cette forme peut être considérée comme
le passage du cube.à l’octaèdre, avec lequel elle
se trouve en rapport par ses huit triangles équilatéraux,
qui sont situés comme les faces de ce
second solidei• i ■ ¿;
Mais outre que ces passages sont déjà singuliers
par eux,mêmes, en ce qu’ils tiennent à des
modifications : beaucoup plus sensibles que ne
paroîtroient devoir, l’être celles qui distinguent
de simples variétés ,- on trouve d’une autre part
certaines formes cristallines qui, par une singularité
encore plus remarquable, ne laissent apercevoir
aucuns vestiges de parties communes, et
offrent l’apparence d’une métamorphose complète
du minéral dont elles tirent leur origine.
Et pour citer un nouvel exemple, que l’on place
( i ) C’étoit cette observation qui avoit fait naître au célèbre
Piomé de l’Isle l’idee de la méthode des troncatili es,
pour faire dériver les unes des autres les différentes variétés
dé formes cristallines qui appartenoient à une mexne substance.
D E M I N É R A L O G I E . i5•
l ’un à côté de l’autre le prisme hexaèdre régulier
de la chaux çarbonatée (pl . I , jig . i ) , et le dodécaèdre
à faces triangulaires scalènes ( f ig . 6 ) ,
on aura peine à concevoir comment deux polyèdres
si disparates au premier aperçu, viennent
se toucher et pour ainsi dire se confondre dans
la cristallisation d’un même minéral.
Enfin, comme si les résultats de cette opération
de la nature étoient destinés à donner des
surprises de tous les genres, tandis qu’une même
substance se prête à tant de transformations, on
rencontre des substances très-différentes qui présentent
absolument la même forme. Ainsi là
chaux fluatée , la soude muriatée, le fer sulfuré,
le plomb sulfuré, etc. cristallisent en cubes dans
certaines circonstances ; et dans d’autres, les
mêmes minéraux, ainsi que l’alumine sulfatée et
le diamant, prennent la forme de l’octaèdre régulier
( i ).
C’étoit cette similitude de formes q u i, dans un
temps où l’étude de la cristallisation étoit à peine
naissante, avoit fait penser au célèbre Linnæus
que les sels devoient être regardés comme les
générateurs de la cristallisation; que l'union de
tel sel avec telle espèce de pierre étoit une sorte
(i) Nous exposerons dans la suite les raisons qui peuvent
aider à concevoir cette ressemblance de configuration entre-
dés minéraux de diverses natures.