pu former des cristaux. L ’idée que fait naître le
mot d'espèce va droif au fond de la substance ,
et ne s’arrête point à de simples alentours.
On ne seroit pas mieux fondé à regarder
comme autant d’espèces les mélanges d’une substance
avec des principes accidentels, qui ne font
que modifier l’espèce principale, mais ne la transforment
pas en une autre qui en soit réellement
distinguée. Ces corps mélangés n’appartiennent
même à l’espèce principale que parce qu’ils en
laissent subsister, au moins en partie, les caractères
dominans. Si cela n’étoit pas, ils ne dé—
vroient plus occuper un rang dans la méthode ;
il faudroit les rejeter dans l’appendice général où
sont placés les mixtes que l’on appelle roches ; et
ceci fait voir combien il est contraire à l’esprit
de la méthode de mettre sur une même ligne ,
comme autant d’espèces particulières, avec les
véritables espèces , les marnes, les argiles, les
schistes et autres corps qui ne sont que des aggré-
gats fortuits d’espèces déjà classées ailleurs dans
la méthode, et dont aucune n’imprime son caractère
à l’ensemble, en sorte qu’on ne sauroit
même décider à quelle espèce ils doivent être
rapportés, comme n’en étant qu’une simple dépendance.
D’après tout ce que je viens de d ire , on concevra
aisément combien il seroit important de
déterminer, à l’aide de l’analyse, par rapport à
chaque espèce, ces principes qui concourent seuls
à la formation de la molécule intégrante, en
opérant sur des morceaux choisis , dont là composition
ne renfermât que ce dont elle ne peut
se passer , sans cesser d’etre ce qu elle e s t , et
n’eut pour ainsi dire rien emprunte au liquide
dans lequel elle a pris naissance. On auroit ainsi
la limite dont les analyses des autres morceaux
s’écartent plus ou moins, suivant que ceux - ci
contiennent des principes purement accidentels ,
ou que l’un des principes constituàns s’y trouve
en excès. Cette limite donneroit ce qu’il faudroit
appeler l’analyse du minerai soumis a 1 experience
, et les autres résultats feroient connoitre
les diversités accidentelles dont la composition
est susceptible. Ils serviroient à indiquer jusqu’à
quel terme tel principe a varié dans ses proportions
, et à déceler les principes qui n’ont qu’une
existence passagère, et sont plutôt une surcharge
pour le minéral qui les renferme, qu’ils ne contribuent
à son intégrité.
Je crois avoir fait assez sentir combien la chimie
et la minéralogie peuvént -tirer de forces de
leur réunion. Sans la première , on ignoreroit
dans quelle classe un minéral doit être placé, s’il
renferme un acide , ou s’il n’entre que des terres
dans sa composition, ou s’il ne cache pas i*ie
substance métallique sous l’apparence d’une simple
pierre. Sans la seconde , il seroit souvent