T R A I T É
qui s’étant formés dans les mêmes circonstances ,
avoient reçu l’empreinte du même principe colô-
rant. Une découverte à laquelle la minéralogie et
la chimie ont concouru réunit le béril avec l’é—
meraude, et voilà dès ce moment des émeraudes
les unes jaune-verdâtres, les autres bleuâtres, et
d’autres d’un jaune décidé ; et le nombre des cristaux
de ces différentes teintes, surtout de la première
, qui existent dans nos collections, l’emporte
même sensiblement sur celui des anciennes
émeraudes. Le jargon de Ceylan identifié avec
l ’hyacinthe, d’après l ’analyse de Riaproth, a troublé
de même cette dernière substance dans la
possession où elle étoit de ne se montrer que sous
une couleur d’un brun orangé, excepté dans une
vai'iété qui étoit blanchâtre ; et il seroit facile de
citer d’autres exemples de ce genre ( i ) , comme
il l’est de prévoir dès maintenant que ces exemples
se multiplieront encore dans la suite. L ’indication
de la couleur, dans le cas où celle-ci est due à un
( i ) Launoy a rapporté d’Espagne beaucoup de petits
cristaux orangés qui appartiennent à la chaux phosphatée,
-connue en Allemagne sous le nom de spargel-stein, parce
que la couleur dé la variété de cette substance trouvée
d’abord dans le même pays, tire sur,celle de l’asperge.
MM. Abildgaard et Manthey m’ont donné depuis des cristaux
de cette substance, qui sont assez commuiis dans certaines
roches granitiques de Norwége,et dont la couleur
est tantôt d’un bleu-verdâtre, tantôt brune, etc.
principe accessoire, doit donc être bannie du
caractère spécifique; et l’on aura une nouvelle
raison de l’en exclure, si l’on ' considère qAue tout
ce qui entve dans ce caractère doit être d’autant
plus en prise à l’observation, que la substance
est plus pure , ou qu’elle approche davantage de
la limite qui constitue réellement somespèce ; et
que dans le cas de cette limite, la couleur dispa-
roîtroit (1).
Quant aux diversités dont est susceptible le
caractère qui se tire des couleurs, il seroit superflu
d’en faire l ’énumération, parce que nous
trouvons à cet égard, dans l’observation journalière
et dans le langage reçu, tout ce que peuvent
( 1 ) On ne peut disconvenir qu’il n’y eût de l’avantage
à citer en tête de la description d’une espèce , le caractère
qui se tire de la modification dont il s’agit, si le plus grand
nombre des variétés présentoient une même couleur, ou à
peu près, en sorte que les différences qui auroient lieu , dans
d’autres variétés, pussent être regardées comme des exceptions;
parce que ce caractère étant celui dont l’oeil est d’abord
frappé, son indication seroit par là même très-propre à
devenir comme le premier coup de pinceau pour faire le
portrait d’un minéral. Mais si l’on est obligé de citer tout
-a la fois huit ou dix couleurs différentes que se partagent
les divers individus de l’espèce, ne p a ro îtr a - t - il pas que
la description commence par tomber dans le vague, et
par manquer le but principal, qui est d’offrir une facilité
pour reconnoitre au simple coup d’oeil la substance indiquée
?