une même conception les premières sous le nom
dl arbres, et je désignerai en commun toutes leso
autres par le nom d’herbes. J’aurai ainsi deux
grandes classes ( i ) , dont chacune pourra être
soudivisée en un certain nombre dè genres, qui
seront des groupes d’espèces. Enfin si je n’ai plus
égard qu’à la faculté qu'ont tous ces êtres de végéter
et de se nourrir des sucs de la terre, je les
comprendrai sous la dénomination générale dè
■plante, et je serai parvenu ainsi par une série
d’idées toujours plus abstraites, au point de vue
le plus élevé du règne végétal.
Les langues humaines offrent une foule d’exemples
de pareilles abstractions qu’un esprit d’analyse
naturel a suggérées même au vulgaire ; et
c’est en se dirigeant d’après la même gradation
de vues, que les savans ont formé leurs systèmes
et leurs méthodes. Seulement ils ont assujéti ces
arrangemens méthodiques à des principes plus
• exacts et plus raisonnés; ils en ont multiplié les
divisions et les soudivisions * et les ont en quelque
sorte motivées par l’indication des caractères prof
près aux êtres que contient chaque division.
On v o it , par ce qui précède, qu’à mesure
(i) Je ne prétends pas ici établir des limites rigoureuses
entre les divisions deà êtres, mais seulement faire concevoir
la marche des idées,par des exemples tirés d’objets
familiers.
qu’on remonte dans la suite des abstractions, on
lie ensemble un plus grand nombre d’êtres d’après
le rapport ou le caractère analogue au degré de
l ’abstraction. Ainsi l’idée qu’exprime le mot
d'arbre embrasse incomparablement plus de
plantes que celle qui est attachée au mot de chêne,
et celle-ci a une plus grande extension que l’idée
qu’offre à l’esprit le nom de chêne vert. Réciproquement
, chaque abstraction d’un degré inférieur
resserre dans un plus petit espace, le nombre des
êtres auxquels elle s’étend. Que fait donc la méthode?
Elle divise et soudivise successivement
l’ensemble des êtres, d’après leurs divers caractères
ou rapports; en sorte qu’à chaque division,
tous les caractères énoncés dans les divisions précédentes
étant censés subsister encore, la méthode
ajoute l’expression d’un nouveau caractère ,
d’un nouveau trait de ressemblance, qui détache
les êtres renfermés dans cette division. Plus la
somme des rapports augmente, et plus au -contraire
le nonibre des êtres auxquels conviennent
ces rapports va en diminuant; et quand cette
somme est la plus grande possible, quand elle
s’étend à toutes les faces des êtres qu’elle réunit,
chacun de ces êtres est censé représenter tous les
autres, et l’on dit que ces êtres sont de la même
espèce.
D ’une autre part, à mesure que le degré de
l’abstraction s’élève, le nombre des soudivisions