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ainsi que leur assortiment y est le même que
dans la masse entière. O r , la soudivision du sel
en cubes toujours plus petits a nécessairement
une limite ; et si nous avions des organes et des
instrumens assez délicats pour la pousser jusqu’où,
elle peut aller, nous arriverions à des cubes que
nous ne pourrions plus soudiviser sans les analyser,
c’est-à-dire, sans isoler les deux principes
dont la réunion constitue l’essence du sel.
u Concluons de là que l’on peut considérer dans
ce sel ( et il en faut dire autant de tous les minéraux
) des molécules de deux ordres ; les premières
, que nous appellerons molécules é lé mentaires
, et qui sont, dans le cas présent ,
d’une part celles de l’acide, et de l’autré celles
de la soude ; les secondes , auxquelles nous donnerons
le nom de molécules intégrantes, et qui
sont, dans le même cas , les plus petits cubes qui
puissent être obtenus séparément, sans que la
nature du sel soit détruite. Les molécules élémentaires
ont sans doute aussi des formes régulières
et constantes pour chaque espèce d’acide ;
d’alkali, etc. ; et celles d’une espèce s’adaptent à
celles de l’autre, en formant de petits comparti-
mens d’où résultent les molécules intégrantes.
Nous venons de supposer que ces dernières
molécules étoient semblables aux solides que
nous retirions d’un minéral en le divisant méca—
niquement. C’est ce dont nous ne sommes pas
D E M I N É R A L O G I E . , f
physiquement certains , puisque ces molécules
échappent à nos yeux par leur extrême ténuité.
Mais dans l’étude de la nature, nous ne pouvons
faire plus sagement que d’adopter ce principe :
Que les choses sont censées être te lle s en
elles-mêmes qu'elles s'offrent h nos observations.
Les derniers résultats sensibles delà division
mécanique des minéraux , s’ils ne nous donnent
pas la figure des véritables molécules intégrantes
employées par la nature, les représentent du'
moins par rapport à nous, a peu près comme les
substances que les chimistes ne peuvent plus analyser
ultérieurement, sont des substances simplespar
rapport à eu x , quoique dans la réalité elles puissent
être encore susceptibles de décomposition.
U arrive souvent que la cavité dans laquelle
se forme un minéral renferme d autres minéraux
d’une existence antérieure , qui lui servent ensuite
de support, lorsque sa formation est achevee.
Souvent aussi les molécules de plusieurs minéraux
suspendues à la fois dans un meme liquidé
produisent des corps contemporains. De la cette
adhérence mutuelle de plusieurs minéraux;.ces
espèces de pénétrations en. vertu desquelles ils
sont souvent comme entrelacés ou enchatonnés.
les uns dans les autres ; ces mélanges des molécules
de plusieurs corps différens, et tous ces jeux
de position, toutes ces variétés d’états et d’aspects
qui offrent à l’observation du naturaliste un en