de moule a une matière pierreuse ou autre, pour
recevoir l ’empreinte de leur forme. Si l’on sup-
posoit quune de ces productionis, telle qu’une
portion de branche d’arbre, fût entièrement détruite
, en sorte que la cavité qu’elle occupoit
dans le sein de la terre restât vide, on pourroit
concevoir qu’une matière pierreuse vînt ensuite
remplir cette cavité et s’y modeler. Alors le nouveau
corps ressembleroit extérieurement à une
branche d’arbre ; il auroit des apparences de
noeuds et de rugosités ; mais son intérieur n’offri-
roit aucune trace d’organisation, et il ne seroit ,
pour ainsi d ire , que la statue de la production
végétale qu’il auroit remplacée.
Ce qu’on appelle communément bois pétrifié
est une imitation bien plus fidèle du véritable
bois. On y distiftgue sur la coupe transversale
l ’apparence des couches concentriques qui, dans
l ’arbre vivant, provenoient de l’accroissement en
épaisseur ; tous les principaux linéamens de l ’organisation
y sont conservés, au point qu’ils servent
quelquefois à faire reconnoître l’espèce à
laquelle appartenoit l’arbre qui a subi la pétrification.
Parmi les différentes explications que l’on a
données de ce phénomène, celle qui paroît être
le plus généralement admise, quoiqu’elle ne soit
pas exempte d^ difficultés, consiste à supposer
que la matière pierreuse se substitue à la substance
végétale, à mesure que celle-ci se décompose
(1); et parce que le remplacement se fait
successivement et comme de molécule à molécule,
les parties pierreuses, en s’arrangeant dans
les places restées vides par la retraite des parties
ligneuses, et en se moulant dans les mêmes cavités
, prennent l’empreinte de l ’organisation végétale
, et en copient exactement les traits
Le règne minéral a aussi ses pseudomorphoses.
On trouve quelques substances de ce règne sous
des formes cristallines qui ne sont qu’empruntées,
et il est ussez probable , qu’au moins dans certains
cas , la nouvelle substance s’est substituée
graduellement à celle qui lui a cédé la place,
comme on pense que cela a lieu pour le boi§
pétrifié.
Les différens corps pseudomorphiques impriment.
lçur forme dans la matière qui les enveloppe,
et souvent aussi l’empreinte sert de loge
à une substance organique qui est simplement à
l’état de fossile, ou qui n’a reçu qu’un certain
degré d’altération. C’est ce quia lieu spécialement
à l’égard dqs fougères et autres plantes de la
même famille, dont la forme s’est moulée sur
( 1 ) Voyez le développement de cette explication par
Mongès le jeune, dans le Journal de Physique, 1781, p. 255
• e t suiv. Voyez aussi ce qu’ën dit Daubenton, dans les Leçons
ds. l’école normale, t. I I I , p. 5q5 et suiv.