que tout ce qui existoit, à chaque époque de
l’accroissement , restant fix e , présente de tous
les côtés comme une hase aux matériaux qui
surviennent pour continuer l’édifice. D ’une part,
-c’est constamment le même être, qui passe seulement
à d’autres dimensions ; d’une autre part,
c ’est un être toujours nouveau, en proportion
de ce qu’il acquiert.
On aura une idée de la formation et de l’accroissement
des minéraux , si après avoir fait
fondre un sel dans l’eau , par exemple, le sel
commun, on observe ce qui se passe, tandis
que cette eau s’évapore. On verra de petites
masses de sel se déposer à la surface de l’eau ou
coptre les parois du vase qui la renferme , et
grossir peu à peu,, à mesure qu’elles attireront
à elles de nouvelles particules. Nous faisons ici
abstraction de la figure de ces masSes, et nous
nous bornons à considérer en général la manière
dont elles se forment.
Les molécules des pierres, des métaux, etc.,
ont été de même d’abord suspendues dans un
liquide. Lorsqu’ensuite cë liquide les a abandonnées
successivement, par quelque cause que
ce soit , elles se sont réunies , en obéissant à
leur affinité mutuelle, et ont donné naissance à
des masses solides ( i ).
( i ) L ’action du calorique ou du principe de la chaleur
Ces molécules dont le minéral est l’assemblage,
sont imperceptibles à nos y e u x , même avec le
secours des meilleurs instrumens d’optique. Mais
on ne peut douter qu’elles n’aient des formes
déterminées, et qu’elles ne soient semblables entre
elles dans chaque espèce de minéral. Nous sommes
même conduits à cette idée par des observations
^faites sur un grand nombre de minéraux.
Continuons de prendre pour exemple le sel
dont nous avons déjà parlés Si l’on frappe avec
précaution sur un morceau de ce sel, on le verra
se diviser en fragmens d’une forme cubique j et
en continuant la division, on aura des cubes toujours
plus petits, et. qui finiront par n’être plus
sensibles qu’à l’aide du microscope.
D ’une autre part la chimie, en analysant le sel
dont il s’agit, prouve qu’il est composé de deux
principes différens, dont l’un est un acide que
l ’on a. appelé acide muriatique , et l ’autre un
alkali connu sous le nom de soude. Ces deux,
principes sont combinés entre eux dans le sel, suivant
une certaine proportion et d’après un arrangement
déterminé. Chaque cube que l’on retire
de’ ce sel en est un assemblage ; et leur rapport
remplace celle des liquides, dans la formation de certains
minéraux, lorsque les molécules de ceu x -c i, qu’il tenoit
d’abord’ séparées par son interposition, acquièrent ensuite ,
par sa retraite, la liberté de se réunir, en vertu de leur
affinité réciproque»