Voici un troisième procédé avantageux pour-
ceux qui ont la vue courte. Placez une bougie
allumée à une certaine distance dans une chambre
obscure. Ayant ensuite percé une carte d’un petit
trou d’épingle , appliquez-la sur une des faces de
la pierre, en sorte que le trou corresponde à un
point de cette face; puis ayant approché de l’oeil
la face opposée, cherchez la position propre à
vous faire apercevoir la flamme de la bougie.
Vous aurez les deux images nettes et bien terminées
, parce que l’effet du trou d’épingle est de
faire disparoître l’espèce d’irradiation qui les
offusque, lorsqu’on emploie la pierre seule.
Il seroit difficile de trouver un caractère plus
saillant que celui qui se tire de la double réfract
io n , puisqu’il tient à l’essence même des minéraux
dans lesquels il existe. Mais on ne. peut pas
toujours l ’observer , en prenant ces corps dans
l ’état naturel. Plusieurs ont besoin d’avoir été
préparés à l ’aide de la taille. Ceux qu’on nomme
gemmes , et qui ont passé par la main de l’a r t ,
deviennent par-là même susceptibles d’offrir l’effet
de la réfraction simple ou double, lorsqu’on
sait se garantir de l’illusion que pourrait produire
la multiplicité des facettes, et c’est même
un avantage de pouvoir, à la faveur de cette multiplicité
, faire varier l’angle réfringent, parce
que si quelqu’une des facettes étoit située dans
le sens de la limite, où les deux réfractions se
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réduisent à une seule, d’autres facettes se présenteraient
pour lever l’équivoque. On évitera
ainsi de confondre un morceau de cristal de
Madagascar avec la gemme que les lapidaires
nomment saphir blanc, leur rubis du Brésil avec
le rubis balais, la topaze de Saxe avec ce qu ils
appellent topaze orientale, la première pierre
de chaque couple ayant la double réfraction ,
tandis que la seconde l’a simple ; il est heureux
de pouvoir en pareil cas suppléer à la disparition
des formes cristallines par une observation physique
, et lire en quelque sorte dans l’interieur de
la pierre, lorsque ses dehors ne parlent plus a
l ’oeil.
i 3. Phosphorescence par l’action du feu .
Pour observer ce caractère, on jette sur un charbon
rouge une pincée de la poudre du minerai
que l’on veut éprouver. La phosphorescence dont
nous parlons n’est pas simplement une scintillation,
comme celle que produit la rapure de bois
jetée au milieu de la flamme , mais une lueur
douce et agréable, semblable à celle que' répand
le ver-luisant, excepté par le ton de couleur qui
varie suivant les substances. Cette expérience ne
réussit guères que dans l’obscurité. Il faut aussi
avoir soin de bien broyer le minéral, pour prévenir
l’effet de la décrépitation qui pourrait faire
sauter des fragmens dans les y eux de l ’observateur.