posoit. Je n’ai plus balancé, dès que je me suis vu
appuyé par des savans dont les raisons m’ont paru
décisives, et dont les autorités seules valent des
raisons ; et je me sens d’autant plus intéressé à
déclarer ici les motifs auxquels j’ai cédé, que je
serois fâché qu’on m’accusât de m’être laissé entraîner
par le néologisme. Je mets une grande
différence, à tous égards, entre faire de nouveaux
noms et dire des choses neuves. L ’un est
le résultat d’un travail purement thecnique, qui
ne touche qu’au dictionnaire de la science ; l ’autre
suppose des vues qui tendent à en aggrandir l’édifice.
Une vérité jusqu’alors inconnue est aussitôt
adoptée, parce qu’elle s’insinue dans les esprits
par la voie de la persuasion. Mais la nouveauté
des mots qui frappent l’oreille pour la première
fois répand seule sur eux une sorte de défaveur ;
celui qui les propose semble vouloir agir d’autorité
; on les repousse sans réflexion et sans examen
, ou on les censure, tout en convenant de
l ’utilité d’un changement. Mais les naturalistes
qui, après y avoir bien songé, entreprennent'une
tâche si pénible, si fastidieuse et si peu propre
à les dédommager des soins qu’elle a coûtés, ne
doivent voir ici que la science, ne désirer que
l ’avantage de lui être utile, et ne craindre que le
reproche de n’avoir pas osé faire tout ce que leur
commandoit son intérêt.
A u reste , ceux qui conserveraient encore de
la prédilection pour les dénominations supprimées,
les retrouveront à côté de celles que je leur
ai substituées, et pourront continuer de s’en servir.
Mais j’espère que les commençans, en comparant
les unes avec les autres, me sauront gré
d’offrir à leur mémoire, encore vide pour ainsi
dire, des noms faits pour éclairer leur esprit. J’ai
eu soin de joindre à ces noms leurs étymologies ,
et j’en ai usé de même pour tous les autres, soit
nouveaux, soit anciens, quelle qu’en fût l’origine
, lorsqu’il m’a été possible de la connoître.
DE L A NOMENCLATURE DES CRISTAUX.
Si la langue de la minéralogie a été si longtemps
défectueuse, par le mauvais choix des noms
spécifiques, le défaut presqu’absolu de noms par
rapport aux variétés de cristallisation y laissoit
un vide, qui n’étoit pas un moindre inconvénient.
Il n’y avoit d’exception que pour un petit
nombre de ces variétés, dont les formes étoient
si simples, qu’elles suggéroient comme d’elles—
mêmes les épithètes de cubique, d’octaèdre, de
dodécaèdre, etc. qui dévoient être ajoutées aux
noms des espèces. On indiquoit les formes plus
composées par des définitions dont la longueur
étoit en quelque sorte proportionnelle au nombre
des facettes; ou si l’on cherchoit à abréger
ces définitions , en les empruntant d’un rapport