Il y a mieux ; c’est que plusieurs variétés d’une
meme substance peuvent présenter des formes
du meme genre, qui ne seront distinguées que
parles mesures de leurs angles. Tels sont d’une
part les six rhomboïdes, et de l’autre les deux
dodécaèdres a faces rhombes qui se rencontrent
dans 1 espèce de la chaux carbonatéeé Comment
décrire exactement toutes ces variétés qui ne différent
que du plus au moins, si l’on ne précise
pas les différences ? Et il y a même des cas où
1 usage' du gonyomètre est le seul moyen d’éviter
une erreur qui ne manqueroit pas de se glisser
dans la description. Ainsi le rhomboïde calcaire
dont les angles ne diffèrent que d’environ 2d* .i 8/
de l’angle droit,a été pris d’abord pour un cube,
et auroit continue d’être appelé spath calcaire
cubique, si les mesures géométriques n’avoient
rectifié cette dénomination doublement fautive >
soit en elle-même;, soit relativement à la théorie
qui démontre que l’existence du cube ne s’accorde
ici avec celle d’aucunes lois symétriques de décroissement.
C/ne des principales causes de cet.abandon où
est resté le gonyomètre, vient de l’espèce de
règle à laquelle une partie des minéralogistes se
.sont astreints de se borner aux caractères susceptibles
d’être déterminés par le seul rapport des
sens ; et par là on s’est privé des ressources que
présentent les instrumens qui donnent à nos cfr-
D E M I N É R A L O G I E . 253
ganes un nouveau degre de finesse, et les rendent
capables d’atteindre, dans la détermination des
caractères distinctifs des minéraux, à la précision
qui est à son tour le principal caractère des
sciences. J’ai connu des partisans de l’observation
pure et simple, qui cependant faisoient une exception
en- faveur de la loupe. Or qu’est-ce qu’un
gonyomètre, sinon une espèce de loupe géométrique,
qui nous fait apercevoir ces petites différences
et ces degrés imperceptibles pour nos yeux
abandonnés à eùx-mêmes (i)?
A l’égard des angles plans,nous les avons aussi
quelquefois indiqués (2), surtout ceux des formes
primitives, et ceux qui impriment aux formes
secondaires un caractère de simplicité et de régularité
, comme les angles de god’ , de 6od<, etc.
Nous conclurons de ce qui précède, que chaque
forme cristalline, en ne considérant que ce qu’elle •
a d’invariable, c’est-à-dire le nombre et les inclinaisons
respectives de ses faces, est vraiment caractéristique
, en sorte qu’elle peut servir seule à
(1) Le citoyen Ferrât, habile constructeur d’instrumens
de mathématiques, exécute des gonyomètres en cuivre et
en argent avec toute la perfection que comporte cette espèce
d’instrument.
( 2 ) On peut mesurer ces ¿angles à l’aide d’une carte
taillée convenablement, ou de deux règles très - minces
d’acier , qui tournent l’une sur l’autreyau moyen d’une
charnière.