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que íes voituriers n’osoienfcr passer dessus. On
construit aussi des ponts en bois, soutenus par des
piies en pierre : des solives sont placées alternativement
dans un sens opposé , et lorsqu’elles
sont parvenues à la hauteur requise, on étend
d’une pile à l’autre de longues poutres pour former
le plancher. C ’est de cette manière que le
pont de Nan-hiong-fou ( n.° 78), dans ia province
de Quang-tong, est construit ; il est bordé
de garde-fous , mais tous les ponts n’en ont pas,
ce qui les rend très-dangereux, sur-tout lorsqu’on
y passe la nuit. En traversant un semblable pont ie
12. décembre, pour nous rendre à Kieou-kiang-
fbu, nous pensâmes tomber dans l’eau. Lorsque
quelque accident a rompu une des arches d’un
pont, on place des poutres d’une pile à l’autre, et
l’on rétablit de cette façon la communication. Il y
a aussi des ponts entièrement composés de pierres
plates, attachées les unes aux autres par des crampons
de fer ; ces ponts sont bâtis dans des endroits
où il ne passe pas de charrette , et par conséquent
fatiguent peu.
On voit un grand nombre de ponts sur le grand
canal , et sur les petits bras de rivière adjacens :
il y en a d’une seule arche, d’autres de deux, et
quelques-uns de cinq. Un très-joli, est celui de la
villede Fou-hiang-hien, dans le Tche-kiang (n.° 64)>
près duquel nous passâmes le 28 mars ; il a'trois
SUR LES c h i n o i s ; 1 89
arches, outre deux petites dans les piles; il 11’est
pas construit sur la rivière > mais sur un torrent
qui paroît devoir se gonfler beaucoup dans certaines
saisons. Il est fâcheux1 que le gouvernement
ne donne pàs;âssez d’attention à ces constructions *
et qu’il n’ordonne pas de faire ce qui est nécessaire
pouf les rendre plus solides ; mais à la Chine
tout est routine , et l’on ne change jamais de méthode.
On conçoit, d’après ce que je viens de dire,
que l’architecture Chinoise, différant beaucoup de
celle des Européens, il n’est pas aisé de la décrire;
mais on s’en formera une plus juste idée en jetant
les yeux sur les dessins que j’ai faits de différens
édifices, qu’en lisant une description q u i, pour
être fort longue , n’en seroit peut-être pas plus
intelligible.
J A R D IN S .
L e s Chinois, dans la disposition de leurs jardins;
recherchent une bonne exposition , la salubrité
de l’air, et principaiementi’éloignement des
voisins et des curieux. Chez un peuple où la poiy--
gamie est permise, et par conséquent la condition
des femmes désagréable, le premier soin d’un mari
doit être de leur procurer quelque délassement et
de les soustraire aux yeux des étrangers. L’art des
jardins ? chez les Chinois * consiste à copier la