deux arcs de triomphe en pierre : ces monurriens
sont très-beaux, et ornes de sculptures saillantes ,
mais qui semblent avoir été ajoutées et être faites
de quelque composition ; car dans un endroit ou
les ornemens étoient brisés , je distinguai des fils
de fer contournés suivant le dessin. Notre promenade
se prolongea assez loin dans la ville ; les rues
en sont médiocrement larges, mais dans certains
quartiers elles sont étroites et bordées de masures
auprès desquelles on trouve des champs labourés.
La population paroît considérable ; les femmes
sortoient librement de leurs maisons pour nous
considérer ; elles étoient toutes fardées , même les
petites filles de sept k huit ans. Excepté les boutiques
des apothicaires qui sont belles, les autres
méritent peu d,attention. Nos soldais voulurent
nous mener plus avant pour nous en montrer d’autres,
mais nous retournâmes sur nos pas , dans la
crainte d’être surpris par la nuit. En revenant ,
nous achetâmes chez un parfumeur des sachets ,
ainsi que du blanc et du rouge k l’usage des femmes
: le rouge avoit l’odeur de la rose.
En rentrant dans le bateau , nous apprîmes que
la mère de notre patron avoit ses deux filles k bord,
ex qu’elles étoient restées pendant seize jours dans
une petite chambre au-dessous de la cuisine : position
fort gênante et que cette pauvre femme au-
roit pu leur éviter ; car nous n’aurions pas voulu
DE PEKIN G.’
îa chagriner pour le plaisir de satisfaire notre
curiosité.
[2 5*] fi étoit neuf heures lorsque nous quittâmes
les bateaux. L’ambassadeur , accompagné
des soldats Hoilandois, étoit dans son palanquin *
précédé par un mandarin et par plusieurs soldats
Chinois , dont un tenoit un grand parasol de
soie ; nous le suivîmes également portés dans des
chaises par quatre coulis. Arrivés k la porte de la
ville , nous trouvâmes de la troupe , et l’on tira
trois coups de boîte. Les rues sont pavées, mais
peu larges , et de temps en temps on trouve de
petits ponts et des arcs de triomphe. II y a de très-
belles boutiques , fort vastes et garnies de diverses
marchandises ; celles des parfumeurs sont les plus
ornées. Le peuple , qui n’étoit cependant pas aussi
nombreux que nous aurions _ / dû nous y attendre *
bordoit les rues, gardant un profond silence et
restant tranquille, quoiqu’il n’y eût que fort peu
de soldats placés de distance en distance pour faire
la policé. On n’entendoit du bruit que dans les
carrefours, où les Chinois se pressoient davantage
pour nous voir. Nous ne vîmes qu’un petit nombre
de femmes; les unes restoient devant leurs portes;
les plus riches se tenoient derrière des jalousies,
et d’autres , placées dans des palanquins auprès
des endroits où nous devions passer, nous regar-
doient sans se cacher.
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