
très-orgueilleux et très-bête, prenoit la place
l’ambassadeur, et se faisoit rendre des hommages
qui n’étoient pas pour iui : né dans ce pays, et
fiis d’un marchand , il n’osa pas faire ici l’homme
d’importance , aussi tout se passa dans le plus
grand ordre. II se fait un grand commerce à Hang-
tcheou-fou , et l’on y fabrique beaucoup d’étoffes
de. soie.
[26.] La marée monta vers Igs six heures et
demie du matin, elle venoit avec une grande rapidité
; nos matelots écartèrent les bateaux les uns
des autres pour éviter l’abordage ; une demi-heure
après , ils se placèrent de nouveau près du rivage.
Nous desirions voir encore la ville pour y
acheter quelques raretés ; en conséquence M. Tït-
zing en parla à notre troisième mandarin ; mais
cela souffrant quelques difficultés , nous nous
contentâmes d’aller sur une montagne voisine,
d’où nous découvrîmes une partie du lac Sy-hou
et de la ville de Hang - tcheou-fou. En revenant
nous vîmes un grand nombre de tombeaux , dont
un sur - tout fixa notre attention. Sur une grande
esplanade à laquelle on parvient par deux escaliers
, on trouve une tombe circulaire et sphérique
en dessus, et de chaque côté deux pierres noires ,
qui indiquoient autrefois la qualité du mort, car
actuellement on y découvre à peine un caractère
( n,° 62 ).
Notre
DE PEKING. 8r
Notre promenade fut très-agréable ; tantôt nous
étions sur des hauteurs, et tantôt dans des vallées
profondes où l’on trouve de l’eau excellente. Les
arbres les plus communs sont les pins; les Chinois
en coupent les branches et en font dçs amas
considérables pour les vêndre ensuite.
De retour à nos bateaux, et après nous être
reposés quelque temps, nous allâmes le long du
rivage. On aperçoit de distance en distance des
maisons bâties à l’entrée de plusieurs petits plateaux
où l’on cultive du riz, et l’herbe dont on fait
de l’huile. Nous passâmes sur deux ponts, dont l’un
de cinq arches étoit plat et presque écroulé d’un,
cote : il nous parut étonnant que les Chinois ne
le raccommodassent point, puisqu’il n’y avoit pas
d’autre chemin dans cet endroit, et que nous y
rencontrâmes un grand mandarin avec tout son
cortège. Dans cette promenade , qui fut de près
d’une lieue, nous ne vîmes qu’un petit nombre de
paysans , et quelques femmes qui se mirent aux
portes pour nous regarder ; et quoique nous ne
fussions que deux, personne ne se permit de nous
dire la moindre chose.
[27.] On nous conduisit le matin entre les
gorges des montagnes , dans un jardin planté
d’arbres fruitiers ; ils étoient tous en fleurs, et
formoient un contraste frappant avec la triste verdure
des pins qui couvroient tous les environs.
TOME 11. F