ils les élèvent : iis ont à cet effet des bateaux
garnis de grandes cages placées sur les deux côtés
en forme d’ailes, qui peuvent contenir un millier
ou deux de canards ; ces barques sont ordinairement
le long du rivage et près des champs de riz.
Le matin on ouvre une porte , tous les canards
sortent en foule en descendant sur une planche
qui leur sert de pont, et se répandent dans les
rizières , où ils vivent toute la journée des vers
et des insectes qu’iis y trouvent. A l’approche de
la nuit, ie maître du bateau appelle ses canards,
en frappant sur un bassin de cuivre c’est un
spectacle curieux , et dont j’ai été témoin quelquefois,
de voir tous ces oiseaux accourant pêle-
mêle , et prenant chacun , sans se tromper , la
route de son bateau. Cela cependant paroît moins
surprenant, lorsqu’on songe que le canard est déjà
un peu grand , qu’il est en état de reconnoître
sa demeure , et que de plus il est guidé par le
son d’un bassin de cuivre, qui n’est pas le même
pour tous les bateaux.
Les Chinois vendent beaucoup de ces animaux
vivans ; ils en tuent une partie, les ouvrent en
deux, les salent, et les tiennent écartés avec deux
petits bâtons pour les faire sécher. Dans cet état
la chair a le goût de venaison, et vaut mieux que
lorsqu’elle est fraîche ; car alors elle est gluante et
a. un goût de vase.
Lorsqu’on
Lorsqu’on veut manger des canards qui soient
bons, il faut, après les avoir achetés de ceux qui
font métier de les élever, les garder quelque temps
chez soi et les nourrir avec du grain, pour que les
chairs se raffermissent et perdent le goût de fange
qu’elles avoient contracté.
CÉRÉMONIAL ,
A la Chine, le cérémonial est soumis à. des lois
invariables ; personne n’oseroit y rien changer.
Persuade que l’attention des citoyens à. s’acquitter
entre eux des devoirs de la politesse, entretient la
paix et le bon ordre dans l’Etat, le gouvernement
porte tous ses soins à faire observer ce que chacun,
doit au rang, à la parenté, ou à l’âge. ■
L’empereur, regardé comme le souverain maître,
a le droit d’exiger l’hommage et la soumission
de ceux qui habitent dans l’empire, et tous sont
obligés de Rabaisser devant lui. Ce qui lui appartient
est réputé comme sacré ; et quand 011 lui
parle, on ne se sert pas de termes ordinaires, mais
de mots particuliers et en usage pour lui seul.
De cette extrême soumission envers l’empereur,
dérivé naturellement celle du peuple envers les
mandarins ; car ceux-ci, possédant une portion
d autorité, et représentant le chef suprême, exigent
de leurs inférieurs autant de respect qu’eux-mêmes
sont obligés de lui en porter.
TOME II. , R