
En nous promenant le matin, nous trouvâmes
des champs entièrement remplis de la plante dont
on fait Phuile (n.° 66J. Nous vîmes des pêchers
et un grand nombre de mûriers ; ces derniers sont
disposés par allées, avec des fèves et des grains
semés dans les intervalles. Plus loin, nous trouvâmes
du blé planté par touffes , avec un petit
rayon pratiqué de chaque côté pour la conservation
de l’eau. Cette méthode peut être bonne,
mais le grain est semé à de trop grandes distances.
En continuant d’avancer, nous remarquâmes
dans un endroit un cercueil déposé sur la terre; il
ne répandoit aucune mauvaise odeur ,. saris doute
parce qu’il étoit ancien, car il étoit assez entr’ou-
vert pour laisser voir les ossemens du cadavre.
Cette manière de placer les morts doit avoir de
grands inconvéniens, sur-tout si le cercueil vient à
s’ouvrir lorsque le corps est encore frais.
Au moment de rentrer dans nos barques, nous
aperçûmes dans un bateau une femme bien habillée
en soie, ayant des fleurs dans les cheveux,
et attendant seule le moment de passer le canal ;
elle s’avança doucement pour nous considérer, et
nous parut jeune, ' très-agréable et beaucoup plus
jolie que toutes les Chinoises que nous avions vues
jusqu’alors. Il paroît que les^ femmes sont dans
l’usage de marcher seules dans la campagne , ou
seulement accompagnées d’une domestique ; elles
traversent
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traversent ainsi la rivière en portant avec elles leurs
en fan s.
Nous ne tardâmes pas à parvenir au faubourg
de Hang-tcheou-fou , dans lequel on trouve plusieurs
ponts et des maisons bâties en bois et couvertes
en tuiles. II étoit une heure lorsque nous
nous arrêtâmes le long du quai.
Nous descendîmes bientôt à terre, accompagnés
de quelques soldats pour nous faire faire place,
et nous suivîmes la rue du faubourg qui conduit
à Hang-tcheou-fou; elle est pavée et bordée de
maisons : des soldats étoient plapés de. distance en
distance pour contenir le peuple ; précaution inutile
, car il resta très-tranquille. On passe un pont
et un arc de triomphe avant d’arriver à la porte,
qui est double. Des soldats étoient rangés en ligne
sur l’esplanade , et auprès d’eux il y avoit deux:
pièces de canon montées sur des affûts à trois
roues, dont les deux de l’avant étoient à rais, et
celle de derrière pleine. Ces canons pôuvoient porter
de dix à douze livres de balle ; ils avoient la
bouche renforcée par un bourrelet, et l’un d’eux pa-
roissoit avoir été cassé dans cet endroit par un boulet.
Nous aurions désiré considérer ces pièces de
plus près, ainsi que les grosses carabines Chinoises
qui étoient vis-a-vis, mais cela nous fut impossible*
Nous trouvâmes encore .des soldats et un mandarin
après la seconde porte, et k peu de distance
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