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orl est privé de leurs prières , et íes ames des
défunts passent successivement dans le corps de
différentes bêtes , en expiation des fautes qu’elles
ont commises. Le peuple y croit plus ou moins,
mais il fréquente les pagodes, et donne de l’argent
; les bonzes s’enrichissent, et c’est tout ce
qu’ils demandent.
F Ê T E S .
L e s Chinois ne connoissent point de jour de
repos, ils travaillent sans cesse. L’usage, en Asie,
veut que les hommes s’occupent sans relâche, mais
ils ne le font pas avec la même activité et la même
force que les- Européens. Ce travail continuel de-
mandoit quelque repos ; il a donc fallu, trouver
un moyen de délassement qui attirât l’attention du
peuple , et suspendît ses travaux; c’est dans cette
vue que les fêtes ont été instituées.
Une des principales , chez les Chinois, est celle
de la nouvelle année ; et comme à cette époque ils
dépensent beaucoup d’argent, ils saisissent toutes
les occasions de s’eri procurer, ou se présentent
chez leurs débiteurs, pour recouvrer celui qu’ils
ont prêté.
Toutes les affaires cessent pendant les trois premiers
jours de la nouvelle année ; on passe ce temps
en visites , on se fait des présens, on s’habille de
son mieux; enfin, il n’est personne qui n’achète
au moins des souliers neufs.
Le premier jour de l’an , les Chinois commencent
dès minuit à tirer des pétards : il s’en consomme
ün nombre si prodigieux, que j’ai vu des
rues tellement jonchées dé morceaux de pétards déchirés,
qu’il étoit impossibïé d’apercevoir lé pavé.
Ce jour est employé à visiter les parens, les amis j
et lorsqu’on en rencontre quelques-uns, ou des
personnes de connoissance , on les salue profondément
en les félicitant à plusieurs reprisés. Pendant
ces premiers jours , toutes les portes sont
fèrmees ; on cole à l’entour des papiers rouges,
et l’on en suspend d’autres découpés ou chargés
des nombres i , a , j. Les mariniers mettent également
des papiers rouges à la poupe et à la proue
des bateaux, pour attirer le bonheur. On allume
aussi à cette époque des lanternes ; mais ce n’est
qu au i y. de la lune qu’on célèbre la fameuse féte
des lanternes : elle commence quelquefois le i 3 au
soir, et finit le 16 et même le 17 à la nuit. A cette
époque , plusieurs quartiers forment entre eux une
association pour illuminer certains endroits : ou
suspend une quantité considérable de lanternes
aux portes des maisons et dans le milieu de la rue;
mais, dans ce dernier cas, on tend des bannes
pour les mettre à l’abri de la pluie, car plusieurs
de ces lanternes coûtent fort cher.
Chez les mandarins et les gens riches , ces jours
sont employés en festins; on joue la comédie, ou
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