
On peut avouer, sans hésiter, qu’ils ont réussi
pour ce qui regarde les embarcations employées à
suivre ie cours des rivières ; mais on ne peut en
aire autant ^p our cceelnlee«s mquiil vont en píre m• e mer.
Autant les premières sont bien disposées et remplissent
l'objet auquel elles sont destinées, autant
es secondes sont lourdes et hors d’état de par-
courir l’Océan. _
En considérant un instant les jonques , incapables
de soutenir l’effort des vents et des vagues
on conçoit sans peine, pourquoi les Chinois ne’
voyagent pas à contre-saison, et pourquoi, profitant
toujours des moussons favorables, iis suivent les
cotes de préférence. Or si ces peuples, qui presque
de tout temps conservèrent les mêmes usages , ne
s exposent pas actuellement avec leurs navires en
pleine mer, comment supposer, d’après certains
auteurs, qu'anciennement ils le firent, et parvinrent
même jusque dans le golfe Persique ! En
admettant cette hypothèse, ils durent nécessairement
employer un temps considérable pour achever
un pareil voyage, et éprouver de grandes difficultés
en parcourant une aussi vaste étendue de
mer, Car du moment où ils perdirent les terres de
vue, leur boussole, peu propre à les bien diriger ,
à cause de sa mauvaise construction , dut leur
devenir presquWÜe. En effet, la propriété de
aiguille aimantée étoit bien connue à la Chine
long-temps avant de l’avoir été en Europe ( a) ;
mais on -y a peu perfectionné cette découverte ,
fet la boussole est encore très - imparfaite. Une
preuve d’ailleurs assez évidente que les Chinpis
ne s’ëxposèrerit pas autrefois en pleine mer ,• c’est
qu’ils n’eurent connoissance de l’île de Formose
qu’èn 1430 ft et des îles de Pong -hou qu’en
1564. La première n’est pas très-éloignée de la
C hine, et les autres en sont encore plus rapprochées;
comment donc accorder aux Chinois une
grande habileté en navigation ; et leur faire entreprendre
des 1 voyages lointains à une époque où
ils ne fréquentoient même pas les mers voisines
de leurs côtes, et ignoroierït totalement l’existence
d’îles qui étôient à leur porte ! Quoi qu’il en soit,
sans m’étendre plus longuement sur une assertion
qu’il est aussi difficile de réfuter que de soutenir,
je passerai à là description des diverses embarcations
dont se servent les Chinois, en ne parlant
néanmoins que de celles qui sont le plus en usage,
soit à la mer, soit sur les rivières.
On voit sur la rivière, à Quanton, des sommes
Ou jonques qui portent depuis cent jusqu’à six
cents tonneaux ( n.° 22 ), Ces bâtimens vont au
fa ) On est persuadé en Europe que i’ij}V.enùon de la boussole
est .postérieure au retour de Marc Paul, en 12.95 5 cependant on
l ’en servoit en m 3. Jacques de V iïry, Hist. Orient,