défunt, et mangent ies vivres qui viennent de
lui être offerts. Le repas terminé, les personnes
du deuil se prosternent de nouveau devant le tombeau
, le fils leur répond par des salutations, et
tous gardent un profond silence.
II est difficile de dire si les anciens Chinois se
sont bornés k brûler des habits et des hommes de
papier , et si cette coutume n’est pas la représentation
d’un ancien usage barbare qui a existé
chez beaucoup de peuples de l’antiquité , et qui se
pratiquoit encore , il n’y a pas long-temps, chez
les Tartares Mantchoux, actuellement maîtres de
la Chine. L’empereur Chun-tchy, dont le règne
finit en 1661 , ordonna, k la mort d’une de ses
femmes, que l’on immolât trente personnes aux
mânes de cette princesse , et que son corps fût
déposé dans un cercueil précieux, et brûlé avec
une prodigieuse quantité d’o r, d’argent, de soieries
et de meubles. A la mort de la mère de
Kang-hy [en 17 18 ], quatre jeunes filles voulurent
s’immoler sur la tombe de leur maîtresse ; mais
l’empereur ne voulut pas le permettre, et défendit
de brûler désormais des étoffes, des meubles ou
des esclaves.
Les honneurs que les Chinois rendent aux défunts
, ne se bornent pas aux cérémonies de l’inhumation
; les pareils s’assemblent chaque année, au
printemps , dans une salle où l’on conserve la
tablette
SUi l LES CHINO I S . ^ 0 5
tablette des ancêtres, et Ik ils se prosternent de
nouveau et réitèrent leurs offrandes.
Cette salle s’appelle Tsong-miao : la tablette
des ancêtres a un pied de long sur cinq et six3
pouces de large ; elle se nomme Chin-tchou, ou
demeure de Vesprit, et contient le nom, la qualité
du défunt , l’année , le mois , et le jour de sa
naissance et de sa mort. Outre les offrandes, les
parens préparent un morceau de soie d’environ,
deux aunes de lon g , sur lequel on écrit les mêmes
caractères qui sont sur la tablette, excepté qu’on
11e met pas au caractère Tchou [ demeurer], le point
qui est en haut, et sans lequel il a une autre signification
(n) > c’est k la personne la plus distinguée
k mettre ce point. Les Chinois sont persuadés que,
par cette cérémonie , ils invitent Faine du mort k
venir demeurer parmi eux.
Tous les ans, k la troisième lune [en avril], on
visite les tombeaux, on les répare, et l’on renouvelle
en partie les cérémonies pratiquées k l’enterrement.
Ces usages sont sacrés : un fils n’oseroit y
manquer, quelles que soient les fatigues et les
dépenses qu’ils lui occasionnent, dépenses qui
comme celles des enterremens, sont très-coûteuses.
Les tombeaux varient pour la forme et suivant
(a) Voyei dans la table des empereurs le caractère Tchou, à
l’année 475 après J, C.
TOME II. y