
ce pont, mais il est presque ruiné. A sa sortie le
chemin continue sur une autre chaussée construite
en terres rapportées, pour servir de digue
aux eaux impétueuses du Hoang-ho. La hauteur
perpendiculaire de cette chaussée peut être de
douze à quinze pieds , sa largeur par en-haut est
d’environ vingt-cinq à trente, et de quarante à
quarante-cinq par en-bas : elle va en talus de
chaque coté. Nos voituriers ne suivirent pas toujours
cette digue, mais iis ïa quittèrent quelquefois
pour abréger le chemin, en passant à travers
ia campagne : au moment où nous en descendions
pour nous rendre au village de Tchouen-
ho-tsy , nous vîmes un piquet fort élevé, au haut
duquel il y avoit une cage renfermant la tête d’un
assassin ; cétoit la première exposition de ce genre
que nous eussions encore vue : cela fait honneur
aux Chinois et à ieur police. #
La campagne, dans le voisinage de ia chaussée,
est unie ; ie soi est iéger et le chemin fatigant.
Après avoir traversé quelques pëtits viiiages, et
dépassé une pagode, nous nous arrêtâmes au bourg
de Yen-hoa-tsy.
Nous rencontrâmes dans i’après-midi des Chinois
, portant sur des brouettes deux pièces de
bois, longue chacune de trois pieds, sur quatre
à cinq pouces de diamètre. Ces morceaux de bois
etoient creux, fendus dans ieur longueur, et fermés
avec des crampons de fer ; iis contenoient l’argent
provenant des tributs et de i’impôt sur ie
sel, et néanmoins personne ne paroissoit chargé
du soin de veiller sur ies conducteurs de ces
brouettes. Nous en vîmes d’autres, d’une assez
grande dimension, destinées à conduire les voyageurs
avec Îeurs bagages ; une grande natte de
bambou couvroit toute ia machine, et les mettoit
à l’abri du soleil et de ia pluie. Ces brouettes étant
très-grandes , avoient, outre ie conducteur ordinaire
, un second Chinois et un âne qui ies tiroient
par devant.
J’avois cru jusqu’à cet instant que les Chinois
respectoient l’emplacement destiné aux sépultures ;
mais alors je vis de ia terre labourée auprès des
tombeaux ; d’où ii faut conclure que ie terrain est
précieux dans cette partie du Kiang-nan.;
[6.] Nous étions ie matin sur la chaussée; eiie
suit le Yun-ho , ou canal impérial ; la digue est
pleine et sans ouverture ; on rencontre dessus des
maisons qui en occupent souvent plus de la moitié.
En ïa quittant pour prendre à travers ia campagne,
nous aperçûmes un grand nombre de tombeaux
, dont plusieurs étoient entourés d’eau ,. ce
qui doit , d’après l’opinion Chinoise , nuire à ïa
conservation des corps ; mais il paroît q u e , dans ce
canton , 011 n’est pas aussi scrupuleux qu’ailleurs ;
ce qui provient sans doute , comme nous i’avons