
et de la morale. Un musicien étoit en même temps
physicien, moraliste ,/poète et historien : il étoit
physicien, parce qu’il savoit accorder les tons
relativement aux saisons et à la température de
1 air ; moraliste , «parce qu’il ensèïgnoit la vertu ;
poëte, parce qu’il composoit des vers ; enfin historien
, parce qu’occupé sans cesse à célébrer les
actions des grands hommes , il étoit obligé de
Connoître l’histoire pour y puiser dés faits mémorables
et dignes d’être transmis à la postérité.
Confucius s’exprime ainsi : ce L’homrnè a dans son
35 coeur le germe de la vertu, la musique le vivifie ;
» celle qui est voluptueuse irrite les passions; celle
qui est sage entretient la sagesse. 35
Ce sentiment du prince de la philosophie Chinoise
est conforme à celui des anciens peuples t
tous ont eu leurs poètes , leurs chantres, leurs
musiciens. Les Juifs même, dont les opinions religieuses
s’éioignoient tant de celles des autrestf
pensèrent de la même manière sur l’emploi de la
musique ; et chez eu x , comme chez toutes les
nations, les événemens remarquables furent célébrés
par des cantiques et par des hymnes. Mais
si les Chinois font servir la musique k des usages
semblables, elle est par elle-même très-différente ;
et leurs airs, soit pour fa voix, soit pour les ins-
trumens, n’ont aucun rapport avec ceux des autres
pays : ils déplaisent sur-tout aux Européens { tandis
que les chansons de ces derniers fatiguent les
oreilles Chinoises, et en sont peu goûtées ; tant il
est vrai que, parmi les hommes, les sensations ne
se ressemblent pas , et qu’elles »diffèrent suivant
les habitudes que l’on contracte dès i’enfànce.
Les anciens Chinois n’avoient que cinq tons:
Kong, fa ; Chang, sol ; Kio, la ; Tche , ut ; Y u ,
ré ; ils ajoutèrent ensuite, sous les Tcheou, deux
autres tons, le Pien-tong, mi, et le Pièn-tche , si.
On peut consulter les ouvrages des missionnaires
pour connoître le système musical de ce peuple ;
je ne parle que de ce que j’ai entendu.
Le genre de la musique est le même dans toute
la Chine : les airs sont presque tous de la même
facture (n.° 92) ; et avant d’avoir été k Péking ,
aucun n’avoit attiré mon attention.
Chez l’empereur k Yuen-ming-yuen, nos oreilles
furent frappées de sons plus agréables ; la musique
étoit plus douce, et pouvoit approcher de celle
dont nous nous servons dans nos églises. Cette
sorte de musique , dont l’invention remonte k
l’empereur Chun, s’appelle Chao-yo , et s’emploie
lorsque l’empereur est assis sur son trône pour
régler certaines affaires, ou qu’il reçoit des ambassadeurs.
En général, chaque cérémonie a ses airs
particuliers, et l’empereur ne fait rien sans qu’il
y ait de la musique.
Quant aux concerts qu’on donnoit k nos man