
exprès ; elles sont entièrement ouvertes ; et pour
les disposer à recevoir Ieis èoftiêdiens, il suffit de les
partager en deux avec dies tories, et d’en entourer
la /portion de derrière ; le théâtre èst préparé en
un instant', d’autant plus que dans 'lés comédies
Chinoises on n’emploie pas de décorations , et que
tout se réduit à une table et quelques 'chaises placées
en avant d’une grande toile où sont pratiquées
deux ouvertures pour le paSsagè dés acteurs.
Les Chinois de tous les états, de toutes les
classes, aiment passionnément lès spectacles ; le
peuple et les grands les recherchent également ,
et il se donne peu de repas chez les personnes
riches , où les comédiens ne soient pas appelés. Iis
sorit bien payés et gagnent beaucoup d’argent ;
aussi leurs habits, qui sont taillés d’après le costume
ancien, sont-ils quelquefois très - riches ;
Les cohîédiëns ont un répertoire de pièces qu’ils
savent toutes par coeur , et ils peuvent ies jouer
indifféremment sur-le-champ. Une troupe est composée
de sept ou huit àcteurs, et même moins, car
ie'thème acteur peut, dans une pièce, représenter
deux personnages différeris, parce qu’il s’annonce
eh entrant sur la scène, et prévient le public du
r61è qu’il va remplir.
Les sujets qu’on représente sont tirés de l’histoire
Chinoise , et rendus en langue Mandarine,
quelquefois avec des expressions anciennes, ou
SUR L E S CHI NOI S *
qui sont si peu en usage, que les trois quarts des
spectateurs ne comprennent pas la pièce*
Les acteurs parlent haut et en chantant. Le récitatif,
dans les grandes pièces, varie peu; il s’élève
ou s’abaisse de quelques tons seulement, et
est interrompu de temps en temps par des chansons
et par la musique de l’orchestre. En général
les acteurs chantent toutes les tirades qui expriment
la fureur, la plainte ou la joie.
M. Barrow, en parlant du théâtre Chinois (a),
prétend que les pièces n’ont pas le sens commun,
tandis que le lord Macartney (b) dit, au contraire,
que l’Orphelin peut être considéré comme une
preuve avantageuse de l’art de la tragédie chez les
Chinois. Ces jugemens contradictoires de deux;
personnes instruites , qui ont vu et voyagé en
même temps , doivent surprendre ; mais, sans me
permettre de prononcer, je dirai que les Chinois
n’observent point l’unité de lieu et de temps dans
leurs grandes pièces, qui durent quelquefois plusieurs
jours ; que I acteur est souvent supposé parcourir
dans un instant des distances considérables ;
et qu’un personnage , ainsi que le dit Boileau,
dans son Art.poétique,
Enfant au premier acte, est barbon au dernier.
(à) Barrow, page 220.
(i) Marcartney, tome IIIt page jfp.
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