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moins qu’on ne soit revêtu d’un office, OU qu’on
ne jouisse d’un grade qui en dispense. L’appareil
des magistrats en impose , mais plus encore la
manière sévère dont un Chinois seroit pUni s’il
ne se retirôit pàs k l’approche d’un mandarin , et
s’il n’attendoit pas respectueusement, fa tête droite
et fès bras pendahs, que cet officier soit passé.
Lorsque les missionnaires (a) ont écrit que îes
grands craindroiént de heurter O un vendeur d ailumettes,
ils ont un peu exagéré la politesse des
mandarins. À fa Chiné, ce n’est pas fé sentiment
qui porté au respect, c’est fa forée et* fa érainfé; fé
chemin des devoirs ést marque, quiconque s’eri
écarte, y est promptement ramené par fé barnbou.
Les mandarins ne paroissént jamais dans fés
fieux de ïeur juridiction, sans être accompagnés
d’un cortège considérable , composé dé tous les
gens de leur tribunal ; la marche est ouverte1 par
deux Chinois y armés de deux bamboüx longs* et
plats , servant k donner fa bastonnade ; ils crient
de temps en témps, pour avertir de i’arrivée du- man1-
darin, et spnt suivis par deux autres hoinmès, qui,
pour fe même motif, battent sur un large bassin
de cuivre : après eux viennent un certain* nombre
de bourreaux pourvus de chaînes, de fouets, de
sabres; ensuite ceux qui portent les parasols, les
(a) Missionnaires, tome V III, page 218.
SUR LE S c h i n o i s : 4 5 9
étendards et îes marqués de dignité de l’officier
public ; quelques soldats à cheval précèdent le
palanquin qui est porté par quatre hommes , et
entouré des principaux domestiques ; d’autres soldats
méléS' de personnages tenant k fa main fes
choses nécessaires au service du mandarin , terminent
îe cortège. Si c’est pendant fa nuit que fa
marche a- lieu-, on porte dès fan ternes et l’on en
suspend autour du palanquin. Le cortège d’un
homme en place est quelquefois de plus* de cent
personnes ; mais cette suite si nombreuse et si
pompeuse en apparence, est peu de chose lorsqu’on
l'examine de près. La pompé consiste dans
fe nombre des serviteurs, mais non dans leur belle
tenue. La cour même de Pefeing n’a rien de ma-
gnifique. Excepté lés personnes qui approchent
d’un mandarin , tout fe reste est fort mal habillé ;
souvent les parasols sont déchirés , et fa soie qui
les couvre au fieu d’être rougé, ést presque jaune
de vieillesse ou de saleté. Là discipline et f’ordré
ne sont pas mieux observés ; car k peine le mandarin
est-if sorti de son palanquin, que fés cavaliers
quittent leurs chevaux êt sé mettent k jouer
par terre avec les autres soldats ; les bourreaux,
les estaffiers , fes coupe-têtes* en font autant ÿ
enfin * personne ne garde sa placé. Mais,- si fa
suite d’un mandarin n’est ni bien entretenue, nf
bien habillée , elfe est-néanmoins nombreuse ; et