
derniers, je n ai jamais vu d’hommes plus insolens et
plus intraitables ; iis visitent tout dans ie plus grand
détail * et jettent la moitié des effets par terre : heureux
ceux auxquels iis ne prennent pas quelque
chose ! Le plus sûr moyen est de garder un grand
sang-froid et de leur montrer beaucoup d’indifférence
, alors iis abrègent ia visite ; car si l’étranger
çe fâche , iis ie tracassent encore davantage.
Le gouvernement entretient des postes pour
son usage seulement, et personne, excepté les
courriers de i’empire, ne peut se servir des chevaux
qui y sont attachés.
Ces postes ou relais, appelés en chinois Tchan,
ue sont pas en aussi grand nombre qu’on pourroit
ie croire ; ies pius proches sont placés à ia distance
de quarante iy, et ii y en a fort peu d’aussi
rapproches ; ifs sont ordinairement à. cinquante iy
de distance, et quelquefois même à quatre-vingts.
II est vrai que ies iy sont plus courts dans le nord
que dans ie sud ; mais cela n’empêche pas que ia
distance entre une poste et une autre ne soit très-
considérable ( a). Les courriers chargés des dépêches
de ia cour, ies tiennent enfermées dans un
rouleau couvert de soie jaune et attaché en travers
sur leur dos. Ces courriers vont avec une grande
(a ) H faut en générai sept Iy cinq septièmes pour une lieue de
>’ingt-cinq au degré.
SUR L E S CHINOI S . 2 23
vitesse, principalement dans les occasions qui demandent
de ia célérité ; on en a vu ne mettre que
onze jours pour se rendre de Peking à Quanfon ;
c’est plus de cinquante iieues par jour. Iis reçoivent
dans ces ças extraordinaires un bouton (a ) pour
récompense. Les chevaux des courriers portent des
sonnettes au cou, ou bien ies cavaliers frappent
sur un tambour de cuivre, afin qu’on soit averti
de leur arrivée et qu’on leur prépare à l’instant de
nouvelles montures, pour qu’ils ne perdent pas de
temps. Je me rappelle avoir vu passer un de ces
courriers qui se rendoit à Peking ; il aiioit fort vite ;
ie cheval étant venu k broncher, i’homme et la bête
roulèrent de l’autre coté de la route ; mais ie cavalier
ne tarda pas à remonter et repartit à toute bride.
On entretient en outre dans ies villes des soldats
à cheval, uniquement destinés à porter ies
dépêches des mandarins ; mais ces courriers se
chargent volontiers des lettres des particuiiers,
qu’ils renferment dans des sacs de, cuir attachés à
la selle : rien n’est plus incommode que ces sacs,
et j’en parie avec çonnoissance, pour avoir monté
un jour un cheval de courrier.
Les chevaux appartiennent au gouvernement ;
on leur donne vingt livres de paille hachée et un
boisseau de fèves cuites. Dans ies contrées du
(a ) Vojyei MANDARINS .