43 2 OBSERVAT ION Si
et d’en faire de nouvelles. Maître absolu , si dans
certaines circonstances, la hardiesse de quelques
censeurs s’oppose à sa volonté suprême, l’exil ou
ia mort I a bientôt délivré de cet obstacle. Dispensateur
de tous ies honneurs , il nomme et
casse les mandarins à son gré. Les seuls princes
titrés ne peuvent être dépossédés sans avoir subi
un jugement; mais comme l’empereur nomme les
juges , il a toujours le moyen de disposer de la
vie ou de la liberté de ceux qui ont encouru
sa disgrâce ; c’est ce qui est arrivé sous Yong-
tching (a).
Le pouvoir du chef de l’empire, déjà immense
de sa nature, s’accroît encore par le respect filial
que le gouvernement Chinois entretient avec soin
dans toutes les classes des sujets. Le respect pour
l’empereur va jusqu’à l’adoration ; le peuple le
regarde comme le fils du Ciel ; ses ordres sont
sacrés , et lui désobéir est un crime irrémissible.
Mais, comme les grands, dont l’autorité dérive du
prince, ont droit à une partie de ce même respect
de la part du peuple, l’empereur, pour les
empêcher d’en abuser, les change tous les trois
ans, les oblige de se présenter devant lui chaque
fois qu’ils quittent ou qu’ils vont occuper un emploi
; et, pour avoir un gage de leur bonne conduite,
( a) Année 17*4, Lettres édifiantes, tomes X V I I et X V III.
il
SUR LE S CHINO I S .
il fait élever leurs enfans dans le collège impérial
de Pekitlg. Ce moyen facile de s’opposer
à tout agrandissement des mandarins , et de les
tenir dans ia dépendance, est encore fortifié par
un antique usage qui les force de faire eux-mêmes
la confession de leurs propres fautes; et comme
il est naturel à l’homme de déguiser, ou du moins
de pallier le mal qu’il a pu commettre, l’empereur,
pour connoître la vérité, expédie secrètement dans
les provinces des inspecteurs qu’il charge d’examiner
la manière dont les peuples sont gouvernés*
Sur l’avis de ces inspecteurs, il punit ou récompense
; et afin que les exemples servent de frein
ou d’encouragement, il fait insérer dans la gazette
de la cour, les noms de tous les mandarins cassés
ou élevés, blâmés ou approuvés.
Ce système de n’accorder, des places qu’à ceux
qui se comportent bien, cette surveillance continuelle
exercée sur les dépositaires de l’autorité ,
produiroient un excellent effet si l’empereur pou-
voit tout voir par lui-même ; mais cela est impossible
, car vouloir gouverner un peuple comme
on gouverneroit sa propre famille, . ainsi que le
recommande. Confucius, est une de ces belles
maximes qui font honneur au philosophe , et qui
ne peuvent être strictement mises en pratique. Ces
commissaires impériaux si redoutables, puisqu’ils
représentent l’emperçur, et en ont toute l’autorité;
TOME 11. E e