
Dans ies opéra Chinois, ïes génies apparoissent
sur la scène ; les oiseaux, ies animaux y parlent et
s’y promènent. A notre retour de Peking, les mandarins
nous firent la galanterie de faire représenter
devant nous ia Tour de Sy-hou, pièce ainsi intitulée
du nom de cette même tour qui existe sur
les bords d’un lac près de ia ville de Hang-tcheou-
fou , dans la province de Tchekiang.
Des génies montés sur des serpens et se promenant
auprès du lac , ouvrirent la scène -, un
bonze du voisinage devint ensuite amoureux d’une
des déesses, iui fit ia cour, et celle-ci, malgré les
représentations de sa soeur, écouta le jeune homme,
l’épousa, devint grosse et accoucha sur le théâtre
d’un enfant qui, bientôt , se trouva en état de
marcher. Furieux de cette conduite scandaleuse ,
les génies chassèrent le bonze, et finirent par foudroyer
la tour et la mettre dans l’état délabré ou
elle est maintenant.
A ces scènes bizarres, si l’on ajoute qu’un acteur
est à côté d’un autre acteur sans le voir; que, pour'
indiquer qu’on entre dans un appartement, il suffit
de faire le simulacre d’ouvrir une porte et de lever
le pied pour en franchir le seuil, quoique cependant
il n’y en ait pas le moindre vestige ; enfin ,
qu’un homme qui tient une houssine h la main est
censé être k cheval, on aura une idée de l’art dramatique
chez les Chinois, et du jeu des acteurs.
s u r l e s c h i n o i s ; 325
Les Chinois jouent mieux dans les petites pièces ?
ils ne chantent pas , mais ils prennent le ton de la
conversation ordinaire. L’histoire des maris trompés
par leurs maîtresses, faisant assez souvent le
sujet de ces comédies, il s’y rencontre quelquefois
des situations tellement libres , et où l’acteur met
tant de vérité, que la scène en devient extrêmement
indécente. L’auditoire est alors .enchanté et
manifeste son contentement : ainsi l’on peut juger *
d’après ces comédies , du caractère vicieux des
Chinois, et, d’après les grandes pièces, de leur
goût singulier et extraordinaire.
Quoique les Chinois aiment passionnément Ies:
spectacles, et qu’ils passeraient volontiers les jours;
et les nuits k les voir, l’état de comédien est méprisé.
Les directeurs ont de la peine k compléter'
leurs troupes, et sont forcés , pour ne pas manquer
de; sujets , d’acheter, comme on l’a dit plus
haut, ou d’élever de petits enfkns.
Les femmes ne montent pas sur la scène k la
Chine ; elles sont remplacées par des jeunes gens
qui jouent si bien leurs rôles, qu’kmoins d’en être
prévenu , on les prendrait pour de jeunes filles.
M É D E C I N E ; M A L A D I E S -
T o u t le monde peut exercer la médecine dans
l’empire. Il n’y a point d’école publique où cet art
soit enseigné ; celui qui veut f étudier, se met sous