biche. Tout ce manège dura deux heures, et ati-
roit continue plus long-temps si l’ambassadeur ne
se fût levé pour aller dans une salie voisine. Il
demanda alors à. voir les édifices de Sou - tcheou-
fou ; mais les mandarins firent beaucoup d’objections
, en disant qu’il n’y avoit rien de curieux ;
enfin , sur nos instances , ils nous conduisirent
dans une pagode que l’empereur avoit honorée
de sa présence , et qui est en grande réputation
à la Chine. Cette pagode, en partie bâtie sur une
hauteur , est extrêmement délabrée, et nous aurions
perdu notre temps en venant la visiter, si
de là nous n’avions découvert toute l’enceinte de
la ville qui est vaste , et qui renferme de grands
terrains cultivés, avec des champs et des habitations
isolées. La partie de la ville qui contient le
plus de maisons, offre deux tours et quelques édifices
qui nous parurent beaucoup meilleurs que
celui où nous étions. M. Titzing voyant que les
mandarins ne se montroient pas disposés à nous
mener ailleurs, se détermina à retourner dans nos
bateaux. Les soldats rangés en ligne chez le mandarin
et à la porte de la ville y tirèrent trois coups
de boîte, et firent de la musique lorsque nous passâmes.
Les Chinois offrirent des présens consistant
en soieries, en thé et en provisions.
De retour dans nos barques, nous voulions nous
aller promener dans la ville; mais nos mandarins.
nous ayant annoncé que nous ne tarderions pas à
partir, nous n’osâmes pas nous écarter. Nos domestiques
Chinois en parcourant Sou - tcheou - fou ,
virent de belles boutiques, et nous dirent que les
femmes étoient très-jolies, mais nous ne pûmes en
juger par le petit nombre que nous aperçûmes : on
en fait commerce , et elles se vendent fort cher.
[22.] Nous avions le lac Tay-hou a notre droite.
La campagne est unie et coupée par des ruisseaux;
les maisons sont construites en terre, et couvertes
en briques. On continue de voir des tombeaux de
formes différentes , et une grande quantité de cercueils
placés dans les champs (n.ot 36 et 77 /• L es
Chinois prétendent que l’humidité du terrain les
détrûiroit bientôf, c’est pourquoi ils les déposent
sur le so l, ayant le soin de les huiler en dedans et
en dehors, et de mettre beaucoup de chaux avec le
cadavre. Lorsque les corps ¡sont détruits, et qu’il
11’en reste plus que ies os , ils les brûlent, et renferment
les cendres dans des vases ou jarres qu’ils
mettent dans la terre. Les habitans de ce canton
sont aussi peu scrupuleux que ceux des autres
parties de la province ;: ils sèment et récoltent des
grains sur les tombeaux. Nous trouvâmes en nous
promenant, des champs remplis de mûriers ; ces an»
bres sont petits , plantés en allées et taillés courts 5
on cultive aussi du blé etvme plante dont ia graine
sert à faire de l’huile,