cle remarquable que deux ponts placés l’un à Peu-1
trée et l’autre à la sortie du bourg. Ce lieu est
considérable ; les maisons sont pour la plupart en
bois.
La campagne, après le bourg, est belle et bien
cultivée ; on aperçoit encore > de temps en temps,
quelques cercueils posés dans les champs , et plusieurs
tombeaux, dont quelques-uns sont remarquables
par leur construction ( n.° y 6J. Le bas
du tombeau est formé d’un large piédestal à six
côtés, sur lequel s’élève une colonne hexagone,
d’environ douze k quinze pieds de hauteur sur près
de trois pieds de diamètre ; elle est surmontée
d’une pierre k six angles relevés , et dont le milieu
se termine en pointe.
On ne voit plus autant de pagodes, mais 011
trouve des arcs de triomphe. Nous passâmes devant
trois de ces monumens , dont deux étoient
élevés en l’honneur de femmes restées veuves , et
le troisième k la mémoire d’un homme qui s’étoit
distingué par ses services.
Avant d’arriver k la ville de Che-men-hien , on
traverse un faubourg, qui a un pont k son entrée
et un semblable k sa sortie, avec d’autres plus
petits dans l’intérieur. Le canal suit les murs de la
ville, qui sont en pierre, avec des bastions , mais
tombés en partie. On raconte que lorsqu’on vou-
loit bâtir autrefois les murs de Che-men-hien , ils
secrouioient d’eux-mêmes k mesure qu’on les éle-
voit. Un astrologue consulté sur cet événement,
proposa pour expédient de jeter de distance en
distance des pains d’or pour servir de fondemens;
on fit Ce qu’il vouloit, et dès-lors les murs ne tombèrent
plus : tels sont les contes des Chinois; mais,
trop rusés maintenant, ils ne recommenceroient
pas la même opération.
Nous nous arrêtâmes en dehors de la ville ; les
maisons et les habitans 11’annoncent plus la même
aisance , et l’on ne voit pas autant de monde.
Les femmes emploient toutes du fard pour se
peindre le visage ; elles paroissent jolies de loin ;
mais considérées de près elles le sont moins. On
ne sauroit s’imaginer le contraste de la couleur
de la peau de la figure avec celle des mains ; elles
les tiennent toujours un peu pliées en avant, ou
presque cachées par les manches de leurs robes.
En général, les femmes n’ont pas la bouche bien ;
les dents supérieures sont larges, et sur-tout jaunes :
cette couleur désagréable provient, comme on l’a
déjk dit, du tabac qu’elles sont dans l’habitude de
fumer.
[ 24. ] Le terrain est plat le long du canal,
avec des collines et des montagnes dans l’éloigne-
ment ; la campagne est belle , bien cultivée et
coupée par des ruisseaux ; les habitations sont
éparses.