femmes ont des appartemens à part ; leurs enfans
sont légitimes, mais dans la succession au trône,
les fils de l’impératrice sont préférés.
Les concubines de l’empereur sont divisées en
plusieurs classes; il y en a trois appelées Fou-gin;
elles ont le titre de reines , et sont des filles de
rois , ou de princes Mantchoux.
Après celles-là on en compte neuf, portant le
titre de Pin ; trente-sept, celui de Chy-fou ; et quatre-
vingt-une, celui de Yu-tsy. Avant que les Tartares
se fussent empares de l’empire, certains empereurs
Chinois ont eu jusqu’à dix mille femmes.
Chez les particuliers les concubines sont reçues
Sans formalités ; elles sont sous la dépendance de
f épouse légitime, la servent et la respectent comme
la maîtresse de la maison. Les enfkns des concubines
sont censés appartenir à la femme légitime ;
ils ia considèrent comme leur propre mère, et si
elle vient à mourir, ils én portent le deuil.
Les concubines vivent ordinairement dans la
maison du maître ; mais lorsqu’elles sont jeunes, il
les loge dans des maisons séparées, pour éviter les
querelles qui ne manqueroientpas de s’élever entre
elles, et qui lui seroient plus à charge que la dépense
que lui occasionne ce déplacement.
Si les Chinois se bornoient à ces femmes dû
second ordre, ils. ne seroient point blâmables,
puisque l’usage les autorise ; mais ils ont en outre
SUR LES C H IN O IS . 285
des jeunes gens de dix à douze ans et au delà, et
l’on voit peu de gens aisés , ou de mandarins , qui
n’en aient à leur suite. On ne peut se tromper
sur l’usage qu’ils en font; les Chinois s’en vantent
hautement, et parlent de ce goût horrible, comme
d’une chose ordinaire et adoptée généralement
chez eux. Ces jeunes gens portent habituellement
une seule boucle d’oreille.
E X P O S I T I O N DE S ENF ANS .
E x c e p t é le droit de vie et de mort, ou celui
de commander une action contraire aux lois, un
père, à la Chine, jouit du pouvoir le plus absolu
sur ses enfans ; mais il n’en faut pas conclure que
les expositions soient aussi multipliées que plusieurs
écrivains ont voulu le faire croire. Si lès
guerres et les troubles ont produit anciennement
l’exposition et même l’infanticide, ces causes n’existent
plus. La superstition et la misère peuvent
seuls, mais, rarement, porter maintenant un père
à se séparer de ce qu’il a de plus cher. Les préjugés
établis s’y opposent ; car , puisqu’un Chinois
se croit déshonoré quand il ne se marie point, et
ne laisse pas des fils pour lui succéder et pour
veiller à ses funérailles, comment peut-on croire
que, foulant aux pieds , non- seulement les lois
de la nature, mais plus encore l’opinion publique,
ce moteur si puissant des actions humaines , il