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que la langue Chinoise s’étoit enrichie de vingt-six
mille quatre cent trente mots. Dans la suite , les
Tao-tse ne voulurent pas céder aux prêtres de Fo
dans ce genre d’innovation ; de sorte que i’an
1000 de J. C ., Se-ma-kouang offrit à Gin-tsong
un dictionnaire composé de cinquante-trois mille
cent soixante-cinq caractères , dont vingt-un mille
huit cent quarante-six sont doubles pour ïe sens
et la signification. Ainsi, il est évident.qu’iï n’existe
pas quatre-vingt mille caractères, et que i’on peut
en retrancher près de la moitié, dont encore il suffit
de savoir dix milie pour bien comprendre tous les
livres.
II ne faut pas cependant s’imaginer que ces dix
ou trente mille caractères soient rendus chacun
par un son particulier ; les sons, au contraire ,
sont en petit nombre. Le père du Halde en compte
trois cent trente , M. Barrow trois cent quarante-
deux , et plusieurs savans missionnaires trois cent
soixante-quatre. Si ces auteurs diffèrent entre eux,
cela provient seulement de la différence de prononciation.
Mais quel que soit le nombre exact
des sons, il est évident qu’étant très-borné , il a
fallu trouver un moyen de les multiplier ; c’est
pour cette raison que les Chinois ont inventé cinq
tons simples et cinq tons gutturaux, à l’aide des7
quels un caractère peut se prononcer de plusieurs
manières différentes.
SUR LES CHINO I S . 3 8 ^
On distingue deux seuls tons principaux, Ping
et Tse ; le premier est égal, c’est-k-dire sans élévation
ni abaissement ; le second s’élève, s’abaisse ou
se raccourcit.
Le premier ton , Ping , se subdivise en deux :
Ping-ching [uni, égal et clair]; Hia-ping [uni,
bas et obscur] .
Le second ton , Tse , se partage en trois :
Chang [ élevéy, la voix est haute d’abord et finit en
baissant; Khuu [ traînant], la voix est basse darts
le principe , et monte en finissant ; Je / pressé ou
rentrant] ; ce ton est le même que le précédent,
excepté que la voix est brève et rentrante ; mais
l’addition de ces tons, soit bas, soit élevés, n’ayant
donné que mille quatre cent quarante - cinq, et
suivant quelques auteurs, mille cinq cent vingt-
cinq manières différentes de prononcer, elles n’ont
pu suffire k la prononciation de tous les caractères
; aussi en existe-t-il un grand nombre dont
le son est semblable. Cette difficulté ,• cependant,
qui paroît considérable au premier moment, dis-
paroît, lorsqu’on réfléchit que dans l’écriture les
caractères ne sont pas les mêmes, et que dans
le discours le sens de la phrase en indique la
signification.
Les Dictionnaires Chinois sont rangés ou par
tons ou par clefs. Les dictionnaires par clefs portent
en tête les deux cent quatorze clefs rangées
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