4 l 8 OBSERVATIONS
II y avoit trois cents ans que les Arabes avoierît
la direction du calendrier, lorsque le père Adam
Schaal en fut chargé ; mais ce missionnaire ayant
été mis en prison en i6<$4-> de nouvelles erreurs
remplirent tellement le calendrier, que ie père
Verbiest, auquel la cour ordonna de ie corriger, en
\66q , se vit forcé d’en retrancher un mois entier.
Depuis cette époque, les missionnaires ont la direction
du calendrier ; mais actuellement même
ces pères ne s’occupent que de la partie astronomique
des trois almanachs qui se publient tous les
ans ; ies Chinois continuent de rédiger ia partie
astrologique.
Le calendrier ordinaire divise l’année par mois
iunaires; il contient une table du lever du soleil ,
calculée pour chaque jour, suivant ies latitudes
des principaux lieux ; il indique les nouvelles et
pleines lunes, et ie nom du cycle de 60 qui répond
à chaque jour. Le second calendrier fait con-
noître le mouvement des planètes ; c’est ce qui
sert aux Chinois à former des conjectures sur
l’avenir. Le troisième calendrier , réservé pour
l’empereur, indique les conjonctions des planètes
avec la lune , et la situation de cet astre par rapport
aux étoiles.
La publication du calendrier est une affaire
d’état. L’empereur en distribue des exemplaires aux
grands, aux mandarins et aux peuples tributaires.
SUR LES CHINOIS.'
ïï s’en vend aussi un très-grand nombre, parce que
chaque individu cherche à se procurer un livre
qui le guide dans les opérations futures de la vie,
Depuis le chef de l’empire jusqu’au dernier des
sujets , tous sont occupés de pensées chimériques,
tous croient aux malheurs prédits par les
astres. Cette superstition, qui entretient chez les
hommes l’opinion funeste qu’un événement annoncé
est inévitable, doit avoir de terribles conséquences
dans les temps de trouble ; et il est
étonnant que les empereurs n’aient pas cherché à
détruire dans l’esprit de la multitude cette fatale
croyance, qu’une planète éclipsée ou moins lumineuse
menace leur trône et leur tête ; mais, comme
je l’ai déjà remarqué, l’empereur est aussi crédule
que le peuple.
D’après cette manière de penser, on peut croire
que cette nation produira peu d’habiles astronomes
, et ce que je vais rapporter le confirme.
Des nuages ayant un jour empêché d’observer une
éclipse , les missionnaires se plaignirent de ce
contre-temps, tandis que les Chinois, enchantés
de n’avoir rien v u , allèrent en rendre compte à
l ’Empereur, et le félicitèrent de ce que le ciel,
touché de ses vertus , lui avoit épargné le chagrin
de voir le soleil éclipsé (a ).
{* ) Lettres édifiantes, tome X X II, page ip2,
D d a