
la rive méridionale, une tour auprès d’une pagode.
Après être restés ici quelque temps à considérer
ce beau point de v u e , nous redescendîmes dans
le faubourg , dont les rues sont saies et étroites.
Le flot étant revenu , nos bateaux commencèrent
à marcher, et nous entrâmes dans un canal
étroit, sur lequel on trouve, de distance en distance
, des ponts dont ies côtés sont en pierre,
mais dont ie dessus est formé de grosses planches,
qu’on retire pour donner un libre passage aux
mâts des bateaux. Nous aperçûmes dans ie bourg
une assez grande quantité de femmes : elles
ont toutes ie visage couvert de fard; ainsi il est
difficile déjuger de leur teint, car la blancheur
de leur figure étoit souvent très-différente de la
couleur de leurs mains , q u i, généralement, pa-
roissoient assez brunes. La plupart de ces femmes
avoient les dents jaunes, ce qui provient du tabac
qu elles fument ,: habitude qu’elles contractent de
bonne heure. Elles étoient coiffées en cheveux:
avec des fleurs , et paroissoient très-gaies : cons-.
tamment debout a la porte de leurs maisons,
elles n’y. rentrèrent qu’à l’approche des mandarins,
et reparurent dès le moment qu’ils furent
éloignés.
En arrivant auprès des murailles de la ville, nos
oreilles furent frappées d’un son extraordinaire,
produit par des soldats places dans les créneaux,
et qui soufHoient dans de grosses coquilles pour
fêter notre arrivée. Cette musique ressembloit
assez à celle de nos pâtres en France , ; lorsqu’à
la nuit iis se retirent avec leurs troupeaux. Nous
passâmes ensuite sous un pont d’une seule arche,
dont le diamètre pouvoit être de trente à trente-
cinq pieds , et la largeur de quinze à vingt
( n.° 14, ). La circonférence est formée de treize
pierres; il y en a neuf grandes, mais elles ne
sont pas également longues ; celles d’en bas ont
de dix à douze pieds ;r la longueur des autres
diminue k mesure qu’elles approchent du cintre.
Entre les deux premiers rangs il y a quatre pierres
de deux pieds d’épaisseur , sur une longueur plus
considérable : ces quatre petites pierres sont posées
dans la largeur du pont. Toutes ces pierres sont
taillées en portion de cercle, et quelques-unes ont
des entailles, qui entrent dans la pierre voisine.
Elles sont posées debout et k plat contre le pont;
leur largeur est d’un pied et demi k deux pieds ,
et il y en a plusieurs dans l’épaisseur du pont. Les
deux côtés de l’arche ne tombent pas perpendiculairement,
mais sortent un peu et forment le fer
k cheval ; une des pierres d’en bas çommençoit
k se détacher. En dehors de la circonférence de
l’arche il y a un second rang de pierres , mais il
n’est placé que pour la décoration. On monte sur
ces ponts par des rampes construites des deux ’